Audition de Jean-Pierre TEYSSIER
et de
Bernard STIEGLER
Respectivement Président et Directeur général de l'INA
Résumé : Il ne suffit pas de dire qu'on va connecter les écoles au réseau : il faut que le contenu offert aux enseignants et aux élèves soit défini de manière à bien satisfaire leurs besoins ; il faut donc définir un contenu à la fois national et local ; et l'INA, avec son fonds d'images qui est très important, a la possibilité d'offrir ces contenus ; nous expérimentons une Banque de programmes scolaires et universitaires : il s'agit d'offrir aux enseignants des stocks de documents multimedia ; pour favoriser l'implantation des NTIC dans les entreprises, il faut utiliser les crédits-formation des entreprises, qui sont gigantesques ; de même, il faut aider les entreprises innovantes, par exemple en développant le système des " stock options " ;
1. L'INA
un établissement public d'Etat
né à la faveur de l'éclatement de l'ORTF ; nous
sommes un centre de
veille technologique
important sur tout ce
qui se passe dans le multimedia ainsi qu'un centre de production de
procédés et d'images nouvelles ;
2. L'Education :
Parmi les mesures à prendre, il faudrait renforcer la direction des
nouvelles technologies du Ministère car c'est un partenaire dont nous
garantissons la qualité, le dynamisme et avec laquelle nous avons mis en
place des groupes de travail ;
Ma conviction personnelle est qu'il ne suffit pas de dire qu'on va connecter
les écoles au réseau ; il faut que le contenu lui-même
soit défini de manière à satisfaire ce dont ont besoin nos
écoles, nos bibliothèques universitaires et autres ; il faut
donc définir un contenu à la fois national et local ; ceci
est indispensable : si on se contente de connecter les écoles
à Internet, on ne leur apporte pas un contenu spécifique ;
et l'INA, avec son fonds d'images qui est très important, a la
possibilité d'offrir ces contenus ;
La Banque des programmes et de services : en coopération avec La
Cinquième, nous expérimentons une banque de programmes scolaires
et universitaires ; restent à définir pas mal de
choses : la structure juridique, des problèmes techniques :
celui du mode de liaison par exemple, parce qu'il faut
télécharger une carte, il faut " ouvrir le capot ",
...c'est assez lourd pour le professeur ; il s'agit d'offrir aux
enseignants des stocks de documents multimedia, de leur offrir un endroit
où ils puissent également faire de la production ; on en est
encore aux balbutiements ;
Nous avons un projet actuellement soumis à Bruxelles pour lequel nous
avons été préselectionnés et qui consiste à
faire le manuel d'Histoire du XXI
e
siècle, ouvrage
multi-supports ;
D'une façon générale, l'idée est de dire que, si
nous voulons que les enseignants s'approprient ces nouveaux medias, il faut
partir des medias qu'ils ont déjà en main, le manuel scolaire par
exemple, outil de base du fonctionnement de l'école ; d'une
façon plus globale, nous considérons que le problème du
rapport entre l'Education et les nouveaux medias est un problème
éditorial puisque, finalement, l'école travaille sur des
instruments éditoriaux ; donc, nous nous sommes dits qu'il fallait
concevoir un manuel standard, c'est-à-dire soumis aux programmes
officiels de l'Education nationale parce que, si nous voulons que celle-ci
coopère, il ne faut pas entrer en conflit avec son mode de
fonctionnement institutionnel ; donc, nous partons du manuel, que nous
suivons à la lettre, et y apportons un certain nombre d'archives
accompagnant chaque leçon ; le livre, on le retrouve sur Internet
en format HTML mais c'est exactement la typographie du manuel papier ;
évidemment, le format HTML permet de renvoyer sur les bases
audiovisuelles ; en complément, nous fournissons une interface
utilisateur qui permet à l'enseignant, puis aux élèves,
non seulement de consulter les images mais de les utiliser pour réaliser
des devoirs, des exercices (puisque nous produisons aussi des exercices sur
chaque leçon, qui vont utiliser les spécificités de la
radio, du cinéma et de la télévision) ;
La stratégie de l'INA est donc d'être une entreprise
spécialisée dans ces problèmes de documentation ;
nous considérons qu'ils sont essentiels pour notre propre métier
et que, demain, ils seront très génériques pour l'ensemble
des métiers de l'informatique, des télécommunications et
de l'audiovisuel ;
3. Internet et le grand public
: la grande décision
culturelle du siècle prochain sera de
rendre le coût de la
communication local gratuit
; notre chance en Europe, par rapport
aux Etats-Unis, c'est que nous avons du contenu ; d'ailleurs,
Bill
Gates
vient faire son marché en Europe ; ce contenu, il faut
ensuite le mettre sur les réseaux ; c'est simple mais il y a un
certain nombre de préalables sérieux ;
Premier problème : constituer des bases de données en
images, en sons et en textes, en numérisant ce que nous avons dans nos
bibliothèques, musées, archives ; se pose alors le
problème de la numérisation de masse ; en Europe, pour le
moment, les coûts de celle-ci sont excessifs ;
Autre problème : pour que les techniques " push " se
développent correctement, il faut des systèmes de documentation
qui soient à niveau pour ce genre de démarche parce que, de plus
en plus, on aura des utilisateurs qui chercheront une information de plus en
plus granulaire avec un système de documentation qui sera
intégré ; les questions de normes sont absolument capitales
parce les gens qui demain maîtriseront l'évolution de ces
questions maîtriseront une part essentielle du système ;
Aujourd'hui, la télévision doit innover dans des contenus ;
or, le problème est qu'actuellement elle ne peut le faire sinon quoi
elle serait sanctionnée par la publicité : elle ne peut pas
prendre de risque ; nous avons proposé à Jérôme
CLEMENT qu'il ait un écran spécifique sur le réseau, soit
sur La Cinquième, soit sur Arte, qui permette une production
d'innovations ;
4. Internet et les entreprises
: pour favoriser l'implantation des
nouvelles technologies dans les entreprises,
· pourquoi n'utilise-t-on pas, comme le propose Joël
de ROSNAY, les crédits formation des entreprises, qui sont
gigantesques ? Beaucoup de ces crédits formation sont
dépensés en cours de langues, cours contre le stress, balades
à l'étranger, tout cela est ridicule ; pourquoi ne pas
imposer l'utilisation de ces crédits pour une formation sur les
NTIC ? on pourrait par exemple donner des cartes de
crédit-formation à chaque salarié pour tirer sur un
compte ;
· il faut aider les entreprises innovantes, par exemple en y
développant le système des " stock options " ;
5. Il faut que les gouvernants
comprennent que les NTIC sont le moyen de
régler le problème numéro 1 d'un Etat comme la
France qui est
: comment avancer en dépensant
moins ?
c'est possible dans des domaines comme par exemple les
bibliothèques en créant non plus des bâtiments
coûteux mais des bibliothèques virtuelles avec un contenu
numérisé;