2. Des relations culturelles, scientifiques et techniques riches d'initiatives
Notre coopération est régie par l'accord
général du 20 septembre 1969 complété par
l'accord dans les domaines de la recherche scientifique et du
développement technologique du 8 mai 1979.
Avec une enveloppe de 28 millions de francs, dont 20,2 millions de
francs de crédits d'intervention en 1996, l'Indonésie est notre
deuxième partenaire parmi les pays de l'ASEAN et le 6ème en
Asie
. L'essentiel de ces crédits bénéficie à la
coopération scientifique et technique.
a) La coopération scientifique et technique
Notre action dans ce domaine qui a mobilisé 13,2
millions de francs en 1996 s'est efforcée traditionnellement de suivre
les axes prioritaires de développement définis par
l'Indonésie et de s'insérer dans les programmes financés
par les organismes internationaux (Banque mondiale, Banque Asiatique de
développement, Union européenne).
Une de nos priorités est la formation des cadres
pour les grandes
agences publiques, les ministères techniques et les industries
stratégiques (nucléaire, espace, aéronautique). Au total,
plus de 3.000 boursiers ont été formés en France dont
500 environ avec un doctorat ou un diplôme d'ingénieur, et ce, sur
des financements multilatéraux avec une faible participation
financière française. Cette politique de formation a
accompagné la percée de certaines entreprises dans les domaines
de l'énergie, des transports, des télécommunications ou
des travaux publics.
Nous arrivons dans ce domaine après l'Allemagne, mais avant nos autres
partenaires européens. Comme eux, nous nous orientons vers une
réduction des bourses de longue durée. Il est nécessaire,
en outre, d'assurer une sélection plus rigoureuse de ces boursiers, de
qualité inégale et un meilleur suivi de nos anciens boursiers en
leur offrant notamment des stages de courte durée. Il faut noter
l'existence d'un réseau très dense et bien organisé
formé par ces anciens boursiers.
Notre coopération s'appuie également sur la
présence d'experts français dans trois ministères
techniques
financés ou co-financés par le département.
Ceux-ci interviennent dans les secteurs suivants :
- partenariat industriel ;
- développement technologique ;
- transports (poste créé début 1995 à la
demande du ministre des transports, ancien boursier en France).
Ces experts sont une source précieuse d'informations sur les besoins,
les financements, les décideurs et les concurrents.
Les grands domaines de notre coopération scientifique et
technique
sont les suivants :
· Sciences de la planète
, océanographie,
prévention des risques naturels majeurs (sismologie et volcanologie).
Nos organismes occupent une place enviée par les chercheurs d'autres
pays. Un accord en "Sciences de l'Univers", en cours d'élaboration,
devrait regrouper nos actions dans ces trois secteurs.
·
Programmes d'infrastructures
:
- développement urbain : problèmes de la gestion
urbaine, du traitement des eaux et des transports ;
- énergie : cette coopération comprend notamment un
programme d'assistance entre EDF et son homologue indonésien pour la
formation des cadres. La coopération nucléaire a, de son
côté, connu un certain ralentissement ces dernières
années.
·
Agriculture
: nous appuyons la présence
importante du CIRAD (18 chercheurs présents) dans les secteurs de
l'hévéaculture, du palmier à huile et des ressources
forestières.
La coopération concerne également la
télédétection avec le CNES
et
l'aéronautique
. Le projet FUSPITEK, Centre de recherche
appliquée, destiné à soutenir le développement de
l'industrie indonésienne et à en former les cadres a
été relancé à la demande de son promoteur, le
ministre Bacharuddin Jussuf Habibie.
Dans le domaine de la santé
, l'Indonésie a invité
notre pays à participer à un programme massif
d'éradication de la poliomyélite pour le cinquantenaire de son
indépendance. La lutte contre le sida pourrait aussi constituer un
secteur nouveau de coopération.
