2. Interventions de M. Philippe SÉGUIN, Président de l'Assemblée nationale, Mme Leni FISCHER, Présidente de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, MM. Jean-Claude MIGNON, député (RPR), Jean SEITLINGER, député (UDF), Robert PANDRAUD, député (RPR)
M. Philippe SÉGUIN, député (RPR),
Président de l'Assemblée nationale française,
a ouvert
les travaux de la conférence en prononçant l'allocution
suivante :
"
A l'heure où s'ouvre cette Conférence
interparlementaire, organisée conjointement par l'Assemblée du
Conseil de l'Europe et l'Assemblée nationale française, je
souhaiterais vous dire le plaisir que je ressens à vous accueillir ici,
au Palais Bourbon, vous qui représentez les Parlements de l'Europe
continentale, autrement dit la grande Europe. Alors que doivent débuter,
demain, les travaux de la Conférence intergouvernementale de Turin,
cette réflexion que nous engageons en commun sur le rôle des
Parlements dans la construction paneuropéenne, sur le modèle de
société que nous voulons bâtir pour notre continent sur sa
plus vaste échelle, me paraît d'une singulière
actualité.
" Je salue tout particulièrement la présence de Mme Leni
Fischer, Présidente de l'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe, que je suis heureux de recevoir à nouveau à Paris, de
M. Daniel Tarschys, Secrétaire général, de M. Frank
Swaelen, Président du Sénat de Belgique, Président de
l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, de Mme Nicole Fontaine,
Vice-Président du Parlement européen, et des éminents
représentants des Assemblées parlementaires régionales
qui, de la Baltique à la mer Noire, ont bien voulu répondre
à notre invitation.
" Je tiens également à rendre hommage au remarquable travail
accompli par vos rapporteurs, et en particulier par notre collègue
,
M. Jean SEITLINGER
, Vice-Président de la Délégation
française à l'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe, qui a été l'artisan expérimenté de cette
Conférence.
" Il est vrai que vos travaux revêtent une importance
particulière en cette période cruciale de la construction
européenne, trop souvent caractérisée par la
morosité, l'inquiétude, voire le désenchantement.
" En réalité, nous vivons probablement aujourd'hui les
conséquences d'un rendez-vous manqué, au tournant des
années 1990. Nous n'avons pas su, alors, prendre la grande initiative
politique qui nous aurait permis de prendre en compte, dans toute leur
dimension, les profonds bouleversements intervenus en Europe.
" Certes, la Charte de Paris du 21 novembre 1990 était apparue,
dans l'enthousiasme qui prévalait à l'époque, comme l'acte
fondateur de la nouvelle Europe. Mais, reconnaissons-le, la mise en oeuvre des
principes alors affichés s'est rapidement heurtée à
l'embrasement de l'Ex-Yougoslavie. Quant au Traité de Maastricht, vous
ne serez pas étonnés de m'entendre dire que ses dispositions
n'étaient probablement pas à la mesure des grandes mutations qui
s'opéraient.
" Pourtant, nous ne devons pas nous laisser aller au découragement.
Nous devons, à l'inverse, tirer les leçons de ce passé
à la fois si proche et si lointain, et nous engager d'autant plus
résolument vers l'unification politique, économique et culturelle
du continent européen.
" Le principe de la primauté du politique, qui est notre raison
d'être, doit guider notre réflexion et notre action. Il ne saurait
y avoir d'Europe véritable ni durable sans l'adhésion des peuples
et sans le soutien des Parlements qui en sont l'expression légitime.
Oublier cette vérité première nous exposerait à de
cruelles désillusions. Certes, la tâche à accomplir est
immense.
" Si je voulais la résumer en quelques phrases, je dirais
volontiers qu'il nous faut tout à la fois garantir la
sécurité de l'Europe, assurer son développement
économique en préservant sa cohésion sociale, et
bâtir ou développer un modèle de société,
notre modèle de société, qui est fondé sur la
démocratie et la solidarité.
" Oui, il nous faut relever ensemble tous ces défis, en ayant pour
objectif l'organisation de la grande Europe. Et dans cette optique, les
Parlements nationaux, garants de la légitimité
démocratique du projet européen, sont appelés à
jouer un rôle essentiel et pour cela, doivent poursuivre leurs efforts de
modernisation et renforcer leur coopération mutuelle.
" Nous devons d'abord construire un vaste espace de sécurité
en Europe. L'Europe, qui n'a pas su éviter le drame de l'Ex-Yougoslavie,
a donc laissé pour l'essentiel à l'armée américaine
le soin de mettre en oeuvre, en Bosnie, un fragile accord de paix... Puisse
cette tragédie la décider enfin à assumer, progressivement
mais fermement, sa propre sécurité, à organiser la
prévention et le règlement des conflits sur son sol, en
partenariat étroit avec la Russie, et sans pour autant remettre en cause
son alliance privilégiée avec les Etats-Unis.
" Dans cette perspective, il est clair qu'elle doit se doter d'un
système de sécurité paneuropéen, au sens le plus
large possible, car la notion même de sécurité a
considérablement évolué. Celle-ci inclut désormais,
au-delà des aspects purement militaires, de nouveaux types de menaces,
notamment d'ordre écologique.
" Tous les aspects de la sécurité doivent donc être
pris en compte : coordination des forces, réflexions
nouvelles sur la stratégie, évaluation et prévention des
risques, maîtrise des armements et sécurité des
installations nucléaires civiles.
" Car il serait vain de croire que toute menace ait disparu avec
l'effondrement des blocs. En réalité, les dangers sont toujours
présents, et d'autant plus complexes à appréhender,
d'autant plus difficiles à réduire qu'ils s'inscrivent
désormais, de plus en plus, dans un cadre régional et non plus
strictement national.
" Par ailleurs, disons-le clairement, la sécurité de
l'Europe ne s'établira pas sans la Russie, qui devient, peu à
peu, un partenaire à part entière des institutions
européennes. Un pas décisif vient d'être franchi avec son
adhésion au Conseil de l'Europe qui est un gage supplémentaire de
la volonté des Européens de maîtriser ensemble leur destin.
" Mais cette adhésion n'a de sens que si la Russie s'engage
désormais dans la voie d'un règlement du conflit en
Tchétchénie, conflit qui hypothèque gravement les
progrès que nous attendons d'elle dans le respect de la
démocratie et des droits de l'homme.
" Bien d'autres questions, encore, devront être résolues
avant que ne s'élabore un véritable système de
sécurité continental, répondant à la fois au
sentiment de vide qu'éprouvent les pays d'Europe centrale et au souhait
légitime de la Russie de ne pas être mise à l'écart.
" L'OTAN, dans sa forme actuelle, et dans l'attente d'une
rénovation sans cesse annoncée, toujours différée,
n'a pas pris suffisamment en compte la situation radicalement différente
qui prévaut aujourd'hui en Europe. Or
,
la question de
l'élargissement de l'alliance est indissociable de la place que nous
entendons réserver à la Russie dans un système de
sécurité européen. Elle conditionne l'avenir du projet de
modèle commun et global de sécurité pour l'Europe du
XXIème siècle que propose l'OSCE, et qui repose sur la notion
d'un espace de sécurité indivisible.
" Qu'en sera-t-il, par ailleurs, de l'UEO en 1998, année au cours
de laquelle les Etats parties pourront, s'ils le souhaitent, réexaminer
les dispositions du Traité ?
" A cet égard, il faut éviter que le rapprochement
institutionnel entre l'UEO et l'Union européenne ne sonne le glas de
l'identité européenne de défense, à laquelle
n'adhéreraient pas les nouveaux pays membres de l'Union qui se
rattachent à une tradition de neutralité.
" La Conférence intergouvernementale devra être l'occasion de
mettre en place des procédures suffisamment flexibles, permettant aux
Etats qui le souhaitent de décider, le cas échéant, d'une
intervention, sans pour autant bénéficier du soutien des pays
neutres.
" Gardons-nous, par ailleurs, de remettre en cause le contrôle
parlementaire exercé par l'Assemblée de l'UEO, qui est
composée d'élus nationaux, seuls habilités, au nom des
peuples qu'ils représentent, à voter dans les Parlements les
crédits de la défense.
" Devant tant d'incertitudes, nous devons tenir fermement le cap du
projet
européen, affirmer notre volonté politique de donner à
l'Europe, dans toute sa dimension, y compris méditerranéenne, les
moyens d'assurer elle-même sa propre sécurité. La
sécurité est donc la condition nécessaire de tout
véritable projet européen. Mais les peuples n'adhéreront
à celui-ci que si le développement économique s'accompagne
d'un mieux-être social.
" Faute d'avoir pris, dès 1991, la mesure du défi politique
que constituait l'effondrement du bloc communiste, l'Union européenne
voit aujourd'hui sa stratégie contestée sous la pression des
opinions publiques. La montée du chômage et de la
désespérance qu'il engendre conduit à s'interroger sur la
finalité du projet communautaire, qui, pour certains de nos concitoyens,
pour certaines forces politiques, pourrait s'identifier de plus en plus
à un risque de faillite sociale.
" Chacun pressent que la construction européenne est à un
tournant de son histoire et qu'elle ne pourra indéfiniment confondre les
buts et les moyens. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent
pour que la Conférence intergouvernementale sache dépasser le
seul objectif d'une révision institutionnelle limitée.
" Car on mesure, aujourd'hui, l'erreur qui consisterait à croire,
ou à faire croire, que l'Europe politique demeure l'aboutissement
logique et inéluctable de la construction économique, qu'elle
viendra, en quelque sorte, de surcroît, comme pour couronner
l'édifice... Il faut aujourd'hui inverser l'ordre des facteurs, remettre
l'Europe communautaire en marche, en lui donnant toute sa dimension politique,
sociale et humaine.
" Les choix sont, certes difficiles, dans un contexte d'explosion
technologique et de mondialisation accélérée de
l'économie. Devons-nous pour autant nous résigner, et prendre le
risque de laisser la régression sociale devenir le dénominateur
commun de nos sociétés ?
" Les réformes courageuses entreprises dans les pays d'Europe
centrale et orientale pour instaurer l'économie de marché ont eu
un coût social très élevé, trop élevé.
je suis convaincu que les résultats de certaines consultations
électorales qui ont fait grand bruit ne traduisent nullement la
volonté de revenir au passé, ni même la peur de l'avenir.
Ils reflètent simplement la forte aspiration des populations à
une meilleure garantie collective pour les plus faibles. Dans toute l'Europe,
l'ultra-libéralisme et ses excès ont atteint leurs limites et
imposent une nouvelle approche de l'économie, plus conforme à
notre modèle de société.
" La grande Histoire de l'Europe, son incomparable rayonnement à
travers le monde, la prédestinent-ils à n'être plus qu'un
vaste espace pour le négoce, soumis à la seule loi des
marchés ? L'Europe peut-elle entrer dans le prochain
siècle, sans être porteuse d'un nouveau destin, à la mesure
de son génie et de ses capacités ?
" Voilà des interrogations qui ne devraient, en
vérité, avoir aucune raison d'être, mais qui,
paradoxalement, découlent des choix économiques, dès lors
qu'ils sont exclusifs de toute finalité politique, sociale ou culturelle.
" C'est pourquoi il me parait absolument essentiel de reconnaître
à l'Europe une finalité humaine, et non strictement
économique. Il ne s'agit pas de créer un nouveau "cercle" de
politique communautaire, mais bien de remettre l'homme au coeur du projet
européen. Et il nous faut en tirer les conclusions pratiques, en faisant
de la lutte pour l'emploi la priorité absolue qui doit guider tous les
choix. Disant cela, je n'ai pas le sentiment d'être "léger".
L'Europe doit bien être conçue comme un système de
solidarité entre des nations qui ne sauraient survivre dans l'isolement.
