C. LA PROLIFÉRATION DE L'INFORMATION
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· Les utilisateurs des réseaux de la société de
l'information auront accès à une masse énorme
d'informations dont l'origine sera souvent difficile à identifier et
à vérifier. Le cinéma a illustré certaines
manipulations que permettent les techniques nouvelles. L'imagerie de
synthèse permet en particulier d'élaborer des images
électroniques indépendamment de toute réalité mais
avec toutes les apparences de la réalité. La
crédibilité des informations diffusées par les
réseaux est donc douteuse ; ceci favorisera la concentration de la
demande du public sur un nombre restreint de prestataires de services dont la
notoriété sera une garantie de fiabilité. Ceci
contribuerait à endiguer certains inconvénients, qui seront
examinés ci-dessous, de l'absence de contrôle des contenus
diffusés sur les autoroutes de l'information. L'extraordinaire
foisonnement des contenus d'Internet pourrait ainsi à terme reculer au
profit d'une structuration oligopolistique des sources d'information, que les
réseaux " fermés " accessibles par abonnement
préfigurent peut-être, en dépit de leur faible
succès actuel face à Internet. Cette évolution toucherait
essentiellement la partie commerciale du réseau.
· Autre question, la prolifération de l'information va-t-elle enrichir les rapports sociaux en permettant la multiplication des occasions de contacts d'un bout à l'autre de la planète entre des personnes intéressées par les mêmes questions ? Les relations entre personnes vont en effet désormais s'élargir, beaucoup plus facilement que ce ne fut le cas avec le minitel, au delà du cadre professionnel, géographique, familial qui les limite jusqu'à présent. Le succès des groupes de discussion d'Internet montre en effet l'émergence d'une sociabilité universelle sur les réseaux de la société de l'information. Celle-ci, artificielle au premier abord, se développe ensuite, l'expérience le prouve, en sociabilité réelle.
La généralisation des nouvelles techniques porte
indiscutablement atteinte à l'organisation hiérarchique de
l'entreprise et de l'administration. On sait le lien qui existe
traditionnellement entre la détention du pouvoir et celle de
l'information. Or l'utilisation croissante par les entreprises des techniques
de l'internet, dont la nécessité est évoquée
ci-dessous, de même que les possibilités que ces techniques
offrent pour améliorer les relations entre l'administration et les
usagers, imposent l'adoption de modèles d'organisation
caractérisés par la flexibilité et la
décentralisation.
Les conditions nouvelles de la production, de la gestion, de l'administration
suscitent dans l'entreprise le recours à des groupes de travail
mandatés pour une mission spécifique et dissous une fois celle-ci
exécutée : le travail coopératif n'apparaîtra
plus comme une utopie de consultant en management mais comme une
réalité rendue incontournable par les progrès de
productivité qu'il permet de dégager ; la structuration des
entreprises par objectifs conduira les dirigeants à animer, hors du
modèle hiérarchique traditionnel, des équipes
réduites et largement autonomes ; l'évolution des modes
d'exercice de l'autorité provoque enfin la remise en cause de certaines
catégories de cadres intermédiaires, achevant une
évolution commencée avec l'effacement progressif de la
maîtrise à la suite de l'automatisation de la production.
Dans les administrations, marquées par une culture profondément
juridique et hiérarchique, l'utilisation des nouvelles technologies,
dont le difficile démarrage est évoqué ci-dessous,
provoque l'apparition de modèles de travail plus efficaces,
spécialement en ce qui concerne les relations avec les usagers. Ces
modèles mettront en question les niveaux hiérarchiques. La
logique du travail en réseau implique en effet que les agents en contact
avec les usagers détiennent l'information nécessaire et aient la
capacité de prendre rapidement les décisions requises sans
nécessairement en référer au niveau supérieur. Ici
aussi, la notion de structuration par objectifs suppose une profonde
évolution des mentalités.
Et la transparence devient indispensable.