B. LA RÉALITÉ REJOINT LA FICTION

La corrélation entre violence télévisuelle et violence sociale est-elle suffisamment établie alors que d'autres facteurs entrent en jeu : l'urbanisation, le chômage et la drogue, ainsi que la destruction de la cellule familiale ?

• Toujours plus
L'invasion de la violence à la télévision est évidente. Des indices quantitatifs ont été publiés sur cette question. Mais si le phénomène est, quant à lui, angoissant, il faut être conscient des limites de tels indicateurs. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel reconnaît que la notion de violence est très floue et que sa perception est variable selon la sensibilité de chacun. Il reconnaît également que la violence ainsi quantifiée correspond à des actes physiques car la violence psychologique est difficile à mesurer. En outre, il n'est pas tenu compte du contexte ou du message véhiculé par l'acte de violence. Bref, on met sur le même plan l'homicide, le viol ou un cataclysme naturel.

La question essentielle, celle du sens, est purement et simplement évacuée dans une approche quantitative : le film tend-il à légitimer, à banaliser la violence, à la condamner ou à l'exalter, tout cela n'est pas pris en compte par les indicateurs quantitatifs. On mélange allègrement la violence comique, voire burlesque, comme celle de Monty Pyton ou des Visiteurs avec celle des films d'action. Au nom de l'objectivité, on se livre à une comptabilité inutile de cadavres et de coups de feu dont l'utilité est douteuse et la signification incertaine.

1. Le risque de passage à l'acte

L'interprétation la plus optimiste élaborée dans les années 70, issue d'ailleurs d'Aristote, est celle de la libération émotionnelle. Or, la catharsis permise par le spectacle de la violence à la télévision n'a pas été confirmée dans les faits.

Au contraire, une série d'études incrimine directement la télévision dans le développement de certaines attitudes que ce soit celle de " victimisation " évoquée plus haut ou de " mimétisme ", car les images créent un bain culturel auquel il est difficile de résister.

D'autres études démontrent que la violence des images peut accompagner et accentuer des pathologies collectives et individuelles surtout dans les milieux où, l'exclusion aidant, la télévision est surconsommée et constitue une référence quasi unique. Mais, pour les tenants de la liberté d'expression et de création, la violence à la télévision ne ferait que refléter celle de la réalité. La limiter ou même l'interdire serait liberticide.

Le risque, c'est d'encourager des comportements irresponsables où un certain nombre de personnalités fragiles se verront encouragées par des flots d'images et de comportements violents montrés en exemple.

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