S'agissant des sciences humaines
, nos équipes sont
présentes depuis de nombreuses années. Cinq programmes de
recherches archéologiques bénéficiant d'une subvention
globale de 352.000 francs allouée sur l'avis de la commission des
fouilles sont conduits avec le concours de l'EFEO, de l'ORSTOM, du
Muséum d'histoire naturelle du CNRS.
A signaler une formule nouvelle, la coopération triangulaire en
planification familiale, lancée à la demande du président
Suharto dans le cadre de sa politique de coopération Sud-Sud. Celle-ci
consiste à organiser une formation en Indonésie pour de futurs
responsables vietnamiens et laotiens. Ce programme a obtenu un large
retentissement médiatique en Indonésie.
La France souhaite également développer une coopération
avec l'Indonésie en matière de formation
supérieure
: outre les programmes interuniversitaires
déjà existants, seront lancés en 1996, d'une part, un
master de gestion des entreprises et, d'autre part, un institut en génie
logiciel pour la formation des ingénieurs.
Enfin, un projet de coopération dans le domaine de la recherche, en
liaison avec les centres de recherche des pays de l'ASEAN est en cours
d'élaboration, en particulier dans le domaine de la biologie.
b) Une action culturelle dynamique
Malgré des efforts significatifs,
la langue
française
occupe une place modeste. Elle est enseignée
à l'Université de Jakarta, dans des instituts
pédagogiques, dans nos quatre centres culturels et nos onze alliances
françaises.
Les écoles françaises en Indonésie répondent
principalement aux besoins des expatriés.
En Indonésie, un seul établissement relève de l'AEFE,
le lycée international français de Jakarta
. Il existe par
ailleurs deux écoles françaises d'entreprises hors réseau,
l'école Total à Balikpapan (72 élèves) et
l'école Dumez à Padang (34 élèves) dans
l'île de Sumatra.
Créé en 1967, sur l'initiative d'une association de parents
d'élèves qui a passé en 1991 une convention dite de
participation avec l'AEFE,
le lycée international français de
Jakarta
s'est installé en 1988 dans les locaux qu'il occupe
actuellement. Cet établissement scolarise depuis la dernière
rentrée scolaire 496 élèves dont
408 français, 88 étrangers et assure un enseignement
direct des classes préélémentaires à la classe de
terminale.
L'Agence y rémunère 9 expatriés, 2 CSN et, en
partie, 16 résidents. Elle a apporté pour 1993-1994 une aide
globale de 6.029.697 francs, dont 5.706.897 au titre des
rémunérations. Par ailleurs, l'Agence a accordé
22 bourses pour un montant de 278.495 francs.
Le lycée enregistre une progression faible mais régulière
des inscrits. Il faut saluer la volonté de la communauté
française d'en assurer le développement si possible sur le site
actuel.
La coopération linguistique
, animée par le BCLE (quatre
attachés), s'oriente principalement vers :
- l'enseignement du français de spécialité
(hôtellerie notamment, mais aussi secrétariat et
administration) ;
- la formation de traducteurs/interprètes ;
- le perfectionnement des professeurs de français et la mise
à niveau des futurs boursiers scientifiques.
Les centres culturels et les Alliances françaises
participeront également à cette mission.
Nous disposons d'un véritable réseau à travers l'archipel
qui dispense cours de français et documentation sur la France. Il
s'agit :
- des centres culturels implantés à Jakarta, Surabaya,
Bandung et Yogjakarta ;
- du CEDUST de Jakarta ;
- des onze Alliances françaises réparties sur l'ensemble du
territoire. Celles-ci ne bénéficient maintenant d'aucun
détaché. Il conviendrait d'en faire des acteurs à part
entière de notre réseau culturel et de leur en donner les moyens.
Les échanges culturels (2,9 millions de francs)
sont
relativement modestes. Notre pays souffre d'une image imprécise, voire
inexistante hors des grandes villes. Ils reposent principalement sur nos
centres culturels qui offrent une programmation artistique au rythme d'un
spectacle par mois.