" Le préalable -nous y revenons toujours- est évidemment que
l'Europe s'affirme comme une puissance politique. Il est clair qu'il ne saurait
y avoir d'"Europe sociale" sans Europe politique : car
c'est notre
modèle de société qui est en jeu. Et quand j'entends dire,
ici ou là, qu'il pourrait y avoir durablement deux Europe, une petite,
très intégrée, et une grande, plus lâche et
nébuleuse, je m'interroge encore : est-ce ainsi que nous
devons voir l'avenir du continent ?
" Oui, l'Europe doit construire son propre modèle de
société. Car nous sommes tous profondément attachés
à une certaine conception de la vie sociale qui privilégie la
solidarité entre les individus, entre les générations,
entre les régions, une conception qui, par dessus tout,
privilégie le souci du bien commun.
" Et si l'on ne peut, en quelques mots, définir ce modèle de
société européen auquel nous aspirons, au moins
pouvons-nous en esquisser les contours.
" Constatons d'abord que la démocratie pluraliste et l'Etat de
droit sont devenus la norme sur l'ensemble du continent. C'est l'acquis majeur
de la révolution des années 1989-1990. Mais cet acquis reste
fragile et doit être consolidé, grâce, notamment, aux
programmes mis en place par le Conseil de l'Europe. Des institutions stables
sont indispensables pour garantir, dans les nouvelles démocraties, le
nécessaire équilibre entre groupes majoritaires et
minorités historiques, et éviter que ne surgissent de nouveaux
conflits.
" Nous devons veiller à la complémentarité de
l'approche juridique du Conseil de l'Europe, avec sa convention-cadre pour la
protection des minorités nationales, et la démarche pragmatique
de l'OSCE dans le cadre du Pacte de stabilité. Il n'y aura pas de
stabilité dans la nouvelle Europe si le respect des droits des personnes
appartenant aux minorités nationales n'est pas solidement garanti.
L'Histoire nous l'a appris tant de fois...
" Affirmons ensuite que si la véritable richesse de l'Europe est sa
diversité, aussi bien géographique que culturelle, cette
diversité ne s'oppose nullement à la prise en compte d'une
identité culturelle européenne. Afin de rendre plus efficace
encore l'action conduite par le Conseil de l'Europe dans le cadre de la
convention culturelle européenne, nous devons encourager la mise en
place de programmes conjoints, harmonisés avec Bruxelles.
" L'Europe doit aussi assumer les responsabilités qui sont les
siennes à l'égard des pays du Maghreb et du Proche Orient.
L'extension à ces pays de la convention culturelle serait un des moyens
de les aider à choisir résolument la voie de la modernité.
" En élaborant plus de 160 conventions fixant des normes minimales
dans les domaines les plus variés de la vie politique,
économique, sociale et culturelle, le Conseil de l'Europe continue
à accomplir la mission qui lui avait été confiée
par ses fondateurs en 1949.
" Ce fonds commun, qui appartient aujourd'hui au patrimoine de
l'Europe
tout entière, devra être complété par de nouvelles
conventions répondant aux grands enjeux actuels, tels que la
bioéthique ou les nouvelles technologies de l'information.
" Les débats qui se déroulent sur ces questions essentielles
dans les Parlements nationaux, où s'expriment, par nature, toutes les
sensibilités, ne peuvent qu'enrichir la réflexion
européenne sur les solutions à imaginer pour un plus vaste espace.
" Car l'organisation de la grande Europe doit bien être notre
objectif à long terme. Près d'un demi-siècle après
les débuts de la construction européenne, l'inorganisation
relative du continent européen ne lui permet toujours pas de peser de
son vrai poids sur les affaires du monde.
" Le décalage est impressionnant entre, d'un côté, le
potentiel démographique, économique et culturel de l'Europe, et,
de l'autre, la difficulté qu'elle éprouve à affirmer son
identité politique. Nous le voyons, par exemple, au Proche Orient
où son influence, comme j'ai pu récemment le constater
moi-même, est loin d'être à la mesure des efforts d'aide
économique et financière qu'elle consent dans cette région
troublée.
" Je serais tenté de dire que, si l'Europe est certainement un
géant économique, elle demeure à bien des égards un
nain politique. Il faut donc lui donner les moyens de s'affirmer dans les
prochaines décennies, face à l'Amérique et aux
régions émergentes d'Asie et du Pacifique.
" Une meilleure coordination entre les multiples institutions qui
s'imbriquent, s'enchevêtrent et parfois se contredisent, est
indispensable. Nous devons clarifier le rôle respectif de ces
institutions, éviter les doubles emplois, notamment entre le Conseil de
l'Europe et l'OSCE, sous peine de voir l'Europe s'affaiblir encore face aux
interventions extérieures.
" L'Europe n'a pas vocation à vivre éternellement à
l'abri de puissances tutélaires.
" J'évoquais à l'instant l'importance de la Russie.
Regardons l'avenir. Une action de grande envergure s'impose pour aider ce pays
à s'intégrer durablement dans la construction européenne.
L'absence de tradition démocratique dans cet immense Etat, la
période de transition particulièrement difficile qu'il traverse,
doivent nous conduire à mettre en oeuvre un vaste programme d'aide
à la démocratisation, qui soit à la mesure de l'enjeu
historique que représente l'ancrage de la Russie dans la
communauté des Etats démocratiques d'Europe. Ce programme doit
concerner, en priorité, les fondements mêmes de la
démocratie que sont l'éducation et la formation des hommes.
" Le Conseil de l'Europe dispose de l'acquis indispensable pour mener
à bien l'adhésion définitive de ce pays aux normes de
l'Etat de droit et de la démocratie. L'Union européenne et les
Gouvernements qui la composent doivent aider le Conseil de l'Europe dans cette
tâche immense, car les moyens dont celui-ci dispose sont très
insuffisants.
" Alors que se dessine une nouvelle Europe, née de ces
élargissements successifs vers l'Est qui nourrissent l'essentiel des
débats au sein des institutions européennes depuis la chute du
mur de Berlin, l'heure est venue de fixer des objectifs et de donner un contenu
politique à la construction paneuropéenne.
" L'association du Conseil de l'Europe à la Politique
extérieure et de sécurité commune de l'Union
européenne ne pourrait que conforter le dialogue politique avec la
Russie.
" D'ores et déjà, plaçons-nous dans la perspective du
second sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement des pays membres du Conseil
de l'Europe, qui devrait marquer un tournant dans la construction d'une
société démocratique aux dimensions du continent.
" L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, qui avait
activement participé à la préparation du Sommet de Vienne
d'octobre 1993, voit ainsi s'ouvrir un nouveau chantier, propice à
l'élaboration de propositions novatrices.
" L'organisation de la grande Europe de demain suppose que se
rassemblent,
autour de valeurs communes, les initiatives et les projets entrepris depuis la
fin du second conflit mondial pour faire de l'Europe un espace de
liberté, de sécurité et de prospérité
économique.
" Pour réaliser cette grande ambition, il faut l'adhésion
des peuples. La participation des Parlements nationaux à
l'élaboration et à la mise en oeuvre du projet européen
est la condition de sa légitimité démocratique. L'histoire
des Parlements nationaux est indissociable de celle de la démocratie. De
celle-ci, aujourd'hui encore, la place faite aux Parlements demeure le
critère principal. Cependant, la technicité croissante des
problèmes, l'apparition de nouvelles instances multinationales
échappant à tout contrôle véritable, l'influence
croissante des médias, accélèrent le processus de
dessaisissement des Parlements. Ce processus, nous devons, résolument,
le combattre.
" Seuls des Parlements modernes, adaptés aux conditions nouvelles
d'exercice de la démocratie et renforçant leur coopération
mutuelle, seront à même d'affronter avec succès les
nouvelles responsabilités qui leur incombent.
" Le travail parlementaire doit désormais tenir compte du
développement et de l'expansion à l'échelle mondiale des
nouvelles technologies de transmission d'informations, dont le réseau
Internet est l'illustration.
" Les énormes potentialités de cet outil nouveau, les
perspectives qu'il laisse entrevoir quant à la place majeure de
l'information dans notre société, doivent conduire les Parlements
à engager, de toute urgence, une réflexion commune.
" Plus généralement, l'approfondissement de la
coopération interparlementaire doit permettre à tous les
Parlements d'améliorer leurs méthodes de travail et
d'investigation, de mieux maîtriser l'évaluation des choix
scientifiques et technologiques. Nous devons en outre harmoniser nos actions de
coopération bilatérale avec les programmes propres du Conseil de
l'Europe.
" Les Parlements français et allemand, qui ont déjà
mis en place des structures fortes de coopération bilatérale,
pourraient prendre une initiative en vue d'élaborer un programme commun
d'aide et d'assistance aux pays d'Europe centrale et orientale, et en
particulier à la Russie, en liaison avec le Conseil de l'Europe. En
clair, les Parlements nationaux doivent être mieux à même
d'assumer le nouveau rôle international qui leur incombe.
" Je citerai tout particulièrement l'observation des
élections, qui a consacré la qualité de l'expertise
parlementaire. De nombreuses institutions y concourent, ce qui nécessite
une coordination accrue, non seulement dans la préparation et le
déroulement des élections, mais également dans
l'élaboration de critères communs. L'observation des prochaines
élections en Bosnie-Herzégovine devrait être l'occasion
d'engager, sur ces questions, une réflexion nouvelle.
" Les expertises parlementaires devraient d'ailleurs se développer
de manière permanente, à l'instar de la procédure mise en
place par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour le
contrôle des engagements pris par les nouveaux Etats membres.
" La création, par cette Assemblée, d'une commission
spéciale sur la Tchétchénie est un exemple du rôle
que les parlementaires sont appelés à jouer dans le
règlement des conflits.
" Toutes ces questions seront évoquées lors de la
Conférence des Présidents des Assemblées
européennes, qui aura lieu début juin à Budapest. Elle
tirera, j'en suis certain, le plus grand profit de vos travaux, auxquels je
souhaite un plein succès.
" L'ambition qui est la nôtre -la réalisation de la Grande
Europe- est peut-être immense, et ne pourra sans doute se réaliser
que par étapes successives. Mais il nous faut, d'ores et
déjà, prendre les initiatives qui montreront aux peuples que la
volonté politique existe, et que le projet européen n'est
synonyme ni de recul économique, ni de régression sociale et
culturelle. C'est ainsi, et ainsi seulement, que nous pourrons conjurer la
morosité et le désenchantement que j'évoquais à
l'instant, et qui sont propres, si nous n'y prenons garde, à ruiner tous
les efforts accomplis depuis cinquante ans en faveur de la paix et de la
sécurité en Europe, en faveur, en un mot, de son
unité
. "
Puis
Mme Leni FISCHER, Présidente de l'Assemblée parlementaire
du Conseil de l'Europe
, a prononcé le discours suivant
:
"
C'est avec un très grand plaisir que je m'adresse à
vous aujourd'hui, dans cette Assemblée nationale française
où nous avons l'honneur d'être accueillis par
le
Président Philippe SÉGUIN
. Au nom de tous les participants
à cette Conférence, je tiens à lui exprimer mes plus
sincères remerciements et à lui dire combien nous sommes
sensibles à sa chaleureuse hospitalité et à
l'intérêt sans faille qu'il porte au Conseil de l'Europe et aux
travaux de son Assemblée parlementaire.
" Nous avons tous en mémoire, Monsieur le Président, le
discours que vous avez prononcé le 6 octobre 1994 à Strasbourg
devant notre Assemblée et qui trouve aujourd'hui son prolongement dans
l'important message que vous venez de nous adresser. Nous avons
également apprécié le nouvel éclairage que vous
avez su donner au projet de monnaie unique dans votre discours
d'Aix-la-Chapelle, et, tout récemment, les propos que vous avez tenus
dans votre chère ville d'Epinal, replaçant l'emploi,
c'est-à-dire l'homme, au coeur du projet européen.
