Audition d'Antoine BEAUSSANT et de M. ROS de LOCHOUNOFF
GESTE
Résumé : Le GESTE a cette double dimension typiquement française d'être historiquement très " Minitel " et en même temps délibérément tourné vers les développements Internet et services en ligne ; notre préoccupation particulière est la question des contenus et de l'édition ; il y a deux conditions au développement de l'utilisation des NTIC : l'existence d'un parc de terminaux qui permette de se connecter, et l'existence de contenus intéressants ; le paradoxe étant que sur Internet il n'y a pas de système économique pour financer l'édition et les contenus ; les grands secteurs d'offres qui peuvent intéresser le grand public sont, au-delà du mail, application n°1, la bourse, le sport, le turf ; les jeux et loisirs devraient se développer. Concernant le champ de la culture, historiquement l'un des promoteurs de l'Internet aux USA, il est frappant de constater le retard français : on ne trouve aucune thèse universitaire sur Internet par exemple ; de même, un étudiant étranger ne peut accéder aux Universités françaises depuis son pays, contrairement au système américain ; il faut donc impulser une sorte d'obligation pour le rayonnement de notre culture, et la promouvoir sur Internet. Il faut mettre en ligne gratuitement le contenu de la BNF.
1. Le GESTE
a aujourd'hui 80 adhérents. Sa
particularité est de s'intéresser aux
contenus
.
C'est le
groupement des éditeurs de services en ligne
: le
Monde, l'AFP, Libération, TF 1, sont des adhérents
historiques ; Microsoft, Compuserve, America On Line nous ont rejoints et
sont membres actifs. Le GESTE a aujourd'hui cette double dimension typiquement
française d'être historiquement très
"
Minitel
" et en même temps
délibérément tourné vers les développements
Internet et services en ligne. Notre préoccupation particulière
est donc la question des contenus et de l'édition ; si on
réfléchit aux conditions qui peuvent permettre le
développement des NTIC, en particulier de l'Internet, dans un pays comme
le notre, il y a en a deux principales à mon sens :
Premièrement, l'existence d'un parc de terminaux qui permette de se
connecter. Nous avons deux grands parcs existants : le
téléphone, autour duquel tous les développements
extraordinaires, et le parc Minitel qui représente à peu
près 7 millions de terminaux ; puis, le parc de micro ordinateurs
qui reste peu développé dans les foyers : estimé
à 1 million, on pense atteindre 3 millions de foyers en l'an 2000. Il va
falloir organiser toute l'assistance des foyers équipés qui vont
se retrouver très rapidement avec des problèmes de formation, de
virus, de pannes, etc... Les opérateurs de mobiles ont bien compris que
le développement d'un nouvel espace de communication passe ;
premièrement et avant tout, par le développement du parc.
Le deuxième facteur clef de développement est l'existence de
contenus intéressants ; dans le cadre d'Internet, la
première application reste le mail, même pour les gros
utilisateurs et d'ailleurs plus à titre professionnel qu'à titre
privé. Dès qu'on a une activité de groupe, de club, le
mail est parfaitement adapté ; actuellement, la
" Charte de l'Internet" s'élabore de façon très
constructive en grande partie grâce à Internet. Nous avons des
contributions atteignant des niveaux de qualité et de précision
tout à fait remarquables. Le mail, c'est vraiment l'application centrale
d'Internet ; que peut-elle donner dans le grand
public français ? Je ne sais pas.
Il y a tous le développement de contenus de type éditoriaux
où on est, pour l'instant, face à un paradoxe en particulier
en France : c'est l'absence de système économique pour
financer l'édition et les contenus ; aux Etats-Unis, il y a une
forte tradition de contenus gratuits, mais cela fait qu'il n'y a pas beaucoup
de bases de données. Il y a tous les contenus universitaires qui sont
très riches et très développés, beaucoup plus que
chez nous ; mais en termes de grands sites éditoriaux, il n'y a pas
encore beaucoup de choses ; il y a beaucoup de sites marchands qui se
développent ; mais, faute de moyens de paiement pour les contenus,
on n'a pas vu de grands sites éditoriaux ; des américains
ont fait le pari d'un financement par la publicité mais ils ont en train
de déchanter en se rendant compte que de part la prolifération du
nombre de sites, l'audience est complètement
éclatée ; à part de très grands sites comme
Yahoo, Nomade,... il est très difficile de motiver les annonceurs sur de
telles audiences.
En ramenant cela à l'échelle française, ce n'est
même pas la peine d'imaginer un financement par la publicité.
C'est un modèle qui ne peut pas fonctionner. Il y a actuellement 3
à 400.000 abonnés, mais même à l'échelle de 2
ou 3 millions, ce n'est pas suffisant pour permettre de développer un
marché publicitaire. On ne l'a d'ailleurs pas connu sur Minitel sauf
pour l'annuaire électronique, on ne le verra pas non plus sur Internet
mis à part quelques sites majeurs. Aux USA ils sont déjà
en situation d'interrogation forte alors qu'ils sont déjà
à 50 ou 60 millions d'utilisateurs ; il faut donc trouver un autre
modèle de financement pour développer une offre
intéressante sur Internet qui ne peut être que du paiement soit
à l'acte, soit par des systèmes de porte-monnaie
électronique ou par des systèmes kiosques comme France Telecom
l'a développé pour le Minitel ;
2. Les grands secteurs d'offres
qui peuvent intéresser le grand
public : si on se réfère aux expériences connues de
Télétel
,
d'Audiotel
et
d'Internet
, on
retrouve les mêmes aspirations du public : le
mail
,
application numéro 1
, ensuite, la
Bourse
, qui est une
grosse motivation d'appel, le
sport
et le
turf
. Les
loisirs
et les
jeux
devraient se développer. Il y a aussi
le champ de la culture
, au sens le plus large, qui est un point
très important : l'Université, la recherche, etc... Aux USA,
c'est historiquement un des promoteurs d'Internet. En France, nous sommes
restés assez timides
; il y a très peu
d'universitaires qui utilisent intensivement Internet
; on ne
trouve pas, à ma connaissance, les thèses de nos thésards
disponibles sur Internet ;
il faut impulser une sorte d'obligation pour
le rayonnement de la culture française
; c'est impressionnant
de penser à l'éspèce d'OPA qu'a fait la culture
américaine sur le monde entier : un étudiant en Inde aura
accès à toutes les Universités américaines, et pas
aux nôtres ; il est terrifiant de voir la crainte des conservateurs
de Musées, de la Bibliothèque Nationale de France par exemple,
face à Internet : or, il est important que notre culture puisse
rayonner. Il faut sans hésiter mettre en ligne gratuitement le contenu
de la BNF, des musées français,...
3. L'un des axes essentiel de travail
autour de l'élaboration de
la " Charte
de l'Internet" sont les problèmes de
sécurité
sur l'Internet : il faut que les
utilisateurs, y compris les chefs d'entreprises, qui sont souvent aussi mal
informés qu'un particulier, aient le sentiment que tout ça est
organisé, fonctionne.