Les ajustements prévisibles
Cette augmentation sur trois fronts
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)
de la pression concurrentielle aurait
dû provoquer l'enchaînement suivant :
augmentation de la concurrence baisse des prix
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)
diminution des marges
réduction d'effectifs faillites des concurrents les plus faibles
restructuration du secteur (OPA, fusions, reprises...) amorce d'un nouveau
cycle d'expansion avec création d'emplois.
Une crise du système bancaire était donc à redouter
dès la mise en place des réformes. Il s'agissait d'un
phénomène naturel et prévisible tel que l'ont connu, par
exemple, le secteur des télécommunications ou celui des
transports aériens aux Etats-Unis.
Les ajustements induits, en termes de réduction d'effectifs ou de
disparition des acteurs les plus faibles auraient pu intervenir de façon
relativement indolore grâce à la forte croissance de la fin des
années 1980.
Après une première phase de crise, le
système bancaire français, restructuré, aurait dû
recommencer à créer des emplois et à générer
des bénéfices.
Mais il n'en a rien été et le processus décrit
ci-dessus a été bloqué au stade de la diminution des
marges.
Ce blocage, mesuré à l'aune de l'intérêt
général, ne peut qu'inquiéter. Comme le relève la
Commission bancaire dans son rapport de 1995 : "
Le renforcement de la
concurrence
, qui a résulté de la réforme du
système bancaire à partir de 1984, de l'intégration
européenne et de l'internationalisation de l'activité bancaire
ainsi que de la globalisation des activités financières,
était hautement souhaitable
, en particulier dans le but de
moderniser le système bancaire. Il s'est accompagné d'une
réduction prononcée et ininterrompue des marges bancaires depuis
1986 (...).
Une telle évolution est bénéfique pour
l'ensemble de l'économie lorsqu'elle traduit les performances
réalisées par les banques françaises en termes
d'efficacité économique. Elle devient source de
difficultés quand (...) la rémunération des fonds propres
n'est plus suffisante pour assurer le renforcement des structures
financières et pour permettre au système bancaire français
de rivaliser, dans des conditions d'égalité de concurrence, avec
ses concurrents étrangers."