" Dans l'incertitude où se trouve l'Europe quant à son
avenir, la qualité de vos analyses et la vision qu'elles sous-tendent,
prennent un relief tout particulier. Je ne doute pas que nos collègues
en tireront le plus grand profit, à l'heure où l'Europe est
confrontée à des choix décisifs.
" Car deux événements majeurs donnent à cette
Conférence interparlementaire une singulière
actualité : l'adhésion de la Russie au Conseil de
l'Europe, et l'ouverture, demain à Turin, de la Conférence
intergouvernementale de l'Union européenne.
" L'adhésion de la Russie consacre la dimension
paneuropéenne du Conseil de l'Europe, que parachèvera, avec les
adhésions prévisibles de la Croatie, des pays du Caucase et des
autres pays issus de l'Ex-Yougoslavie, la fin du processus
d'élargissement ouvert depuis la chute du mur de Berlin en 1989.
" L'Europe dispose ainsi avec le Conseil de l'Europe, d'une
institution
paneuropéenne à la fois expérimentée et innovante.
Saurons-nous faire fructifier ce capital inestimable ? Saurons-nous
donner au nouveau Conseil les moyens de faire face à l'immense
défi auquel il est confronté ?
" Telles sont précisément les questions que nous
souhaiterions voir évoquées à l'occasion de la
Conférence intergouvernementale. Certes, la C.I.G. est un exercice qui
concerne l'Union européenne au premier chef. Mais, comme l'a
souligné
M. SEITLINGER
dans son excellent rapport, le
débat sur la structure institutionnelle de l'Union peut-il être
séparé de la réflexion sur la construction
paneuropéenne ?
" La Conférence intergouvernementale a fait l'objet d'une
réflexion sans précédent dans les Parlements des Quinze.
Un large débat s'est engagé sur les moyens d'associer les
Parlements nationaux à l'élaboration et au contrôle des
actes communautaires. Plusieurs propositions ont été
avancées, qui témoignent de la vitalité des discussions au
sein des organes compétents des Parlements de l'Union.
" De leur côté, les instances dirigeantes de l'Union
européenne ont conduit une réflexion préparatoire qui,
certes, fait référence à l'UEO., à l'OTAN. et
à l'OSCE, mais qui fait preuve d'une remarquable discrétion en ce
qui concerne le Conseil de l'Europe.
" L'Union européenne peut-elle, d'un côté apporter un
appui spectaculaire à l'entrée de la Russie au Conseil de
l'Europe, souligner l'intérêt politique de cette adhésion
pour l'Europe et pour elle-même, et de l'autre, se dispenser d'une
réflexion de fond sur les conséquences à tirer de cette
nouvelle donne institutionnelle qui fait que pratiquement tous les pays du
continent européen sont membres du Conseil de l'Europe, et y
coopèrent sur un pied d'égalité ?
" L'heure est à l'imagination, à la définition de
voies nouvelles pour la construction de l'Europe continentale, désormais
réunie autour des valeurs communes de la démocratie et de l'Etat
de droit.
" Nous pensons que le projet d'intégration communautaire et la
démarche intergouvernementale et interparlementaire du Conseil de
l'Europe sont complémentaires et sont les deux facettes d'un même
projet politique pour l'Europe de demain.
" L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a fait des
propositions qui reposent sur la notion de finalité unique du projet
européen et sur le rôle que doivent jouer les Parlements nationaux
dont elle est l'émanation. Devenue la maison commune des Parlements
d'Europe, elle se devait en effet de faire connaître sa position à
l'égard de la Conférence intergouvernementale, dont les
décisions auront immanquablement des implications pour l'Europe tout
entière et les autres institutions européennes.
" Nous proposons ainsi de réviser l'article 230 du Traité de
Rome afin d'y faire reconnaître par la Communauté
européenne les réalisations et le rôle du Conseil de
l'Europe dans les domaines des institutions démocratiques, des normes
juridiques et des droits de l'homme.
" Qu'en serait-il du processus de démocratisation dans les Etats
d'Europe centrale et orientale s'ils n'avaient trouvé appui et accueil
auprès de nous, après l'effondrement du communisme ?
" Nous appelons l'attention sur l'acquis considérable du Conseil de
l'Europe dans les domaines couverts par le troisième pilier de l'Union
européenne, c'est-à-dire la justice et les affaires
intérieures.
" Nous souhaitons le renforcement du lien entre le dialogue politique
au
sein du Conseil de l'Europe, qui va se développer avec l'adhésion
de la Russie, et la Politique extérieure et de sécurité
commune de l'Union.
" Nous nous prononçons d'une manière générale
pour le renforcement de la coopération entre le Conseil de l'Europe et
l'Union européenne, que soulignerait avec éclat l'adhésion
de la Communauté à la Convention européenne des Droits de
l'Homme.
" Je ne peux imaginer que l'Union européenne réinvente un
dispositif qui a fait ses preuves, qui a été à l'origine
du projet européen et qui est désormais la norme dans toute
l'Europe.
" J'y ajouterais le souhait que la Communauté adhère aussi
à la Convention culturelle du Conseil de l'Europe, signée en 1954
à Paris et qui est devenue l'expression même de la
diversité et de l'identité culturelle du continent.
" Je voudrais saluer ici l'approche positive du Parlement européen
qui a toujours apporté son appui à nos propositions, et rappeler
en particulier l'important débat que le Parlement a consacré aux
relations avec le Conseil de l'Europe en décembre 1993.
" En septembre 1995, l'Assemblée parlementaire a discuté de
sa contribution aux travaux préparatoires de la Conférence
intergouvernementale. A cette occasion, il a été dit que
l'Assemblée parlementaire et le Parlement européen sont les
institutions européennes les mieux à même de
répondre à l'exigence démocratique des Européens et
que cela doit aider au renforcement de leur coopération. C'est dans cet
esprit que je rencontrerai bientôt le Président Hänsch et que
des délégations des Bureaux de nos institutions vont se
réunir.
" Les propositions de notre Assemblée tendent aussi à faire
reconnaître le rôle majeur des Parlements nationaux dans la
politique européenne. L'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe a le double avantage d'être composée d'élus
nationaux et de représenter la quasi-totalité du continent
européen. Elle apporte donc à la réflexion en cours une
représentativité répondant au souci légitime des
Parlements nationaux de faire entendre leur voix et une dynamique
adaptée au nouvel espace de l'Europe élargie.
" Ses travaux récents esquissent une conception d'ensemble de la
future architecture paneuropéenne.
" Nous estimons d'abord que toutes les institutions doivent travailler
dans un esprit de partenariat et avec le souci de mieux répartir les
tâches entre elles. Un nouvel état d'esprit fondé sur la
volonté de coopérer plus efficacement doit aujourd'hui
prévaloir, tant les défis qui nous sont adressés sont
considérables. Aucune institution ne peut prétendre régler
à elle seule l'ensemble des problèmes qui se posent à
l'échelle du continent.
" Nous nous réjouissons du rôle moteur de l'Union
européenne dans la construction européenne et nous souhaitons
qu'elle soit renforcée dans ses compétences et ses institutions,
y compris dans le domaine de la défense grâce à l'Union de
l'Europe occidentale, pilier européen de l'OTAN.
" Le Conseil de l'Europe est quant à lui l'outil majeur de la
sécurité démocratique, de la sauvegarde des droits de
l'homme et de la consolidation de l'Etat de droit dans tous les domaines de la
société civile.
" Quant à l'OSCE, elle est un instrument irremplaçable de
prévention des conflits et de gestion de ces crises. L'Assemblée
de l'OSCE et la nôtre ont passé un accord de coopération et
j'espère que nous parviendrons à resserrer encore les relations
entre les deux institutions, qui se sont vu confier récemment des
missions difficiles en Bosnie-Herzégovine. A mon avis, nos deux
Assemblées pourraient apporter ensemble une contribution importante
à la préparation et à l'observation des premières
élections démocratiques dans ce pays.
" L'Union européenne, enfin, a tout intérêt à
s'appuyer sur ces institutions qui couvrent un espace géographique plus
large que le sien et qui peuvent la faire bénéficier de leurs
expertises, à l'heure où elle s'engage elle aussi dans un
processus d'élargissement en direction des pays d'Europe centrale et
orientale.
" C'est dans le développement harmonieux de ces différents
schémas que se construira patiemment et en profondeur l'unité du
continent.
" L'Union européenne a tout intérêt aussi à ce
que le Conseil de l'Europe réussisse une intégration efficace de
ses nouveaux membres dans la famille des démocraties européennes,
y compris la Russie. Elle soutient déjà certaines
activités de formation et d'assistance à ces pays. Il s'agit
maintenant d'être plus ambitieux devant les besoins immenses que nous
avons recensés. Notre Assemblée est très
préoccupée par la poursuite du conflit en
Tchétchénie, et nous apportons notre soutien à la
Commission
ad hoc
que l'Assemblée parlementaire du Conseil de
l'Europe a décidé de dépêcher sur place. Cette
Commission a pour mission d'aider les Russes à dégager une
solution politique fondée sur la négociation et le respect des
minorités.
" Nous espérons que cette solution sera rapidement définie,
afin de permettre à la Russie de poursuivre, dans une
sérénité retrouvée, la consolidation du processus
de démocratisation qu'elle a courageusement engagé et que nous
soutenons ardemment.
" Malheureusement, les persécutions à l'égard de
minorités se poursuivent en bien d'autres endroits d'Europe. Le Conseil
doit redoubler de vigilance et promouvoir la protection des minorités
nationales tout en développant les mesures de confiance dans les pays
concernés.
" Pour mener à bien toutes ces actions, nous avons besoin de la
mobilisation des Parlements nationaux avec lesquels l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe a beaucoup de projets à
réaliser en commun.
" La coopération interparlementaire est un élément
essentiel de formation dans les Parlements d'Europe centrale et orientale. Elle
joue un rôle décisif dans le renforcement de leur capacité
législative. Nous souhaitons coordonner le programme de
coopération de l'Assemblée parlementaire avec les programmes
bilatéraux lancés par plusieurs Parlements et, en particulier,
par les Parlements français et allemand.
" Nous proposons de réaliser avec les Parlements qui le
souhaiteront quelques projets pilotes à la mesure des importants besoins
qui se manifestent. La formation et l'éducation doivent être au
coeur de la coopération car ce sont les fondements de la culture
démocratique que nous souhaitons promouvoir.
" De même, nous devons examiner ensemble toutes les
conséquences qu'ont les nouvelles technologies de l'information sur
l'exercice de la démocratie, et veiller, y compris en proposant de
nouvelles normes, à éviter que les libertés essentielles
et les règles élémentaires de l'éthique ne soient
contournées.
" L'ampleur des défis à venir, les conséquences
à tirer de l'élargissement du Conseil de l'Europe et de
l'intensification du dialogue intercontinental -qu'illustre l'octroi du statut
d'observateur aux Etats-Unis et bientôt au Japon et au Canada-, la
définition de nouveaux objectifs et de moyens appropriés,
soulignent la nécessité d'un second sommet des chefs d'Etat et de
Gouvernement des pays membres du Conseil de l'Europe.
" Je remercie vivement
le Président CHIRAC
d'avoir bien
voulu m'indiquer qu'il était pour sa part favorable à la tenue
d'un tel sommet qui, je l'espère, pourra se tenir à l'automne
1997, sous la présidence française.
" Les propositions novatrices que le Président français
vient de présenter pour une Europe plus démocratique, plus
sociale et plus humaine laissent bien augurer de cette rencontre.
" Nous devons d'ores et déjà préparer cette grande
échéance. L'Assemblée parlementaire avait, sous
l'impulsion du Président Martinez, participé activement à
la phase préparatoire du premier sommet de Vienne d'octobre 1993. Nous
devons agir de même aujourd'hui et la présente Conférence
interparlementaire vient à point nommé pour permettre un
échange de vues sur les perspectives de la construction
paneuropéenne et sur le rôle des Parlements nationaux.
