Audition de Paul-Louis GIRARDOT, Jean-Pascal TRANIE,
Stéphane
TREPPOZ et Marie-Thérèse SUART-FIORAVANTE
Compagnie Générale des eaux
Résumé : L'avènement d'Internet représente une formidable mutation pour notre société car elle abolit toute notion de distance, de frontière et bientôt de langage avec l'arrivée des logiciels de traduction automatique. Aucun pays n'est désormais artificiellement fermé aux autres ce qui représente à la fois une formidable opportunité à l'exportation mais accroît la situation concurrentielle sur les marchés intérieurs ; après avoir été longtemps en avance sur le reste du monde grâce au Minitel, la France est désormais très en retard sur les autres pays de l'OCDE en ce qui concerne le successeur international d'une télématique qui n'était qu'hexagonale : Internet. Afin de reprendre l'initiative dans ce domaine, plusieurs mesures pourraient être prises.
Les propositions de la Compagnie Générale des
Eaux
afin que la France rattrape son retard dans l'utilisation
d'Internet :
Former le grand public à surfer sur Internet :
Surfer doit devenir aussi naturel que de consulter un renseignement sur le
Minitel ; il faut commencer dès le plus jeune âge à
l'école, ce qui implique une formation des enseignants ainsi qu'un
équipement des écoles en PC multimedia. Pourquoi ne pas imposer
comme dans certaines écoles des Etats-Unis que certains devoirs (deux
par an par exemple) soient remis
via
courrier électronique. Si un
enfant n'a pas de micro-ordinateur chez lui, il peut le faire depuis sa salle
de classe.
L'ANPE et les entreprises devraient faire suivre à leurs
" clients " respectifs des formations obligatoires à
Internet.
L'enjeu est de mettre chaque français devant un clavier pendant au moins
deux heures. La richesse d'Internet fera alors le reste.
Mettre des terminaux d'accès à Internet à disposition dans
tous les lieux publics :
Les écoles, les mairies et leurs déclinaisons associatives,
l'ANPE et bien entendu les entreprises doivent mettre à disposition des
terminaux permettant de se connecter une première fois à Internet.
Faire baisser le coût du terminal d'accès à Internet :
S'il y a abondance de récepteurs possibles (micro-ordinateurs, network
computers, consoles de jeux, poste de télévision, Web TV...), le
PC reste le terminal privilégié en raison de ses capacités
de stockage et de ses capacités multimedia. Le taux de
pénétration des micro-ordinateurs dans les foyers français
est faible (16 %) par rapport aux chiffres européens et
américains et le nombre de PC " communicants " ne
dépasse guère un million d'unités pour 21 millions de
foyers.
Ceci est probablement dû au prix élevé de ces
matériels qui avoisine les 10.000 F ce qui n'en fait pas un produit
grand public. Il est donc impératif de faire baisser le prix de ces
équipements en envisageant une baisse de la TVA (ne serait-ce
qu'à titre temporaire le temps que la France rattrape son retard) ou
indirectement en proposant un crédit d'impôt aux ménages,
qui pourrait être proportionnel aux revenus.
Faire de la fourniture d'accès à Internet un produit de
première nécessité :
L'abonnement à un fournisseur d'accès à Internet devrait
être taxé d'une TVA au taux réduit ou bien devrait
être indirectement subventionné
via
un crédit
d'impôt. On parle ici d'un budget d'environ 100 F par mois par foyer hors
communications téléphoniques, ce qui n'est pas neutre pour un
ménage modeste qui devra nécessairement faire des arbitrages dans
son budget global.
Développer Internet par le câble et abaisser le coût des
communications téléphoniques :
Les réseaux câblés représentent l'infrastructure
idéale pour se connecter à Internet car ils permettent des
vitesses de transmission des données incomparables, n'occupent pas les
lignes téléphoniques et permettent de s'affranchir des
coûts du téléphone car on peut proposer aux foyers un
forfait mensuel " tout compris ". Une telle offre ne sera
néanmoins possible que si l'opérateur technique des
réseaux du Plan Câble, à savoir France Telecom, souhaite
collaborer et propose des coûts d'interconnexion réalistes, ce qui
n'est pas le cas à ce jour.
Concernant l'accès à Internet via le réseau
téléphonique commuté, il faut arriver à un
" forfait Internet " car le budget moyen mensuel d'un
Internaute
français est aujourd'hui beaucoup trop élevé (300 F
par mois contre 100 F aux USA) pour espérer une extension du
marché au-delà des foyers aisés.
Soutenir la création de contenus de qualité en
français :
L'écrasante majorité des contenus aujourd'hui disponibles sur
Internet sont en langue française ce qui n'est guère
étonnant puisque 80 % des " surfeurs " sont
nord-américains. L'histoire du câble en France prouve que seule la
présence de contenus de qualité en français est
susceptible de déclencher l'acte d'achat. Il faut donc
impérativement que les éditeurs de contenus ouvrent des sites sur
Internet pour ne pas laisser Microsoft ou NBC venir prendre leur place.
Si la réticence actuelle de la communauté éditoriale qui
vit de sa " rente télématique " peut être
comprise tant que les systèmes de paiement sécurisés ne
sont pas totalement au point sur Internet, ce problème n'en sera plus un
d'ici quelques mois et le temps perdu pour aller sur Internet sera peut
être exploité par de nouveaux entrants étrangers qui
n'auront pas eu la même attitude frileuse.
La presse, en particulier, doit réussir sa révolution
électronique, ce que sa situation financière précaire ne
facilite pas.