2. Intervention de M. Zourab JVANIA, Président du Parlement de Géorgie (Mardi 24 septembre)
M. JVANIA regarde comme une décision historique
l'octroi du statut d'invité spécial à son pays. Celui-ci
vient de connaître des changements fondamentaux. Sur la base de la
Constitution adoptée il y a un an et qui a permis un nouveau consensus,
des élections présidentielle et parlementaires ont eu lieu
-certains membres de l'Assemblée y ont assisté comme
observateurs. Des réformes ont mis fin à un état
d'anarchie et, au cours des huit derniers mois, le Parlement a mis en place le
cadre juridique nécessaire au fonctionnement d'une libre économie
de marché. La monnaie nationale est aujourd'hui l'une des plus stables
d'Europe orientale et la production comme les investissements ne cessent de
croître.
La Géorgie s'est fixé trois priorités en matière
législative : tout d'abord, l'instauration d'un système
judiciaire indépendant et fort. La Cour constitutionnelle fonctionne
déjà et une réforme des tribunaux est en bonne voie ;
tous les instruments sont en place pour relever le défi que
représente l'adhésion à la Convention des Droits de
l'Homme. La deuxième priorité consiste à répartir
pouvoirs et fonctions entre les autorités nationale,
régionales et locales. La dernière est de lutter contre la
corruption et la bureaucratie qui sont les fléaux de tout Etat
post-soviétique.
Au cours de ces deux dernières années, qui ont vu l'instauration
de l'Etat de droit, l'expérience du Conseil de l'Europe a
été particulièrement précieuse à la
Géorgie et l'adhésion à l'Organisation interviendra au
meilleur moment. Le pays est en effet déterminé à avancer
dans la voie des réformes, mais il manque de l'expérience
indispensable.
Cependant, la démocratie toute neuve demeure considérablement
handicapée par le conflit abkhaze, qui dure depuis près de trois
ans. Une campagne de nettoyage ethnique a fait quelque 6 000 victimes civiles
dans la région, tandis que près de 270 000 personnes devaient
fuir : actuellement, un Géorgien sur dix est une personne
déplacée. L'orateur félicite M. Atkinson pour son
rapport et pour ses propositions, tendant notamment à l'envoi
d'observateurs des Nations Unies et à l'octroi d'une autonomie aussi
large que possible à l'Abkhazie. Malheureusement, la présence de
"gardiens de la paix" russes fait aujourd'hui obstacle à la
paix :
elle encourage les séparatistes dans leur volonté d'organiser des
élections parlementaires, en l'absence d'une majorité de la
population. Le crime risque ainsi d'être récompensé.
La Géorgie veut la paix et le Président Chevardnadze a
présenté des propositions qui ont suscité un large
intérêt dans le monde. Mais, pour les mettre en œuvre, une
assistance extérieure est indispensable. M. Jvania invite donc le
Conseil de l'Europe à participer au processus, en nommant un rapporteur
qui présentera à l'Assemblée une information
incontestable. Les droits de l'homme sont indivisibles et ceux qui les violent
ne doivent à aucun prix finir par être regardés comme des
hommes politiques respectables. La première raison pour laquelle la
Géorgie veut adhérer au Conseil de l'Europe, c'est que celui-ci
fait primer les valeurs fondamentales sur toutes les considérations de
la
Realpolitik
: tel est le sort que la Géorgie souhaite
précisément pour elle-même.