" J'adresse tous mes remerciements aux Présidents et aux
représentants des autres Assemblées européennes, de la
COSAC et des Assemblées parlementaires régionales, qui ont bien
voulu être présents parmi nous et participer à notre
discussion dans un esprit de dialogue et de coopération.
" Je forme le voeu que nos travaux, qui s'engagent sous les meilleurs
auspices grâce au remarquable travail des rapporteurs, auxquels je rends
ici hommage, marquent une étape importante dans notre réflexion
commune en vue de donner à la construction européenne la grande
dimension qu'attendent les peuples.
" A cet égard, permettez-moi encore de rendre hommage au
Président SÉGUIN
qui nous a rappelé, dans son
remarquable discours d'Epinal, l'impérieuse nécessité de
l'adhésion des peuples au projet européen et au modèle de
société qu'il implique. La construction européenne doit
être envisagée comme un projet véritablement
démocratique, économiquement viable mais socialement plus juste,
garantissant la sécurité et respectant la diversité
culturelle européenne. Sur ce plan, nous sommes confrontés
à des interrogations majeures. Après plus d'une décennie
du tout économique fondée sur le libre jeu des marchés et
le monétarisme, sous le coup de la mondialisation de l'économie
et d'une compétition industrielle et commerciale sans merci, il importe
maintenant de prendre un peu de recul. En effet, nous ne pouvons qu'être
interpellés par le fait que l'augmentation globale des richesses va de
pair avec une réduction importante des emplois et une fracture sociale
de plus en plus grande. Le moment me semble venu d'intégrer un point de
vue éthique dans notre réflexion concernant la finalité
même de notre vie en société. Je suis convaincue que cette
réflexion doit être menée ensemble par les Parlements
nationaux et l'Assemblée du Conseil de l'Europe qui devraient
dégager les grandes lignes d'un projet européen ayant l'homme
comme finalité. "
M. Jean-Claude MIGNON, député (RPR),
raporteur de la
conférence au titre du thème II : "Vers une civilisation
démocratique paneuropéenne", a présenté les
observations suivantes à l'appui de son rapport écrit :
" Le Conseil de l'Europe occupe une place particulière parmi les
institutions européennes. Il s'agit de l'organisation la plus ancienne,
créée dès 1949 dans la période
d'après-guerre. Le Conseil de l'Europe a été ainsi le
creuset des idées et des propositions qui ont abouti à la
signature du Traité de Rome en 1957 créant le marché
commun.
" Il a ensuite été au coeur du débat sur la nouvelle
Europe après les bouleversements de 1989, et sa dimension
paneuropéenne trouve aujourd'hui son accomplissement avec
l'adhésion de la Russie.
" Le Conseil de l'Europe est aujourd'hui en mesure d'apporter une
contribution décisive à l'élaboration d'un projet de
civilisation paneuropéenne.
" En effet, et c'est sans doute sa profonde originalité, le Conseil
de l'Europe qui a fait de l'éthique le levier de son action, a vocation,
de par son statut même (article ler), à proposer des normes et des
standards dans pratiquement tous les domaines de la vie politique,
économique, sociale et culturelle.
" Hormis les questions de défense, il est clair en effet que la
compétence du Conseil de l'Europe était, dès l'origine,
extrêmement vaste et couvrait en réalité tous les secteurs
de la vie sociale.
" Depuis sa création, le Conseil de l'Europe a
élaboré 162 conventions dont la plus connue est la Convention
européenne des Droits de l'Homme de 1950. Bien d'autres textes de
référence ont été signés depuis tels que la
Charte sociale européenne, la Convention culturelle, les conventions sur
la circulation des personnes, la pharmacopée européenne, la
violence dans les stades, la coopération transfrontalière, la
protection des émissions de télévision, etc...
" C'est donc au sein de ce riche réseau des conventions du Conseil
de l'Europe, appelé d'ailleurs à se développer encore
davantage, que l'on peut dégager les normes applicables à un
véritable projet de civilisation concernant l'ensemble du continent.
" La mise en oeuvre de ce projet nécessite des efforts particuliers
en vue d'assurer la cohésion sociale, en particulier par l'adoption de
mesures de confiance dans la société civile, qui faciliteront la
construction d'un espace juridique commun et le renforcement de
l'identité culturelle européenne.
" Le Sommet de Vienne d'octobre 1993 a demandé l'élaboration
de mesures de confiance pour accroître la tolérance et la
compréhension entre les peuples. Cet objectif résulte d'une prise
de conscience du fait que, premièrement le Conseil de l'Europe devrait,
au-delà de ses activités d'envergure européenne,
être prêt à participer à la résolution de
problèmes spécifiques des minorités ; et
deuxièmement, pour que les réformes juridiques en matière
de minorités atteignent leur objectif, elles doivent s'accompagner d'un
changement d'attitude des intéressés.
" La participation spécifique du Conseil de l'Europe à
l'instauration d'un climat de confiance intervient donc principalement à
deux niveaux :
- fournir l'assistance et les avis d'experts à la rédaction de
traités bilatéraux, de dispositions nationales ou de politiques
concernant la situation d'une minorité donnée ;
- soutenir les projets pilotes visant à promouvoir de bonnes relations
entre les minorités et la majorité "locale".
" Une large part des travaux du Conseil de l'Europe s'inscrivent dans
son
objectif général de promotion d'un climat de compréhension
et de tolérance mutuelles, et de respect de la culture des autres. C'est
par exemple le cas des activités en matière d'éducation
(éducation pour une citoyenneté démocratique,
éducation interculturelle, apprentissage des langues, nouvelles
approches dans l'enseignement de l'histoire) ; de culture et de sauvegarde
du patrimoine culturel ; des moyens de communication de masse ; des
migrations et des rapports entre communautés ; de la promotion de
la coopération transfrontalière entre les autorités
locales et régionales.
" Si divers partenaires interviennent dans ces activités, celles-ci
restent toutefois dans une large mesure du ressort traditionnel de la
coopération intergouvernementale. Mais l'importance croissante des
problèmes des minorités, en particulier en Europe centrale et
orientale, a révélé que de telles initiatives doivent
s'accompagner d'initiatives spécifiques sur le terrain, entreprises en
étroite collaboration avec les communautés concernées.
Telle est la motivation sous-jacente au programme des mesures de confiance dans
la société civile.
" Ce programme rassemble des activités de type préventif,
c'est-à-dire conçues pour désamorcer des tensions
susceptibles d'engendrer de graves conflits. Elles doivent essentiellement
être de nature pratique et aider à faire tomber les
barrières qui séparent les communautés sur le terrain
grâce au dialogue et aux occasions d'apprendre ou de travailler ensemble
à des projets spécifiques. Le partage d'une telle
expérience est considéré comme le moyen le plus efficace
de promouvoir la connaissance et la compréhension mutuelles, et
d'écarter la violence dans la solution des problèmes.
" Les mesures de confiance peuvent intervenir dans un vaste
éventail de secteurs. Le programme intergouvernemental
d'activités de 1995 mentionne explicitement les médias,
l'éducation, le logement et les services sociaux. Cela n'empêche
pas de mener des projets dans d'autres secteurs culturels ou sociaux, ou dans
ceux de la jeunesse, de la démocratie locale ou de la coopération
régionale. Leur principale caractéristique sera de faire
intervenir principalement des partenaires non gouvernementaux.
" Par définition, ces projets n'auront généralement
un effet direct qu'au niveau local. C'est la raison pour laquelle ils sont
conçus comme des projets pilotes qui, en cas de réussite, auront
un effet multiplicateur et encourageront d'autres à s'engager sur la
même voie. Il conviendra d'encourager l'organisation en réseaux et
l'enrichissement mutuel des projets, et de tirer les leçons des
réussites comme des échecs.
" De même, il est réaliste d'espérer des
résultats à moyen et à long terme, et non dans
l'immédiat. Le besoin pour de tels projets dérive
précisément de l'impossibilité de légiférer
pour changer les mentalités. Pour créer un climat de confiance,
il
faut de la patience et de la persévérance.
" Le rôle du Conseil de l'Europe ne se limite pas à l'apport
des fonds nécessaires au démarrage des divers projets pilotes.
Pour garantir que les projets soient menés suivant le schéma
approuvé et continuent à répondre aux objectifs des
mesures de confiance, leur application doit faire l'objet d'un suivi et d'une
assistance par le service correspondant du Conseil de l'Europe. Ce dernier
devrait assurer un dialogue permanent avec les responsables de projet et rester
prêt, le cas échéant, à fournir une aide pour
résoudre d'éventuels problèmes.
" Le suivi de l'application de chaque projet doit faire l'objet d'un
bilan
effectif quand il se termine. Pour ce faire, les objectifs du projet doivent
être clairement définis dès le départ, afin que les
résultats obtenus puissent y être comparés. D'autre part,
il en dérive une obligation pour les organisateurs non seulement de
justifier que les fonds attribués par le Conseil de l'Europe ont
été correctement dépensés, mais encore de
coopérer à l'évaluation de la mesure dans laquelle les
objectifs du projet ont réellement été atteints, et de
fournir toutes les informations que cela demande. Une telle évaluation
doit permettre de tirer des leçons en vue du choix de projets
ultérieurs. Elle revêt donc une importance particulière
dans le cas de projets destinés à servir de modèles de
bons usages.
" La nature du soutien accordé à un projet par le Conseil de
l'Europe varie considérablement ; il s'agit parfois d'une
assistance morale ou technique, sans apport financier substantiel. Il ne serait
donc pas toujours approprié d'appliquer une procédure
d'évaluation normalisée. Une équipe dépendant de la
Direction des affaires politiques est chargée de la gestion du programme
de confiance. Elle coopère étroitement avec les services
compétents des institutions, centralise et assure la coordination. Le
Comité des ministres a constitué un petit Comité de
Pilotage pour assurer la sélection finale des projets proposés
pour leur inclusion dans les mesures de confiance. Ce Comité de Pilotage
a pour mandat d'examiner les projets approuvés et filtrés par le
Secrétariat pour lesquels les informations nécessaires ont
été fournies, et de prendre des décisions finales sur
l'adoption des projets et le mode d'assistance du Conseil de l'Europe. Une
trentaine de projets ont été approuvés par les
Comités de Pilotage.
" Les activités du Conseil de l'Europe dans le domaine juridique
ont toujours été prioritaires et cela se comprend car
l'Organisation a puissamment contribué à la construction d'un
espace juridique commun, notamment en tissant une trame de 162 conventions et
accords dans tous les domaines du droit. Pour ne citer que quelques
instruments, mentionnons les conventions dans le domaine pénal, telles
que celles sur l'entraide judiciaire, l'extradition, la répression du
terrorisme, le blanchiment de l'argent, ou encore la Convention sur la
protection des données à caractère personnel. Le Conseil
de l'Europe a ainsi directement contribué à l'harmonisation du
droit en jetant les bases d'un espace juridique au niveau de la Grande Europe.
" Depuis quelques années et surtout depuis l'ouverture à
l'Est, les activités dans ce domaine ont surtout été
axées sur le renforcement de la démocratie pluraliste et sur
l'Etat de droit et forment ainsi un complément indispensable à
l'action dans le domaine des droits de l'homme. Cette tendance s'affirme tant
dans le programme intergouvernemental d'activités régissant
à l'origine la coopération entre Etats membres mais qui, par la
voie des projets "Grande Europe", s'est ouvert largement à la
participation d'Etats non membres d'Europe centrale et orientale, que dans les
programmes spécifiques de coopération et d'assistance avec ces
pays. L'objectif de l'ensemble de ces activités est en effet la
cohésion démocratique de notre continent.
