V. LES CONSEQUENCES PROFONDES DE LA
SOCIÉTÉ
DE L'INFORMATION
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Une fois approfondies la notion d'information, ses relations avec le concept
voisin de communication, et les valeurs qui fondent la société du
même nom, il est moins délicat d'examiner plus avant les effets
dont s'accompagne l'entrée dans cette ère nouvelle.
L'avènement de la société de l'information entraîne des conséquences profondes dans les domaines de l'espace, du temps, du pouvoir et des relations humaines.
A) L'ESPACE
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S'agissant de l'espace, les réseaux - c'est devenu un lieu commun que
de le constater - permettent de s'affranchir des distances pour l'exercice de
certaines activités (télétravail,
télémédecine, télé-enseignement, etc...) ou
d'éviter des déplacements (téléconférences,
téléconsultation).
Ils autorisent la création de lieux virtuels de communication ou d'enseignement (Forums, agora, universités, etc...). Tout en contribuant à une globalisation de l'économie mondiale, qui peut favoriser certains phénomènes de concentration (le regroupement des centres de décision, en particulier), ils sont en mesure d'encourager aussi bien la création ou le maintien (grâce aux téléservices) d'activités locales que la décentralisation ou l'essaimage d'administrations, d'entreprises ou d'unités de recherche.
Ils peuvent aussi constituer des éléments d'une politique d' aménagement du territoire en facilitant les localisations d'entreprise ou le maintien d'un certain seuil de population et d'activité (par le télétravail à domicile, les téléservices,...)dans les zones défavorisées. On ne peut cependant que le regretter : les conséquences de ces évidences ne sont malheureusement pas encore systématiquement tirées en France.
B) LE TEMPS
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Pour ce qui est du temps, il est fréquemment souligné que le
fait de rendre instantanées les relations de l'entreprise en son sein
(maison mère-filiales, directions-ateliers, banque-succursales) ou avec
l'extérieur (client-fournisseur, donneur d'ordre-sous-traitant)
améliore de manière très nette la productivité et
la compétitivité de celle-ci. De plus, le contact en temps
réel facilite le respect des nouvelles exigences de production et de
gestion (flux tendu, livraison juste à temps, zéro stock,
etc...). Par ailleurs, l'utilisation des réseaux permet de se conformer
à un autre impératif contemporain, appelé à prendre
une place toujours plus importante dans le marché : la personnalisation
des produits.
Pour Daniel PARROCHIA , " un océan technologique, aux rythmes brutaux, s'est substitué à la vie d'avant, celle dont les flux rassurants s'écoulaient comme de longs fleuves tranquilles ". Et plus loin " Le progrès technique, dont les gains de temps font partie des gains de productivité, resserre paradoxalement la pression sur le temps social comme sur le temps personnel ". Conséquence : " Au lieu de se borner à rapprocher les correspondants comme le faisait le bon vieux téléphone, les réseaux modernes creusent, entre eux, un espace temps complètement nouveau ".
Bref, " ce n'est plus une contraction, mais une densification qui intervient ". Il ne s'agit en effet plus d'une rationalisation du temps ordinaire (toujours conçu comme linéaire), mais d'une structuration différente du fait de l'imbrication du temps humain et du temps machine. Pour la machine, on le sait, l'instant peut représenter toute une éternité : une seconde, c'est un milliard de nano-secondes.