a) Il va de l'intérêt de la Nation et de La Poste que le service public postal ne soit plus interrompu
Il s'agit là d'une exigence économique dont la grande majorité des postiers ont d'ailleurs conscience. Y répondre pourrait, en quelque sorte, constituer le fondement de l'engagement des postiers à l'égard de la Nation, leur contribution à la " corbeille de la mariée " dans le contrat moral qui serait passé avec le pays, pour le financement de leurs retraites.
(1) Une exigence économique
La fiabilité du service postal est devenue un
élément déterminant du choix de l'opérateur par les
entreprises, qui travaillent de plus en plus en flux tendus et ont elles
mêmes contracté des obligations de résultat à
l'égard de leurs propres clients.
Votre rapporteur l'a souligné
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*
)
, la continuité du service
public apparaît de plus en plus vitale pour l'économie
française dans son ensemble et, par voie de conséquence, pour La
Poste elle-même, qui, à défaut, ne saurait y conserver sa
place.
Les conséquences désastreuses de la grève de 1995, pour ne
citer que celle-ci, sur l'économie française et son impact en
termes de pertes de parts de marché pour La Poste, en sont
l'illustration. Une nouvelle grève de cette nature pourrait être
fatale à La Poste. Mais, les grèves plus ponctuelles ou locales,
à l'effet plus pernicieux mais tout aussi ravageur, entament tout autant
la confiance que les clients placent dans l'opérateur public. Cette
confiance ne peut être bafouée impunément. Les clients mal
traités finissent un jour ou l'autre par tourner le dos à La
Poste pour faire appel à un partenaire plus respecteux de ses
engagements.
(2) Les postiers ont commencé à prendre conscience de cette réalité
Lorsqu'il abordait ce problème avec les postiers au
cours des forums de discussion organisés dans les départements,
votre rapporteur a pu observer deux types de réactions :
- soit les postiers se réfugiaient dans un silence
gêné, l'évocation d'un sujet aussi tabou dans notre pays
semblant susciter une peur de s'exprimer en public, ce qui n'empêchait
d'ailleurs pas les uns et les autres d'assurer, en aparté à
l'occasion du " pot de l'amitié ", être
préoccupés par les conséquences de grèves ;
- soit, au travers d'exemples, ils exprimaient leur prise de conscience
des effets négatifs des interruptions du service public sur
l'activité de La Poste. C'est ainsi qu'un postier rencontré
à Mende a constaté avec regret : "
on ne distribue plus
les colis de La Redoute et des Trois Suisses en Lozère
".
Ne pourrait-on, se basant sur une prise de conscience individuelle qui
semble très large, faire en sorte que les postiers acquièrent le
sens de la responsabilité collective en ce domaine ?
(3) La continuité du service public comme contrepartie de l'engagement de la Nation à prendre en charge la dérive des retraites des postiers
Dans ces conditions, le maintien de la continuité du
service public apparaît bien être le gage que les postiers
pourraient apporter à la Nation, en contrepartie de l'effort qu'elle est
susceptible de consentir à leur endroit
. Seul un gage de cette nature
serait à hauteur d'un tel engagement collectif
. Mais ne nous y
trompons pas, au delà du respect de cette sorte de contrat moral
à l'égard du pays, c'est bien à l'opérateur public
et, en définitive, à eux mêmes que les postiers donneraient
ainsi toutes les chances d'assurer un avenir.
Votre rapporteur serait tenté d'interpeller les postiers ainsi :
"
Postiers, ne soyez pas votre plus grand ennemi
!
".
Certes, l'expression est un peu forte, mais n'est-elle pas à la hauteur
des dangers que font courir à l'établissement les ruptures dans
la continuité du service public ?
Alors, cherchons ensemble les moyens de sortir de ce qui apparaît trop
souvent aujourd'hui comme une impasse.