" La Conférence des ministres européens de la justice
constitue une excellente source d'initiatives dans le domaine de la
coopération juridique et fournit l'impulsion politique
nécessaire. Cette Conférence se réunira du 11 au 12 juin
1996, à Budapest, sur le thème : "Efficacité,
équité de la justice civile, pénale et administrative", et
l'on peut espérer que cette réunion soit le point de
départ d'une action au Conseil de l'Europe et dans les pays membres pour
remédier aux problèmes de procédure dans de nombreuses
juridictions nationales.
" L'Assemblée parlementaire constitue une autre source d'initiative
importante pour les activités juridiques. Le programme
intergouvernemental d'activités dans le domaine juridique a
été considérablement renforcé pour 1996 et les
priorités clairement définies.
" La lutte contre la criminalité est essentielle dans toute
société démocratique. Le Conseil de l'Europe
bénéficie d'une expérience unique en la matière et
fait preuve de dynamisme en s'adaptant continuellement à
l'évolution de la société et aux nouvelles formes de
criminalité que cette évolution entraîne malheureusement.
C'est ainsi que la corruption constitue une menace dans tous les pays de notre
continent et sape les bases mêmes des institutions démocratiques.
Le Conseil de l'Europe vient donc d'élaborer un ambitieux programme
d'action contre ce fléau. Ce programme est destiné à
être mis en oeuvre sur une période d'au moins cinq ans et portera
sur tous les aspects juridiques (civils, administratifs et pénaux).
L'élaboration d'un ou de plusieurs instruments internationaux est
prévue dont, si possible, une convention intemationale-cadre contenant
des principes généraux assortie d'un mécanisme de mise en
oeuvre, mais également un code de conduite européen des agents
publics.
" Dans le secteur de la protection des données à
caractère personnel, le Conseil de l'Europe a élaboré une
convention qui vise à délimiter l'exercice du droit à la
liberté d'expression par rapport au droit au respect de la vie
privée. Dans le secteur de l'information juridique se tiendra à
Stockholm, en juin, le XXVIè Colloque de droit européen qui sera
consacré aux "Changements dans le domaine du Droit et des technologies
d'information".
" La bioéthique est un autre domaine où le Conseil de
l'Europe est actif depuis quelques années. Il se devait en effet de
s'intéresser à cette problématique car il s'agit de
défendre des valeurs fondamentales telles que la vie, la vie
privée, la famille et le respect de l'être humain, à la
fois comme individu et dans son appartenance à l'espèce humaine.
Il s'agit également de s'adapter à des techniques qui progressent
très rapidement en créant des vides juridiques qu'il s'agit de
combler afin d'éviter l'anarchie. C'est pourquoi le Conseil de l'Europe
élabore en ce moment un projet de convention pour la protection des
droits de l'homme et la dignité de l'être humain à
l'égard des applications de la biologie et la médecine,
dénommée "Convention de bioéthique" qui constituera le
premier texte de référence en la matière.
L'Assemblée parlementaire a déjà donné un premier
avis sur ce projet et devrait à nouveau être consultée dans
quelques semaines avant l'adoption du projet par le Comité des ministres.
" Au vu de son expérience dans le domaine des
réfugiés et des apatrides, le Conseil de l'Europe a
été chargé, dans le contexte des Accords de Dayton,
d'organiser en mars 1996, en coopération avec le Haut Commissaire des
Nations Unies pour les réfugiés, une réunion d'experts de
cinq pays situés sur le territoire de l'Ex-Yougoslavie pour
vérifier que les législations en vigueur ou en projet ne feront
pas obstacle au retour des réfugiés et des personnes
déplacées.
" Le Conseil de l'Europe développe également une
activité permanente visant à renforcer le rôle du droit
international public. Suite à la troisième Conférence
européenne sur le Droit de la famille tenue à Cadix en novembre
1995, un nouvel élan a été donné aux
activités dans ce secteur. Une Convention européenne sur
l'exercice de droits des enfants vient d'être ouverte à la
signature des Etats membres en janvier.
" Les piliers de ces programmes de coopération et d'assistance avec
les pays d'Europe centrale et orientale sont l'Etat de droit, la
démocratie pluraliste et le respect des droits de l'homme. Le Conseil de
l'Europe met donc son acquis dans le domaine de la coopération juridique
en général à la disposition des pays
bénéficiaires. Le programme Demo-Droit vise à promouvoir
les réformes législatives. Cette action en amont est
complétée en aval par le plan Thémis destiné
à assurer la mise en oeuvre des réformes intervenues. Il propose
aux professions juridiques des programmes de formation et de perfectionnement
s'inspirant des principes fondamentaux de l'Etat de droit et des droits de
l'homme. La Commission européenne pour la Démocratie par le Droit
fonctionnant depuis 1990 sous la forme d'un Accord partiel, est un organe
consultatif qui coopère avec les Etats membres du Conseil de l'Europe et
les Etats non membres. Elle aide les nouvelles démocraties d'Europe
centrale et orientale à créer de nouvelles infrastructures
politiques et juridiques.
" Le Conseil de l'Europe, dès sa création en 1949, a
développé une compétence en matière culturelle
autour de deux lignes directrices, d'une part la défense du pluralisme
des identités culturelles et d'autre part, la mise en valeur du
patrimoine commun. Le cadre géographique propre à la Convention
culturelle européenne s'est élargi considérablement depuis
40 ans, et plus particulièrement depuis la chute du mur de Berlin.
L'Organisation se voit donc confier une vocation paneuropéenne, mais au
prix d'une complexité accrue du fait de la confrontation des situations
nationales les plus diverses.
" La Convention culturelle européenne affirme l'existence d'une
"culture européenne" dont la sauvegarde et le développement
doivent être assurés au moyen d'"une politique d'action commune".
" L'évolution de la coopération culturelle est le fruit d'un
programme intensif d'activités réalisées grâce
à l'oeuvre du Conseil de la Coopération culturelle (CDCC). Son
rôle est primordial puisqu'il conçoit et réalise les
programmes du Conseil de l'Europe en matière d'éducation et de
culture, grâce au Fonds culturel. Il est assisté par quatre
Comités spécialisés : Education, Enseignement
supérieur et Recherche, Culture, et Patrimoine culturel.
" Une date symbolique a été franchie récemment avec
la célébration, entre décembre 1994 et mai 1995, de 40 ans
de coopération culturelle. Le Sommet de Vienne, qui a réuni en
octobre 1993 l'ensemble des chefs d'Etat et de Gouvernement des pays membres du
Conseil de l'Europe, a montré le rôle fondamental que la
coopération culturelle peut et doit jouer dans le soutien et la
consolidation de la sécurité démocratique, et a
donné l'impulsion nécessaire à l'élaboration d'un
ensemble de nouveaux programmes.
" Le Conseil de l'Europe s'est vu confier la mission de réaliser,
sur notre continent, "un vaste espace de sécurité
démocratique". Au même titre que la démocratie, le respect
des droits de l'homme et la prééminence du droit, la
coopération culturelle est devenue un des quatre piliers de
l'Organisation d'une Europe démocratique multilingue et pluriculturelle.
La coopération doit jouer un rôle croissant de cohésion et
de stabilité particulièrement en promouvant une attitude positive
vis-à-vis de la diversité culturelle. L'enjeu est de renforcer la
conscience d'une identité européenne commune, de
développer une conception de cette identité culturelle en
référence à une histoire et à un patrimoine
particuliers, qui soit en même temps plurielle, dynamique et
évolutive.
" L'année 1996 constituera, pour le CDCC et le Fonds culturel, une
année de transition, en raison de l'achèvement prévu de
plusieurs grands projets. La réorganisation envisagée à
partir de 1997 devra tenir compte de l'émergence d'une politique
culturelle au sein de l'Union européenne. Le rôle du Conseil de
l'Europe n'en est pas pour autant menacé : il
est au
contraire explicitement défini dans les articles 126 et 128 du
Traité de Maastricht, ce qui a permis des progrès importants,
dans la période récente, dans la coopération entre les
deux organisations.
" L'examen des demandes de coopération provenant d'Etats non
parties à la Convention et n'appartenant pas au continent
européen est un autre défi à relever.
" Aux termes de ce rapport, il apparaît que le chapitre ouvert par
le Conseil de l'Europe pour fixer les bases d'une société
paneuropéenne est déjà considérable.
" La qualité des expertises du Conseil de l'Europe est aujourd'hui
reconnue par l'ensemble des institutions européennes. Le Conseil de
l'Europe apparaît comme une organisation ayant la capacité
d'innover, de susciter des approches nouvelles pour relever les nouveaux
défis de la société. Ces défis sont immenses, tels
que les conséquences à tirer des nouvelles technologies de
l'information dont Internet est la réalisation-pilote.
" Le Conseil de l'Europe a toujours été à
l'avant-garde dans l'analyse des grands problèmes de
société. Ses travaux précurseurs sur le Sida dans les
années 1980 en témoignent. Si les experts et les administrations
en avaient pris mieux connaissance, une tragédie aurait peut-être
pu être évitée...
" Pour une meilleure efficacité, le Conseil de l'Europe doit
renforcer sa coopération avec les autres institutions européennes
et en particulier avec l'Union européenne avec laquelle pourrait se
développer un nouveau partenariat.
" Les programmes de coopération avec les pays d'Europe centrale et
orientale doivent demeurer prioritaires. Beaucoup reste à accomplir, en
effet, pour aider ces pays à établir de nouvelles normes
applicables à l'ensemble de la vie publique.
" L'avenir du Conseil de l'Europe dans le nouveau contexte de son
élargissement à l'ensemble du continent européen
dépend plus que jamais de la volonté politique des Gouvernements.
Pour mener à bien les missions qui lui ont été
confiées par les chefs d'Etat et de Gouvernement lors du Sommet de
Vienne d'octobre 1993 et compte tenu de l'adhésion de la Russie, le
Conseil de l'Europe a besoin de moyens nouveaux. L'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe devrait d'ores et déjà
prendre des initiatives en faveur de la tenue d'un second sommet du Conseil de
l'Europe.
" Enfin, il est essentiel de rappeler une fois de plus la
nécessité pour le Conseil de l'Europe d'améliorer sa
communication pour que l'Organisation soit en mesure de donner à toutes
les actions qu'elle entreprend le retentissement souhaitable. "
Mme Nicole FONTAINE, Vice-Présidente du Parlement européen
(Parti populaire européen)
, est intervenue, lors de la discussion du
même thème, dans les termes suivants :
" Permettez-moi, tout d'abord, d'un mot, de me féliciter de cette
Conférence inerparlementaire que le Conseil de l'Europe et
l'Assemblée nationale française ont conjointement
organisée et à laquelle ils ont voulu associer le Parlement
européen, ce dont je vous remercie.
" Il faut bien l'admettre, depuis près de quarante ans, la
construction européenne s'est effectuée assez largement en marge
des citoyens, et souvent dans une grande absence de communication et de
transparence. Les campagnes référendaires qui, dans plusieurs
pays de l'Union, ont précédé l'adoption du traité
de Maastricht en 1992 ont révélé un véritable
fossé psychologique entre les citoyens et les décideurs
communautaires.
" Aujourd'hui, ce fossé demeure. Le temps de l'europhilie
euphorique est derrière nous, et nous devons affronter une crise assez
profonde de nos opinions publiques à l'égard de l'Europe. Son
image s'est détériorée, à des degrés divers,
dans tous les pays de l'Union. Nous devons ensemble, dans l'exercice de nos
responsabilités respectives et en renforçant notre
coopération, nous préoccuper de cette situation. A la veille de
la Conférence intergouvernementale, dont l'objectif est de parvenir
à une réforme profonde de l'Union pour la rendre plus
démocratique et en adapter le fonctionnement à la perspective de
son élargissement, l'entreprise est capitale. Les conclusions de la
C.I.G. devront recevoir explicitement l'assentiment de chacun des quinze
peuples, soit directement par référendum, soit par l'entremise de
leurs représentants élus.
