IV. DÉPASSONS LES PARADOXES DE L'AIDE POSTALE À LA PRESSE
Au cours des nombreuses auditions que votre rapporteur a tenues sur la question des rapports entre la presse et La Poste 192( * ) , il a été frappé par l'importance des hiatus existant entre les apparences officielles de la situation et la réalité ressentie par les professionnels. Par bien des aspects, la donne Presse/Poste apparaît aujourd'hui comme un " noeud de paradoxes ". Il s'agit donc de s'efforcer de les dénouer pour permettre à cette " alliance historique ", qui date des premiers temps de la République, de continuer à produire ses effets bénéfiques sur la vie démocratique.
A. LES TROIS PARADOXES DE L'AIDE POSTALE À LA PRESSE
1. Elle coûte cher mais satisfait peu de ceux auxquels elle est attribuée
L'aide au transport et à la distribution de la presse
n'est pas de mince envergure. L'État y contribue à hauteur de
1,9 milliard de francs et, selon les estimations les plus couramment
admises, La Poste en supporte près de 3,6 milliards, ce qui
représente au total 5,5 milliards de francs par an. Elle constitue
donc, et de loin, la première forme d'aide à la presse en termes
financiers.
Cependant, parmi les patrons de presse ou les représentants des
organisations professionnelles des éditeurs, bien peu apparaissent des
défenseurs acharnés du dispositif existant. Tantôt
l'insuffisante qualité de l'acheminement postal ou son inadaptation aux
attentes des abonnés se trouvent critiquées ; tantôt le
caractère trop administratif et insuffisamment commercial de
l'opérateur, voire la concurrence qu'il fait à la presse sur la
publicité sont dénoncés ; souvent, sa rigidité de
fonctionnement et les tarifs de ses prestations sont déplorés et,
presque toujours, les modalités de calcul de ses coûts de
production sont contestées et le chiffre de 3,6 milliards avec elles.
Au total, pour un oeil extérieur, le système français
d'aide à la distribution de la presse pourrait apparaître comme
présentant l'étrange particularité d'être à
la fois coûteux, peu apprécié de ses
bénéficiaires, et ne contribuant pas à un haut niveau de
diffusion de notre presse. Premier paradoxe !