3. Les normes MAC de diffusion
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Conçue au début des années 80, au sein de l'UER, la norme de télédiffusion MAC Paquet représentait alors un compromis élégant et intelligent entre ce que les technologies analogiques et numériques disponibles à l'époque pouvaient avoir de meilleur.
Elle présentait notamment l'avantage :
n d'être conforme à la norme de production numérique internationale 4 : 2 : 2, basée elle aussi sur la numérisation séparée des composantes de luminance et de chro-minance ;
n de supprimer ainsi, grâce à un multiplexage temporel et non plus fréquentiel, les défauts inhérents à la superposition de ces composantes, dans les systèmes antérieurs.
n de disposer de plusieurs voies pour le son et de permettre la transmission de données complémentaires (sous titrage, télétexte) ;
n enfin, de faire l'objet d'un certain consensus de la part des industriels et des pouvoirs publics en Europe.
En 1986, pour contrer une tentative des japonaises visant à imposer au monde entier leur système Muse, les européens vont partir du D2 Mac pour élaborer, en toute hâte, leur propre norme de télévision à haute définition HD MAC. Le HD MAC, compatible avec le D2 MAC, possède un système de compensation de mouvement plus raffiné que son rival japonais et prévoit déjà la transmission numérique de certaines données (assistance au décodage et, comme pour le D2 Mac, son stéréophonique). La démonstration du nouveau système européen est effectuée, pour la première fois, au salon international des diffuseurs de Brighton, en 1988.
La crédibilité de l'alternative qu'il représente par rapport aux propositions japonaises est établie et reconnue au niveau international. Les normes MAC ont d'autres attraits ; elles se prêtent plus facilement au cryptage que les systèmes précédents, alors que naît la télévision à péage, et permettent l'utilisation du nouveau format 16 : 9.
Elles demeurent cependant analogiques en ce qui concerne la transmission des images et vont se faire rattraper par le numérique. Le D2MAC ne s'est pas imposé avec la rapidité qu'exigeait sa viabilité en tant que norme transitoire, il n'a pas rencontré l'adhésion nécessaire au-delà de celle des industriels, des producteurs et des diffuseurs.
Les manoeuvres dilatoires de nos partenaires britanniques dans le cadre de la Communauté européenne auront définitivement raison de ce système. Désormais, la multiplication des chaînes, permise par la compression numérique, semble importer davantage que la qualité des images. Les conséquences financières de l'échec des normes MAC ne sont cependant pas de la même ampleur que celles des désastres précédemment évoqués (150 MF par an environ ont été dépensés par le ministère de l'Industrie, auxquels s'ajoutent des dépenses de promotion et des aides de la Commission européenne).
Les études, qui ont mobilisé près de 500 à 600 chercheurs européens, n'ont pas été inutiles. Elles ont, notamment, ouvert la voie à l'utilisation des techniques numériques en ce qui concerne l'échantillonnage des signaux et la compensation de mouvement.
Ayant pris l'habitude de travailler ensemble, les européens vont aboutir assez rapidement à des positions communes (sauf, on peut le regretter, en ce qui concerne l'accès conditionnel) pour la télévision numérique dans le cadre du groupe de travail DVB.
Dans le dernier domaine concerné par la société de l'information, qui est celui des télécommunications, le bilan qui peut être établi n'est pas non plus catastrophique.