La situation d'opéabilité technique permanente du système bancaire français

Bien évidemment, la faible rentabilité des banques françaises a pour corollaire la faiblesse de leur bénéfice net.

Or, non seulement, les grands groupes bancaires français réalisent moins de bénéfices que leurs concurrents internationaux, mais encore ils voient ce bénéfice diminuer alors que celui de leurs concurrents augmente. Les banques françaises ont en effet enregistré une baisse de bénéfice depuis le début de la période (- 80 %) alors que, dans le même temps, les banques britanniques voyaient leurs profits augmenter de plus de 43 % et les banques américaines de près de 38 %.



Si l'on cumule les bénéfices nets de ces groupes bancaires sur 5 ans, la France arrive en avant-dernière position.

Cette faiblesse des résultats entretient à son tour ce que le rapport du Commissariat général au plan appelle " la situation d'opéabilité technique " du système bancaire français.

Pour reprendre les exemples formulés avec pertinence dans ce rapport : avec 3,8 milliards de dollars de profit net, la Hong Kong and Shanghai Bank of China peut acheter avec moins de trois ans de profit la Société générale, avec moins de deux ans de profit Paribas ou la BNP et, avec moins d'un an, le Crédit Lyonnais.

Barclays qui réalise presque 2 milliards de dollars de profit en 1995, soit l'équivalent de la totalité des bénéfices des banques françaises cette même année, se trouve dans une "situation stratégique potentielle équivalente".

Dans ces conditions, il ne faudrait pas se réjouir trop vite des signes encourageants qui émanent des derniers bilans bancaires. Le premier octobre 1996, la revue Euromoney pouvait encore écrire : " Tout ce que vous avez appris au sujet des banques françaises est encore vrai. Leur coefficient de rentabilité (ROE) et leurs ratios capitalistiques sont parmi les plus bas du monde développé. Cela est aussi vrai pour les banques qui ont été privatisées. Leur coefficient d'exploitation est extrêmement élevé (même si cela résulte davantage de la faiblesse de leurs revenus que de l'importance de leurs coûts). La situation dans laquelle elles se trouvent est en train de changer, mais de façon dramatiquement lente. Et, comme une cerise sur le gâteau, leurs marges sur les crédits sont inexistantes." 8( * )

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On retiendra de cette première partie, les principaux éléments suivants :

- le ralentissement de la demande de crédit et la baisse, pour la première fois dans notre histoire, du PNB bancaire ;

- la sous-rentabilité chronique des banques françaises ;

- leur mauvaise position dans la concurrence internationale.


Cette situation laisse d'autant plus perplexe que beaucoup de systèmes bancaires étrangers et, notamment, les systèmes bancaires britanniques et américains, ont connu une crise d'une ampleur au moins aussi importante que le système bancaire français et semblent s'en être sortis de façon beaucoup plus rapide.

L'analyse comparative montre en effet le caractère spécifique de la crise bancaire française.

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