B) DIVERSIFICATION, PERFORMANCES, CONVERGENCES
Diversité, performances, convergences : tels sont les concepts susceptibles de caractériser l'évolution en longue période des techniques d'information et de communication.
1. Diversification
La diversification la plus évidente qui se produit se
manifeste sous la forme de la création de nouveaux médias avec,
dans la foulée de l'invention de l'imprimerie, la naissance de la presse
écrite, puis la floraison de nouveaux moyens issus des techniques
électriques, électroniques et informatiques.
Après les placards luthériens de l'époque des guerres de
religion commence à s'organiser, au XVII
e
siècle, une
presse artisanale. L'apparition de ce nouveau moyen d'information et
d'expression est d'abord liée à l'amélioration des
transports et des services postaux qui facilitent sa diffusion. Elle est aussi
le résultat d'un phénomène jusqu'alors inédit : la
naissance d'une
" opinion publique "
. Tandis qu'en France la
gazette,
créée en 1634 par Théophraste Renaudot, demeure un organe
pseudo-officiel, et que les premiers journalistes se heurtent au
XVIII
e
siècle au mépris des Encyclopédistes et
des philosophes, la presse se nourrit en Angleterre du débat
démocratique.
L'existence d'un public nombreux (le taux d'analphabétisation y est, on
l'a vu, beaucoup plus faible qu'en France), la vigueur des luttes politiques,
la floraison de talents exceptionnels qui n'hésitent pas à braver
les interdits de la censure pour rendre compte des débats de la chambre
des communes, tout cela explique
sans doute le fait
que ce soit en
Grande-Bretagne que naisse, en 1702, le premier quotidien du monde occidental :
Le Daily Currant
.
Le passage d'une presse artisanale à une presse de masse résulte
de l'essor de la lecture, du progrès des libertés publiques et
d'un certain nombre d'avancées techniques qui permettent à la
fois de recueillir plus rapidement les nouvelles (par le biais du
télégraphe et du téléphone) et d'augmenter les
tirages en diminuant le coût de chaque exemplaire (par l'invention, comme
on le verra, de la presse rotative, de l'héliogravure ou
" offset
",
puis de la Linotype, en attendant la photocomposition et le
traitement
de texte par ordinateur).
Après être devenue un nouveau média de masse, qui participe
d'une multiplication des moyens d'information, la presse franchit alors une
nouvelle étape de son développement et tend à se
diversifier avec l'apparition de magazines illustrés, puis de titres
spécialisés autour de thèmes particuliers. Dans ce
mouvement d'ensemble, elle bénéficie, bien entendu, de
l'agrément de présentation que lui confèrent les moyens
modernes d'illustration et, notamment, l'insertion de photographies.
A cette diversification de l'écrit s'ajoutent les effets autonomes de
l'apparition des moyens de télétransmissions et de
télécommu-nications, d'abord électriques puis
électroniques, avec, on l'a vu, la télégraphie, suivie du
téléphone, de la radio, de la télévision, et des
réseaux de données.
Néanmoins, de nombreuses dualités techniques apparaissent
(liaisons avec ou sans fil, utilisant les courants électriques ou les
ondes hertziennes ; moyens électroniques ou optiques de transmission et
de stockage (avec l'invention de la fibre, des lasers et des disques optiques)
; enfin, méthodes analogiques ou numériques de traitement des
signaux représentatifs des messages échangés ou
diffusés).
Les types de relations entre émetteurs et destinataires d'informations,
deviennent également plus variés. Ainsi, à la
traditionnelle distinction entre liaisons point à point (autrement dit
communications bilatérales) ou point-multipoint (autrement dit radio ou
télédiffusion) viennent s'ajouter de nouveaux modes
d'échange :
- Les liens entre clients et serveurs, d'abord, (avec variantes
" pull "
ou
" push "
) ;
- Les téléconférences, ensuite, (communications
multilatérales interactives) ;
- Les messageries électroniques, enfin.
Tandis que les terminaux se multiplient (télégraphe,
téléphone, radio, télévision, ordinateurs...), le
numérique permet d'envisager leur hybridation (Web TV,
téléphones mobiles ou consoles de jeux avec certaines
fonctionnalités d'Internet...), sinon leur fusion (PC-TV)
souhaitée par certaines entreprises informatiques.
Enfin, les techniques utilisées par les réseaux, et par
conséquent, les possibilités de ces derniers, foisonnent
également : à côté des réseaux
téléphoniques classiques à commutation de circuits se
créent, à partir des années 60-70, des réseaux
d'échanges de données informatiques, à commutation de
paquets.
De son côté, la télévision n'est plus, quant
à elle, diffusée seulement par voie hertzienne, mais aussi
à partir de la création, dans les années 50, de
réseaux en câble co-axial aux Etats-Unis. Par ailleurs, les relais
hertziens ne sont plus uniquement terrestres dès lors que, dans les
années 60, les satellites commencent à être utilisés
pour toutes sortes de liaisons (téléphone, radio,
télévision, trafic de données...). De nos jours, des
systèmes de communications téléphoniques ou
d'échange de données entièrement satellitaires sont
même actuellement mis en place (Iridium) ou projetés (Skybridge,
Télédesic, etc.).
Les moyens de monter en débit se multiplient : à
côté de la fibre optique, aux très grosses capacités
mais encore chère à déployer jusqu'à
l'abonné, il est possible de recourir aux ondes millimétriques
(techniques MMDS) ou, grâce aux techniques DSL, d'emprunter les
terminaisons (en paires de fils de cuivre) des réseaux
téléphoniques traditionnels.
Ainsi, sans attendre les futurs réseaux universels ATM,
multimédia et interactifs, les possibilités d'utilisation des
réseaux actuels se multiplient avec, notamment les projets concernant :
- la téléphonie sur le câble ;
- la télévision sur les réseaux
téléphoniques (ADSL) ;
- la télévision ou le multimédia en onde
millimétrique (MMDS ou LMDS).
D'autres techniques, également très variées, tendent
à optimiser, autant que possible, les moyens de transmissions
utilisés (multiplexage, modulations, transport hiérarchique
synchrone, compression de données à la source...).
Ces différents moyens, fort nombreux, ne s'excluent pas mutuellement.
Les données échangées sur Internet peuvent ainsi, par
exemple, emprunter successivement différents supports filaires (fibre
optique, coaxial, fil de cuivre) ou passer par un ou plusieurs satellites avant
d'arriver à leur destination.
A cette prolifération des offres de techniques correspond, comme dans la
presse écrite, une diversification des contenus avec, d'un
côté, une
" segmentation "
de la clientèle (à
laquelle correspond la création de chaînes de
télévision thématiques) et de l'autre côté,
l'exploitation des possibilités offertes par le multimédia et
l'interactivité des réseaux (notamment dans le domaine des jeux
éducatifs ou distrayants, ou avec le développement sur Internet
de nouveaux services et de formes inédites de programmes ou de
publicité audiovisuels...).
On soulignera par ailleurs le fait que la diversification qui vient
d'être présentée s'accompagne, dans tous les domaines, de
la recherche de performances améliorées.