B/ Les largages à partir d'avions
En 1966, 1973 et 1974, trois expérimentations ont été effectuées à partir d'avions en vol dans des zones éloignées de Mururoa respectivement de 85, 26 et 17 kilomètres. Ces essais avaient l'avantage de reproduire assez exactement les conditions réelles d'utilisation des armes nucléaires.
C/ Les essais de sécurité
Peu d'informations sont disponibles sur cette catégorie d'essais destinée à s'assurer que les armes nucléaires ne s'amorceraient pas d'elles-mêmes pendant les périodes de stockage et de transport. Il est donc nécessaire de vérifier que les charges, surtout quand elles sont embarquées à bord d'avions, sont "autosûres" et qu'elles n'exploseront pas de façon accidentelle, tout en conservant leurs capacités d'utilisation.
Si ces essais de sécurité ne provoquent pas, en principe, de déclenchement de la réaction en chaîne, ils peuvent néanmoins entraîner une certaine dispersion des matières fissiles qui composent les engins à tester.
Selon certaines sources, le CEP aurait "exécuté douze expérimentations de ce type à Mururoa" 45 ( * ) mais, selon d'autres, quinze essais de ce type auraient, en fait, été effectués.
Apparemment, ces essais ont été effectués sur le sol des atolls, puis en sous-sol, et un ouvrage récent, pourtant peu critique envers l'activité du CEP, révèle que : "Cinq essais de sécurité eurent ainsi lieu dans la zone appelée Colette, à Mururoa. Si les réactions en chaîne ne se produisirent pas, ce dont on se doutait d'ailleurs, en revanche, la dispersion d'éléments radioactifs dangereux composant les charges nucléaires, comme le plutonium, fut très importante, et l'intégralité de la zone dut être bitumée par la suite pour être réutilisée." 46 ( * )
D/ Les essais sous ballons captifs
Les essais à partir des barges s'étant révélés particulièrement polluants, les responsables du CEP ont alors cherché un moyen de réduire l'impact des essais aériens.
En effet, si le tir est effectué sur le sol ou à partir d'une barge, la boule de feu créée par l'explosion, qui peut atteindre jusqu'à 500 mètres de rayon pour les engins les plus puissants, se heurte aux matériaux présents et à l'eau du lagon qui sont alors vaporisés et mélangés aux gaz chauds.
Si on arrive à faire exploser l'engin à une hauteur suffisante et en tout cas supérieure au rayon de la boule de feu, il n'y a pas d'interaction avec le sol ou avec l'eau, ce qui limite les retombées radioactives.
Pour réaliser ces essais en hauteur, on a fait appel à une technologie quelque peu oubliée, celle des ballons captifs. De l'aveu même des responsables du CEP, ce ne fut pas sans mal car la stabilisation d'un ballon à une altitude qui variait de 200 à 800 mètres devait être parfaite pour que les différents dispositifs de mesure puissent fonctionner correctement.
Le premier essai d'un engin thermonucléaire, Canopus, a été effectué sous ballon le 24 août 1968 à Fangataufa et selon le Professeur Yves Rocard, "à une altitude de 500 mètres ou plus" . Cette altitude, "pour une bombe thermonucléaire qui dépasse la mégatonne, était à peu près correcte pour tirer des bombes aussi propres que possible" . 47 ( * )
* 45 Les essais nucléaires français, Op. déjà cité, page 31.
* 46 Fangataufa Mururoa Etat des lieux, Daniel Pardon, Editions Glénat 1995, page 47.
* 47 Mémoires sans concessions, Yves Rocard, Op. déjà cité, page 265.