CONCLUSION
L'effort de réflexion mené par la Commission
européenne dans le document " Agenda 2000 " est remarquable
par son ampleur et son souci prospectif. Mais les conclusions concernant
l'ouverture de négociations d'adhésion avec les PAECO paraissent
critiquables. On comprend certes le souci de la Commission d'adopter une
approche réaliste, offrant davantage de chances de réaliser
l'élargissement sans obérer les finances de l'Union et en
préservant l'essentiel des politiques communes. Cette approche
gestionnaire est-elle cependant à la hauteur de l'enjeu historique que
constitue l'élargissement à l'Est ? Il y a quelques
années encore, la division de l'Europe en deux blocs entraînait,
outre un risque toujours présent de conflits, des coûts
considérables de tous ordres. De nouvelles lignes de partage ne seraient
vraisemblablement pas non plus sans conséquences négatives. On
doit garder à l'esprit de telles données lorsqu'il s'agit de
mesurer le " coût de l'élargissement ".
L'approche sélective préconisée par la Commission
présente de lourds inconvénients politiques et psychologiques.
Par ses conséquences économiques et financières, elle
pourrait susciter un clivage durable et en partie artificiel entre les pays
candidats. En même temps, elle risque de conduire à une situation
où l'élargissement s'accompagnerait d'une réforme
institutionnelle minimale, n'assurant pas le surcroît d'efficacité
nécessaire pour éviter la paralysie et la dilution.
Les débats qui se sont déroulés dans différentes
enceintes parlementaires et interparlementaires ont permis aux critiques de
l'approche différenciatrice de trouver un large écho.
Au sein du Conseil des ministres, si une majorité semble approuver la
démarche de la Commission, la conscience des risques politiques qu'elle
comporte semble s'être renforcée au fil des réunions.
Pour votre rapporteur, une ouverture simultanée des négociations
avec tous les PAECO serait la solution comportant au total le moins de
conséquences négatives, et en même temps la plus favorable
à la réalisation d'une réforme institutionnelle permettant
à une Union élargie de conserver son efficacité. Une telle
approche n'impliquerait nullement que les négociations se
déroulent dans la précipitation et se concluent à la
même date pour tous les candidats. Donner un même point de
départ à tous est au contraire la meilleure formule pour traiter
de manière personnalisée chaque candidature. Il ne doit pas y
avoir un élargissement " à deux vitesses ", mais au
contraire avec autant de vitesses que de pays candidats.