" S'agissant des pays candidats à l'Union, il est essentiel que
cette expérience les amène à se pencher dès
maintenant sur les suites qu'aura l'adhésion dans leurs opinions
respectives, et il importe de prévenir le risque que la déception
succède à l'enthousiasme né de promesses insuffisamment
tenues. L'évolution rapide de l'opinion chez nos amis autrichiens et
suédois qui ont adhéré à l'Union européenne
depuis un an à peine est éclairante à cet égard.
" Car l'Union n'est pas un supermarché. Sa finalité est
d'être une authentique communauté, qui a vocation à
intégrer la plupart des pays de l'Europe. Au-delà des
échanges économiques, l'essentiel est dans le rapprochement
toujours plus grand des peuples eux-mêmes en une civilisation
paneuropéenne. Cela suppose une volonté politique bien
ancrée de garder le cap sur les exigences essentielles :
démocratie consolidée, structure sociale de marché,
adhésion à la dimension politique de l'Europe dont la
défense commune est un pivot. "Nous ne coalisons pas des Etats, nous
unissons des hommes", disait déjà Jean Monnet il y a cinquante
ans. Il n'en demeure pas moins que nous devons accomplir ensemble un double
effort : un effort de communication, un effort de courage politique et de
clarification.
" Un effort de communication : peut-être avons-nous eu tort de
tant dénoncer le déficit démocratique de la construction
européenne ; nos concitoyens n'en ont retenu que le constat, sans
se projeter sur l'objectif auquel nous souhaitions les sensibiliser et les
associer.
" Un effort de courage politique et de clarification : la
réforme à laquelle la Conférence intergouvernementale qui
s'ouvrira demain doit pouvoir répondre apparaît à la fois
nécessaire et urgente pour que, dans la perspective de
l'élargissement, l'Union préserve sa capacité d'action et
pour qu'aux yeux de nos citoyens nos institutions, qui les représentent,
soient plus lisibles.
" La qualité des relations entre nos institutions parlementaires
est pour cela fondamentale, et il convient, ici, à la fois de souligner
l'acquis et de relever ce qui peut et doit être amélioré.
" Entre Parlement européen et Conseil de l'Europe, notre
coopération a été renforcée. Nous ne nous limitons
plus à siéger dans la même enceinte à
Strasbourg ! Nous avons le souci d'accorder la
complémentarité de nos rôles et d'établir des
partenariats sur les sujets qui nous sont communs.
" Je remercie Mme Fischer de l'avoir souligné ce matin. Je confirme
que le Parlement européen a souvent réitéré
l'exigence de voir la Communauté adhérer à la Convention
des Droits de l'Homme.
" Entre Parlement européen et Parlements nationaux, nous nous
rencontrons, nous nous parlons, nous débattons sous des formes
multiples. La Conférence des présidents des Parlements nationaux
des Quinze se réunit régulièrement. La COSAC constitue un
forum privilégié de réflexion commune.
" Pourtant, au cours de ces dernières années, les Parlements
nationaux ont eu le sentiment d'être progressivement
dépossédés de leurs prérogatives
législatives au profit des institutions communautaires, alors que, dans
le même temps, la législation européenne prenait le pas sur
les législations nationales. Le débat n'est pas seulement
important, il
est essentiel.
" Au Parlement européen, sans fermer la porte à une
recherche inventive, il nous apparaît que la réponse n'est pas
dans la création d'une nouvelle institution, telle qu'une Chambre des
Parlements nationaux qui ne ferait qu'ajouter à la complexité
institutionnelle déjà grande, mais dans le renforcement des
mécanismes d'information et de contrôle dont les Parlements
nationaux doivent disposer à l'égard de leur propre Gouvernement
pour toutes les questions européennes ayant des effets
législatifs.
" Je me réjouis qu'en France, une disposition soit désormais
inscrite dans la Constitution, qui prévoit que les propositions de
directives communautaires sont, dès leur communication au Gouvernement,
transmises au Parlement qui exprime son avis par voie de résolutions.
Cette disposition est équilibrée. Elle permet à la
représentation nationale d'exprimer à temps au Gouvernement, et
non plus lorsqu'il est trop tard, ses avis et amendements.
" La généralisation de ce type de procédure, sous des
formes à choisir par chaque pays, serait de nature non seulement
à renforcer le fonctionnement démocratique de l'Union, mais
également à vérifier que le principe de
subsidiarité, introduit dans le Traité de Maastricht en vue
d'assurer une répartition plus judicieuse des compétences entre
le niveau des Etats et celui des institutions communautaires, sera, dans chaque
cas, respecté. Ce dernier aspect est d'autant plus important que plus
nous avancerons dans l'unification européenne, plus
l'appréciation du principe de subsidiarité sera délicate
à opérer, pour la simple raison que les attentes à
l'égard de l'Europe évoluent et qu'elles sont de plus en plus
mêlées, si ce n'est contradictoires.
" Il n'est pas facile de démêler ce qui doit relever de
l'action communautaire et ce qui doit relever de celle des Etats. Le droit des
Parlements nationaux à intervenir est, sur ce point en particulier, une
exigence démocratique qui devrait trouver sa concrétisation dans
la proposition du Président Chirac d'y associer la Conférence des
Présidents d'Assemblée.
" Pour conclure, je ferais deux remarques d'ordre général.
Premièrement, le modèle démocratique qu'il convient de
définir pour parfaire l'Union européenne n'a pas de
précédent classique, qu'il soit de type fédéral ou
confédéral. Il devra être spécifique. Pour cette
raison, il reste encore largement à inventer.
" Il ne peut y avoir de cohésion durable dans l'Union et
d'authentique démocratie communautaire que si les Etats, à
travers le Conseil où ils siègent et les Parlements nationaux
élus de leurs nations, partagent, de façon structurée,
permanente et équilibrée, avec les institutions communautaires le
pouvoir de législation commune. Le défi démocratique que
l'Union doit relever pour les années à venir est
précisément de parvenir à cette synergie
équilibrée entre des institutions européennes rendues plus
fortes et plus efficaces dans l'intérêt de tous, et des Etats qui
ne soient affaiblis ni dans leur identité ni dans leurs
responsabilités nationales.
" Deuxièmement, quelle que soit la pertinence des institutions, la
démocratie européenne ne doit pas rester une affaire
d'initiés. Elle exige une grande qualité de communication avec
l'ensemble des citoyens, acteurs et non simples sujets d'une Europe en
évolution accélérée. Ce fut la grande leçon
du débat sur la ratification du traité de Maastricht : les
décideurs avaient jugé de ce qui était bon pour l'Europe,
et sur le fond, ils avaient tellement le sentiment d'avoir raison qu'ils ne
demandaient au peuple que son consentement, sans l'avoir préalablement
associé au cheminement.
" Mais le peuple a voulu donner un accord réfléchi, et non
pas formel. Il l'a fait savoir. Alors que la réflexion de tous est
à nouveau sollicitée sur le futur proche de l'Union
européenne et au-delà, sur la future Confédération
paneuropéenne, sachons ne pas l'oublier. "
M. Jean SEITLINGER, député (UDF), Président de la
Commission des relations avec les pays européens non membres de
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe,
rapporteur
général de la conférence, a présenté son
rapport écrit portant sur le thème III "Les Parlements nationaux
et l'Europe", en formulant les observations suivantes :
" Cette conférence, engagée sous les meilleurs auspices,
représente le terme d'un long cheminement. Je remercie la
Présidente Ragnarsdottir d'avoir agi à nos côtés
avec une ardente conviction.
" J'entends faire l'état des lieux avant l'ouverture de la C.I.G.
J'ai indiqué dans mon rapport écrit que le Conseil de l'Europe
était le creuset de la deuxième Chambre mais il s'agit seulement
d'ouvrir une piste de discussion, d'autres solutions restent possibles. Il en
va de même pour la perspective d'une fusion entre l'UEO et l'Union
européenne.
" Tout le monde s'accorde pour constater un
déficit
démocratique. On n'y remédiera qu'en renforçant le
rôle et des Parlements nationaux et du Parlement européen, sans
discrimination entre l'un et les autres. Sur ce point, le Traité de
Maastricht n'a pas apporté de vraie réponse. Le sujet est donc
à l'ordre du jour de la C.I.G. L'Union européenne ne saurait
ignorer les acquis des autres organisations européennes dotées
d'Assemblées issues des Parlements nationaux.
" L'OSCE réunit 53 pays, du Canada à l'Asie centrale, mais
sa composante parlementaire reste embryonnaire. Elle ne se réunit qu'une
fois par an et il faut la renforcer.
" Le Conseil de l'Europe compte 39 membres et vient d'admettre les
Etats-Unis et le Japon comme observateurs. Avec l'UEO, la répartition
des compétences est facile, il n'y a pas de chevauchement. Le Conseil a
une compétence politique générale alors que l'UEO s'occupe
de sécurité et de défense. Celle-ci réunit 10
membres de l'Union européenne, plus 27 Etats associés. Mais
qu'adviendra-t-il de cette organisation ? Va-t-elle fusionner avec l'Union
européenne ou se maintenir ? Comme l'a dit le Président
Séguin, je crois que sa disparition signifierait le glas de
l'identité européenne de défense. Et toute fusion avec
l'Union européenne est prématurée au moment où
cette dernière s'élargit à des pays neutres.
" J'ai évoqué un rapprochement de ces institutions. D'autres
parlent de parallélisme, mais des parallèles ne se rencontrent
jamais... En l'état actuel, elles doivent rester indépendantes et
trouver leur place dans le cadre d'une politique authentiquement
européenne de sécurité et de défense.
" Il y a contradiction à évoquer les rapports entre
Parlements nationaux et Parlement européen. En 1979, nous avions
pensé que l'élection de celui-ci au suffrage universel direct
améliorerait la situation mais, par un effet pervers de la
réforme, le cordon ombilical a été coupé non
seulement avec les Parlements nationaux mais aussi avec toutes les institutions
des pays concernés ! Les Parlements nationaux ont eu l'impression
d'être dépossédés de leurs compétences :
les directives sont adoptées par le Conseil des ministres et transcrites
en droit interne.
" On a exploré des voies en vue de les associer de façon
pragmatique à un meilleur contrôle de la Commission
européenne. Les Danois ont un système, les Français un
autre, les Allemands ont adopté une procédure spécifique
avec leur structure fédérale. Chacun établit ses propres
règles mais le but reste le même et les rencontres de la COSAC
permettent de coordonner les actions. Il ne doit pas y avoir rivalité
mais complémentarité.
" Il faut aussi constater que l'Union européenne conserve une
grande force d'attraction notamment en Europe centrale et orientale, à
cause de la situation économique. L'élargissement sera-t-il un
bien ou un mal ? Il est peut-être précipité d'agir
avant d'avoir modifié les institutions. Quoi qu'il advienne, l'Union
européenne ne sera pas paneuropéenne : elle
n'intègrera pas dès demain les nouvelles républiques
issues de l'URSS et elle doit encore compter avec des cas d'espèce comme
la Norvège et la Suisse.
" Deux pistes de réflexion s'ouvrent pour préciser les
rapports entre Conseil de l'Europe et OSCE ainsi qu'avec l'Union
européenne. Avec l'OSCE, le partage des tâches est aisé.
Flavio Cotti, Président de l'OSCE, s'est clairement prononcé
à Strasbourg pour une répartition des
responsabilités : à l'OSCE la prévention des
conflits, au Conseil de l'Europe le respect des droits de l'homme, de la
démocratie et de l'Etat de droit. Le partenariat est facile, est
déjà mis en place et on peut encore l'améliorer, par
exemple pour le contrôle des élections, comme en Bosnie.
" Entre le Conseil et l'Union européenne, les rapports sont plus
complexes. Les deuxième et troisième piliers de l'Union ont un
caractère partiellement communautaire et partiellement gouvernemental.
