E. LES MARGES DE MANOEUVRE FINANCIÈRES SONT LIMITÉES, NOTAMMENT EN RAISON DU DÉSENGAGEMENT DE L'ÉTAT
Le " chemin critique " que doit suivre
La Poste pour
parvenir à un équilibre durable et s'affirmer dans le nouveau
contexte économique est étroit. Ses marges de manoeuvre sont
limitées. Malgré les efforts accomplis, sa situation
financière reste préoccupante.
Or, la majoration systématique des tarifs à laquelle on a trop
recouru par le passé ne constitue plus une issue envisageable pour
limiter les déficits d'exploitation, compte tenu du niveau
déjà élevé atteint par le prix du timbre. En outre,
La Poste supporte encore aujourd'hui un endettement important, legs
empoisonné de l'État que votre Commission des affaires
économiques avait critiqué lors de la discussion de la loi du
2 juillet 1990. Cette situation est d'autant plus préoccupante
que, ces dernières années, l'opérateur public n'a
cessé de voir se réduire les diverses compensations que lui verse
l'État.
1. Des résultats globalement déficitaires
Depuis 1990, La Poste n'a enregistré un résultat
net positif que trois fois : en 1991, 1992 et 1994. Elle a
réalisé des pertes assez substantielles au cours des trois autres
exercices. Au total, sur six ans, le groupe La Poste a enregistré un
déficit cumulé de 2,24 milliards de francs (2,49 milliards pour
l'opérateur proprement dit
127(
*
)
).
Or, le rétablissement durable de ses comptes est, un enjeu essentiel
pour l'opérateur public, à l'heure où
les plus
performantes des postes européennes
ont engagé, et souvent
réussi, des réformes destinées à retrouver une
rentabilité sans aide publique
. L'an dernier, quand La Poste
supportait une perte de 600 millions de francs, KPN, la holding qui
détient la poste néerlandaise, est parvenue à
réaliser près de 7 milliards de francs de
bénéfices en 1996, ce qui lui a permis le rachat de
l'intégrateur australien TNT pour 8 milliards de francs et lui a
ouvert la porte du grand marché international.
Certes, la comparaison des résultats de La Poste avec ceux d'autres
opérateurs postaux étrangers pourrait amener à nuancer le
jugement alarmant qui paraît devoir découler d'une première
analyse. C'est ainsi que si La Poste, en 1995, a subi une perte de
1,2 milliard de francs largement due aux grèves de la fin de
l'année, la Deutsche Post AG a enregistré, la même
année, un déficit de 4 milliards de francs, tandis que les
postes italiennes -qui réalisaient le quart du chiffre d'affaires de La
Poste- subissaient une perte deux fois plus lourde que celle de
l'opérateur national ! Mais dans ces deux pays, le pouvoir
politique a, depuis, engagé de profondes réformes structurelles
pour rétablir la situation, alors que ce n'est pas encore le cas en
France.