Ils relèvent aussi du Parlement européen et des Parlements
nationaux ou du Conseil de l'Europe. Il est délicat de fixer une ligne
de partage claire.
" Evitons la langue de bois ; n'allons pas raconter qu'entre
l'Union
et le Conseil la coopération est constante et constructive. Ce n'est pas
le cas ! Je le sais, j'ai siégé des deux côtés.
Les rapports du Conseil avec le Parlement européen sont rarissimes. Les
élus se rencontrent certes dans leur pays, dans leurs partis mais il n'y
a pas de véritable osmose institutionnelle.
" Nous avions ainsi toujours souhaité que l'Union européenne
adhère à la Convention des Droits de l'Homme. Or la Cour de
justice de Luxembourg vient ce matin même de rendre une expertise qui
conclut qu'en l'état actuel du droit communautaire, l'Union n'a pas
compétence pour adhérer à la Convention... La question est
tranchée et il n'est pas neutre qu'elle l'ait été à
la veille de l'ouverture de la C.I.G. On sait à quoi s'en tenir.
L'adhésion exigerait de modifier le traité. Faut-il assigner un
nouveau rôle au Parlement européen ? On a
évoqué une seconde Chambre, un Sénat européen, une
COSAC rénovée, un haut Conseil parlementaire... Je ne sais pas si
la C.I.G. explorera une de ces pistes. Beaucoup de pays ont un système
bicaméral mais pas tous et même parmi les premiers, il y a des
différences : le Bundesrat n'est pas du tout semblable au
Sénat français. Si on réunit des parlementaires nationaux
dans une seconde Chambre, on aura recréé le Parlement
européen d'avant 1979 aux côtés de l'actuel, ce qui posera
de nombreux problèmes.
" Pour le troisième pilier de l'Union européenne, on
procède plus souvent par convention que par directive. Or la convention,
c'est gouvernemental. J'ai lu ce matin que le ministre des Affaires
étrangères du Royaume-Uni déclarait : "Nous nous
opposerons à toute nouvelle centralisation, à toute extension du
vote à la majorité qualifiée, à tout
élargissement des compétences communautaires !" C'est dire
déjà combien il sera difficile de trouver un dénominateur
commun. Il est vrai que la C.I.G. se fixe 12 à 18 mois pour aboutir.
" La définition d'une nouvelle architecture ne sera pas neutre. La
situation semble bloquée. Les uns veulent diminuer le nombre des
commissaires, les autres veulent que chaque pays puisse en désigner un.
Il ne faudrait pas qu'un compromis aboutisse à reconnaître
à tous les Etats, même Malte et Chypre, le droit d'avoir aussi un
commissaire, alors que les grands Etats n'en auraient plus qu'un seul. La
France le pense tout bas et le dit tout haut. C'est un sacrifice que nous ne
sommes pas prêts à consentir.
" La France a proposé un "Monsieur PESC", politique
étrangère et de sécurité commune. D'autres
Gouvernements le refusent en soulignant qu'il affaiblirait le Président
de la Commission. Napoléon disait que mieux vaut avoir un mauvais
général que deux bons... Comment, en effet, faire parler l'Europe
d'une seule voix à deux ? Il faut pourtant que l'Europe puisse
s'affirmer davantage politiquement.
" Autre sujet, le mode d'élection. Le Traité de Rome avait
prévu expressément que le Parlement européen pourrait
modifier la loi électorale. J'ai été rapporteur d'un
projet de scrutin uniforme, il n'a jamais abouti en Conseil des ministres, les
uns tenant pour le scrutin majoritaire, les autres pour la proportionnelle,
sans compter la France qui change tout le temps : j'ai été
élu 8 fois député, deux à la proportionnelle,
notamment mon premier mandat, avec Robert Schuman, les autres au scrutin
majoritaire.
" A mon avis, il faudra, qu'on le veuille ou non, distinguer ce que
j'appelle, avec Valéry Giscard d'Estaing, l'Europe-puissance de
l'Europe-espace. La première serait une Europe plus restreinte où
quelques pays pourraient aller ensemble plus loin et plus vite, la seconde
serait l'Europe continent démocratique unie dans une
confédération européenne. C'est la seule solution
réaliste.
" Nous vous proposerons demain des conclusions pour cette
conférence. Ce soir, un groupe de travail restreint se réunira
pour les élaborer. "
Dans le débat sur le thème "Les Parlements nationaux et
l'Europe",
M. Robert PANDRAUD, député (RPR)
, a pris la
parole en sa qualité de Président de la Délégation
de l'Assemblée nationale pour l'Union européenne, et a
formulé les observations suivantes :
" "Les locaux de stabulation des porcs doivent être construits de
manière à permettre à chaque porc de s'allonger, de se
reposer et de voir d'autres porcs". Cette phrase saugrenue n'est qu'une
citation extraite d'une directive communautaire de novembre 1991 !
" Elle nous place au coeur de notre débat. Comment mieux illustrer,
en effet, le décalage entre les préoccupations de nos concitoyens
et l'action quotidienne de l'Union européenne ?
" Je crois que nous sommes tous -ici et ailleurs- conscients et
inquiets
du fossé grandissant qui s'est creusé entre les citoyens et la
construction européenne. Pour les Parlements nationaux, cette situation
est d'autant plus préoccupante que les transferts de compétences
des Etats membres à l'Union aboutissent, pour utiliser le mot du
président Philippe Séguin, à un "marché de dupes".
Des pouvoirs législatifs d'importance croissante sont confiés
à un collège d'exécutifs, le Conseil, lequel ne partage
que partiellement ce pouvoir avec le Parlement européen, tandis que la
Commission joue le rôle d'un exécutif peu ou mal
contrôlé.
" Complexité et multiplicité des procédures ajoutent
à la confusion des responsabilités entre ces trois institutions
communautaires. Perdus dans les dédales de trente-trois
procédures différentes, les citoyens ont cependant
conservé l'habitude, lorsque la législation communautaire leur
pose problème, de se tourner vers leurs représentants nationaux
et d'exiger d'eux des comptes ou des explications. La seule solution pour les
Parlements nationaux a donc consisté à perfectionner le
contrôle qu'ils exercent sur leurs Gouvernements respectifs au cours de
la négociation des actes communautaires, mais cette intervention en
amont, tout comme celle qui se situe en aval de l'adoption communautaire des
textes -avec la transposition des directives-, se heurte à des limites
évidentes.
" Ainsi le "marché de dupes" s'est-il traduit, pour les
Parlements
nationaux, par un paradoxe surprenant : malgré la place croissante
occupée par la législation communautaire dans la vie quotidienne
des citoyens, les affaires européennes sont restées des "affaires
étrangères", pour lesquelles l'intervention des Parlements
nationaux est trop souvent limitée au contrôle des
négociations, en amont, et à la ratification ou à
l'intégration en droit interne des textes adoptés au niveau
communautaire, en aval.
" Cette dernière fonction réduit d'ailleurs trop souvent les
Parlements nationaux au rôle de simples chambres d'enregistrement, leur
seul pouvoir étant de dire non, ce qui est
,
toujours ou presque,
politiquement impossible. Il reste certes, en théorie, la faculté
de préciser le contenu des directives, qui doivent, selon le
Traité de Rome, lier les Etats "quant au résultat à
atteindre, tout en laissant aux instances nationales la compétence quant
à la forme et aux moyens". La pratique, trop fréquemment
constatée, consistant à préciser toujours davantage le
contenu même des directives sous la pression de telle ou telle
institution, a cependant abouti à transformer ces actes en de
quasi-règlements : comme le soulignait récemment notre
Conseil d'Etat, "tout y est indiqué, jusqu'à la place du
tournevis et la manière de s'en servir". La fonction des Parlements
nationaux se réduit ainsi à celle de "moines copistes".
" Reste donc le renforcement du contrôle parlementaire exercé
par chaque Parlement national sur son Gouvernement. De nombreuses
Assemblées, à la suite de la ratification du Traité de
Maastricht sur l'Union européenne, dont l'Assemblée nationale, se
sont dotées d'instruments plus performants. Cependant il apparaît
que ce contrôle, fut-il perfectionné, a atteint aujourd'hui ses
limites naturelles. Nos seules armes efficaces sont en effet
inutilisables : quel Parlement ira censurer son Gouvernement pour avoir
mal négocié telle ou telle directive technique ?
" Les Parlements nationaux doivent donc jouer un rôle plus
affirmé dans la construction européenne, en conformité
avec la légitimité qu'ils incarnent et la responsabilité
politique qu'ils assument envers les citoyens qui les ont élus.
" Pour ces raisons, la Délégation de l'Assemblée
nationale pour l'Union européenne, qui mène depuis dix-huit mois
une réflexion approfondie sur la réforme de l'Union dans la
perspective de la C.I.G., a proposé de confier aux Parlements nationaux
un rôle collectif et consultatif, sans interférer directement dans
le processus législatif communautaire. En aucun cas il s'agit de
créer une deuxième chambre : nous ne l'avons jamais
proposé : les reproches qui nous sont adressés à cet
égard relèvent du procès en sorcellerie ! Il n'est,
en effet, pas question de confier aux Parlements nationaux un pouvoir
délibératif s'inscrivant dans le processus de décision
communautaire. Nos Parlements pourraient, en revanche, à travers la
COSAC, porter une appréciation politique sur le respect du principe de
subsidiarité par les projets d'actes de l'Union et émettre des
avis dans les matières intergouvernementales de la politique
étrangère et de sécurité commune, de la justice et
des affaires intérieures, voire sur les grandes décisions de
l'Union adoptées par le Conseil à l'unanimité, telles que
celles qui concernent les ressources propres, la fiscalité,
l'élargissement ou la réforme des traités de l'Union.
" Notre proposition revêt plusieurs avantages. En s'appuyant sur un
organe préexistant -la COSAC-, elle ne surcharge pas l'architecture
institutionnelle de l'Union. D'autre part, en ne confiant à cette COSAC
rénovée qu'un rôle consultatif, elle n'interfère pas
dans le processus législatif lui-même. Enfin, en se concentrant
sur les domaines les plus proches de l'exercice des souverainetés dont
plusieurs ne font aujourd'hui l'objet d'aucun contrôle politique, elle
respecte le rôle et la place du Parlement européen, dans un souci
de complémentarité et de conciliation de la
légitimité de chacun.
" Il faut aller de l'avant et faire preuve d'audace et d'imagination,
à l'instar des Pères fondateurs de la Communauté
européenne. "
Au terme des travaux de la conférence
, M. Jean SEITLINGER,
député (UDF)
, a présenté, à titre de
rapporteur général, les conclusions qu'il tirait de ces travaux :
" Je remercie les très nombreux orateurs qui ont enrichi les
débats, que je vais tenter de résumer. Les principaux points
abordés ont été le déficit démocratique, la
subsidiarité, la spécificité des PECO, l'architecture du
Parlement européen, la COSAC.
" M. Leuba a particulièrement insisté sur le déficit
démocratique, malheureusement incontestable dans l'Union
européenne et qui inquiète certains pays candidats. Il a eu
raison de souligner que l'opinion est coupée en deux, en France,
heureusement, un peu plus européenne, en Suisse, malheureusement, un peu
moins, sans parler du Danemark. Je ne veux pas ouvrir un
débat
sur les avantages comparés de la démocratie directe et de la
démocratie représentative, M. Columberg est chargé d'un
rapport là-dessus. Je dirai seulement que l'usage de la
démocratie directe à répétition entraîne une
participation électorale très faible, ce qui pose d'autres
problèmes. En France, le référendum existe mais les
Présidents de la République sont réticents à
l'utiliser.
" La subsidiarité est une revendication forte. "Faire moins mais
faire mieux", a dit Lord Tordoff. L'Union européenne ne doit pas toucher
à tout, mais laisser les Etats, les régions, s'occuper de leurs
problèmes particuliers. Il n'y aura jamais d'Europe totalement
harmonisée. Elle serait très monotone et nous devons respecter
nos diversités.
" Nous comprenons les inquiétudes des Baltes, qui veulent des
garanties, et celles des Roumains qui craignent un double standard. Sur ces
deux points, nous sommes attentifs.
" J'ai précisé dans mon rapport imprimé ce que je
pensais de la COSAC. C'est une institution hétérogène,
à la composition différente dans chaque pays. On peut penser que
c'est justement cela qui la rend efficace ou au contraire, si on est
cartésien, souhaiter l'officialiser. Différentes propositions ont
été présentées, je ne suis pas sûr qu'elles
aboutissent, car qui sait ce qui sortira de la C.I.G. ?
" Cela étant, le plus important est de déterminer le
rôle de chaque institution dans l'Europe de demain. Du débat, il
ressort nettement qu'il ne saurait y avoir aucune exclusivité, aucun
monopole, mais aussi que le Conseil de l'Europe apporte une contribution
spécifique, pour laquelle il
est irremplaçable. On a dit
qu'il fallait parvenir à une division du travail satisfaisante entre lui
et l'OSCE, et qu'il convenait de rechercher une plus grande
complémentarité et une plus grande transparence dans les
relations avec l'Union européenne. En effet, comme l'a souligné
M. Kretschmer, on doit utiliser au mieux les institutions existantes :
il
y a un consensus pour ne pas en créer de nouvelles.
" S'agissant de la C.I.G., les Allemands avaient dans un premier temps
fait référence à un "noyau dur", terme auquel
l'Assemblée parlementaire avait préféré "pôle
central", qui lui semblait moins porteur d'exclusion. Les ministres des
affaires étrangères français et allemand parlent
maintenant de "socle". Quoi qu'il en soit, il semble aujourd'hui
clair que le
processus ne pourra être poursuivi ou accéléré sans
une certaine forme de "géométrie variable", ou une distinction
entre deux "cercles". Les deux ministres ont également demandé
que la Commission soit plus collégiale, que sa composition soit plus
resserrée et qu'on applique la règle de la majorité
qualifiée tout en tenant compte du poids de chaque Etat. Il a
également été question de nommer un "M. PESC" mais, sur ce
point, il me semble qu'il n'y a pas accord entre les deux Gouvernements... Ces
propositions dessinent en tout cas une Europe plus "flexible", mais
non
fermée car tous ceux qui
voudront venir renforcer le "socle" le
pourront à tout moment. L'Union a donc toutes les raisons de renforcer
son partenariat avec le Conseil et de privilégier l'approfondissement.
L'Assemblée parlementaire, considérablement élargie depuis
quelques années, devrait alors avoir compétence pour la grande
Europe, espace de droit et de respect des droits de l'homme. C'est à
partir d'une telle clarification des rôles que les différentes
institutions du continent pourront, en partenariat étroit, solidaires
mais complémentaires, servir le mieux l'Europe.
" M. Kreft a appelé à réserver la part du rêve.
Il faut en effet se montrer à la fois visionnaires et gestionnaires, se
comporter en utopistes en même temps qu'en technocrates, car le
génie et l'élan sont dans cette alliance ou cette addition des
contraires. Ceux qui y parviendront seront d'excellents architectes de l'Europe
unie
! "
Puis
M. Jean SEITLINGER, député (UDF)
, présente un
projet de conclusions qui fait l'objet de plusieurs amendements. Au terme de ce
débat, la conférence a adopté par 22 voix favorables
contre 5, et 10 abstentions, les conclusions suivantes :
3. Conclusions adoptées par la conférence interparlementaire
PREAMBULE
Réunis à l'initiative de M. Philippe
Séguin, Président de l'Assemblée nationale
française et de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe,
les 28 et 29 mars 1996, 200 parlementaires d'une quarantaine de pays
européens ont été invités à débattre
de l'avenir de l'Europe et de la réalisation de son unité.
Ils se sont prononcés pour une coopération plus étroite
entre les institutions et un renforcement de la participation parlementaire
dans le processus de décision.
Les moyens institutionnels d'atteindre ce but dépendent, de l'avis de
tous, d'une coopération de plus en plus étroite entre les
organisations existantes -l'Union européenne, le Conseil de l'Europe,
l'OSCE et l'UEO- chacune ne pouvant assumer à elle seule
l'immensité des tâches à accomplir.
La puissance économique de l'Union européenne, le
développement par le Conseil de l'Europe de l'espace juridique
paneuropéen concernant les différents problèmes de
société, les capacités de médiation des conflits de
l'OSCE, organisation paneuropéenne avec des prolongements
transatlantiques et asiatiques, sont des atouts majeurs pour créer les
conditions d'une sécurité et d'une paix durables.
Cependant les parlementaires ont tenu à souligner que ces atouts
seraient vains sans l'adhésion des peuples et par conséquent sans
une association étroite de leurs représentants au processus de
décision, d'autant plus que les affaires européennes sont
devenues des affaires intérieures.
Ainsi la construction de l'Europe de l'Atlantique au Pacifique passe par une
coopération interinstitutionnelle fondée sur les
responsabilités partagées par les chefs d'Etat et de Gouvernement
et les Parlements nationaux représentés dans les
différentes Assemblées européennes.
*
* *
Les participants à la Conférence affirment :
- que l'élaboration d'un modèle de société
européen nécessite le développement de l'action du Conseil
de l'Europe entreprise depuis sa création en 1949 pour définir
des normes pour la société civile désormais applicables
à l'ensemble de l'Europe ;
- que l'unification de l'Europe repose sur des valeurs communes, en particulier
le respect des droits de l'homme, qui constituent le fondement d'un vaste
espace de démocratie, de sécurité et de
développement économique, associant sur un pied
d'égalité tous les Etats du continent européen ayant la
volonté d'y adhérer ;
- que la construction paneuropéenne progressera d'autant plus
efficacement que sera mis en place un nouveau partenariat entre les
différentes institutions concourant à l'unité de
l'Europe ;
- que la réalisation de cette grande ambition suppose de nouveaux
efforts en vue du règlement des conflits en cours ou potentiels et
l'apaisement des tensions qui existent au sein de l'espace paneuropéen.
SECURITE
Les participants :
- souhaitent le renforcement de la coordination entre le Conseil de l'Europe,
organisation de référence en matière de sauvegarde des
droits de l'homme, de consolidation de la démocratie et de l'Etat de
droit, et l'OSCE, instrument irremplaçable de prévention des
conflits et de gestion des crises ;
- appuient la perspective de déploiement du pacte de stabilité
dans la région de l'Ex-Yougoslavie en vue de faciliter la conclusion
d'un accord régional fondé sur la maîtrise des armements et
l'adoption de mesures de confiance ;
- se félicitent de la coopération engagée entre l'OSCE et
le Conseil de l'Europe dans la mise en oeuvre de l'accord de paix en
Bosnie-Herzégovine, en particulier pour la protection des droits de
l'homme et pour la préparation et l'observation des futures
élections ;
- considèrent que la protection des droits des personnes appartenant aux
minorités nationales est une garantie essentielle de la stabilité
de l'Europe ;
- rappellent le droit incontestable de chaque pays de s'allier aux autres selon
sa propre décision et sans possibilité de veto de la part de pays
tiers.
ECONOMIE
- estiment que seul un développement économique
équilibré assurant la cohésion sociale et la protection
des groupes sociaux vulnérables, est de nature
à
recueillir l'adhésion des peuples à la construction
européenne ;
- appuient les initiatives régionales prises par les pays d'Europe
centrale et orientale en vue d'intensifier leur coopération
économique et commerciale ;
- soulignent l'urgence des actions à entreprendre pour protéger
l'environnement et assurer notamment la sûreté des centrales
nucléaires ;
- souhaitent que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
développe ses liens avec les institutions économiques et
financières telles que la BERD et l'OCDE, consacrant ainsi son
rôle de base parlementaire de ces institutions ;
- invitent les principaux pays contributeurs à accroître les
moyens du Fonds de développement social, dont les objectifs doivent
être mieux adaptés à la nouvelle situation en Europe ;
- appuient la volonté du Conseil de l'Europe d'étudier les
conséquences de la mondialisation de l'économie sur les acquis
sociaux nationaux ;
- soulignent l'importance de la Charte sociale du Conseil de l'Europe pour
favoriser la cohésion des sociétés et demandent le
renforcement de son dispositif en vue de parvenir à une harmonisation et
à une amélioration des normes à l'échelle
paneuropéenne.
MODELE DE SOCIETE EUROPEEN
-
rappellent que l'élaboration d'un
modèle de société européen repose d'abord sur la
construction d'un espace juridique commun à laquelle contribuent les
nombreuses conventions du Conseil de l'Europe, en particulier la Convention
européenne des Droits de l'Homme ;
- souhaitent que soient approfondis les différents aspects de cet espace
juridique et notamment la lutte contre le crime organisé et le
terrorisme, la protection juridique de la personne compte tenu de
l'évolution des sciences et de la technologie, ainsi que la promotion du
droit de la famille ;
- considèrent que l'émergence d'une identité culturelle
est à la base du projet de civilisation européenne et doit
être encouragée, grâce notamment à la convention
culturelle et aux actions entreprises dans le cadre du programme
intergouvernemental du Conseil de l'Europe ;
- appellent au développement des programmes spécifiques de
coopération avec les pays d'Europe centrale et orientale dans les
domaines juridique, culturel et social, en liaison avec les programmes mis en
place dans le cadre de l'Union européenne.
INSTITUTIONS
-
soulignent la nécessité d'une
clarification entre les actions conduites par les institutions
européennes et internationales ;
- souhaitent une coordination de l'aide apportée à 1"Europe
centrale et orientale dans les domaines de la démocratie, de
l'économie, de la science et de la technologie ;
- appuient les propositions formulées par l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe concernant les perspectives ouvertes par
la Conférence intergouvernementale de l'Union européenne ;
- se félicitent de l'octroi du statut d'observateur auprès du
Conseil de l'Europe aux Etats-Unis et bientôt au Japon et au Canada, qui
marque une étape importante dans l'intensification du dialogue entre
l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie ;
- soulignent la dimension centre-européenne de la construction de
l'Europe et la nécessité historique, politique, économique
et sociale d'intégrer les pays de l'Europe centrale et orientale dans
l'ensemble européen ;
- rappellent la dimension méditerranéenne de la construction
européenne et la nécessité de développer le
dialogue et la coopération avec les pays du Maghreb et du
Proche-Orient ;
- lancent un appel aux Gouvernements afin que des moyens suffisants soient
accordés au Conseil de l'Europe pour remplir les missions qu'ils lui ont
eux-mêmes confiées et pour mettre en oeuvre des programmes d'aide
et de coopération ;
- demandent la tenue d'un second sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement des
Etats membres du Conseil de l'Europe.
NOUVEAU ROLE DES PARLEMENTS
- encouragent les Parlements nationaux à
développer leur coopération pour la mise en oeuvre des programmes
du Conseil de l'Europe ;
- soulignent l'importance acquise par l'expertise parlementaire, en particulier
lors de l'observation des élections et souhaitent que les institutions
et les Parlements concernés renforcent leur coordination dans ce
domaine ;
- soulignent le rôle joué par les Assemblées des
organisations régionales pour assurer la stabilité
démocratique de l'Europe et souhaitent le développement de leur
rôle dans la coopération interparlementaire ;
- demandent à la Conférence des Présidents des
Assemblées parlementaires européennes qui se tiendra à
Budapest du 7 au 9 juin 1996 de prendre en considération ces
propositions ;
- souhaitent la tenue d'une nouvelle Conférence interparlementaire
chargée d'examiner le suivi de ces propositions.
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Les actes de la Conférence interparlementaire ont été publiés par les soins du Conseil de l'Europe.