Les échanges ont bénéficié en 1992 d'une
opération de prestige, Paris-Jakarta, financée par des
mécènes indonésiens (expositions, films, concerts). Dans
ce cadre, a été menée une intéressante
opération de restauration de peintures et estampes de grands
maîtres (Soulages, Kandinsky) données à l'Indonésie
dans les années 1950. Celle-ci a connu une deuxième phase cette
année et permis la formation de restaurateurs indonésiens.
A l'occasion des célébrations du cinquantenaire de
l'indépendance, en 1995, des opérations d'envergure ont
été conduites : exposition des Trésors du Musée
national de Jakarta au Musée Guimet ; spectacle grand public sur la
place centrale de Jakarta ; exposition des oeuvres françaises du
Musée de la capitale, etc.
La coopération audiovisuelle
bénéficie d'une
enveloppe trop limitée (0,8 million de francs).
Notre présence audiovisuelle en Indonésie est au coeur de la
réflexion actuelle sur la stratégie audiovisuelle
française en Asie. Une remise à plat du dispositif sur cette zone
est en cours.
TV5 est diffusée sur ASIATSAT2, qui couvre l'Indonésie, dans un
bouquet de programmes européens (comprenant également MCM,
chaîne musicale francophone). Cependant, cette diffusion se fait en
numérique, rendant obligatoire l'acquisition de décodeurs, ce qui
nuit à la vocation de chaîne grand public de TV5.
CFI, déjà diffusée en clair depuis 1993, est
passée, au deuxième trimestre 1996, sur le nouveau satellite
indonésien Palapa C2M, beaucoup plus puissant que le
précédent, ce qui lui permet de transporter, depuis juillet 1996,
les émissions de RFI. Or, dans la stratégie audiovisuelle
extérieure de la France, CFI, banque d'images, est destinée
à être majoritairement cryptée et d'un accès payant.
La France a enfin une action importante en matière d'audiovisuel
éducatif. Un cours de français est donné sur la
chaîne éducative TPI, avec des programmes élaborés
par le BCLE. Le conseiller pédagogique et audiovisuel éducatif,
affecté à Jakarta, a d'ailleurs reçu une mission
régionale.
Mais,
la présence audiovisuelle de la France en Indonésie,
reflet de la situation générale en Asie, n'est pas en
conformité avec des objectifs réellement ambitieux.
Elle doit
donc être renforcée.
A cet effet,
nous devons d'abord adapter nos programmes à la demande
indonésienne
. Cette adaptation semble désormais conçue
à partir d'une stratégie cohérente.
Celle-ci repose d'abord sur une
régionalisation des programmes
radiophoniques et télévisuels
.
RFI
a, en septembre
1996, mis en place trois programmes permettant localement des reprises FM
à la carte :
-
une chaîne d'information continue (RFI 1) dont la
thématique évoluera dans la journée en fonction des heures
de grande écoute par région ;
-
une chaîne en langues étrangères (RFI 2)
découpée en modules d'une demi-heure susceptibles de
s'insérer dans la grille de RFI 1 ;
-
une bande de programmes notamment musicaux (RFI 3).
CFI
qui diffuse ses programmes par blocs régionaux (Asie,
Proche et Moyen-Orient, Afrique, Europe et à terme Amérique
Latine) doit avoir systématiquement recours au doublage ou sous-titrage
en langues étrangères.
TV5
dispose d'un signal en Asie qui devrait prochainement faire l'objet
d'un décrochage spécifique.
La nouvelle stratégie adoptée repose aussi sur
l'amélioration et le renforcement du contenu des programmes
,
notamment en matière d'information internationale, ainsi que par la
réalisation d'études d'audience qui seront harmonisées et
généralisées dans le cadre des pôles audiovisuels
extérieurs.
Nous devons également multiplier notre offre de programmes.
Cette multiplication doit se faire par la constitution de bouquets
radiophoniques et télévisuels satellitaires.
En Asie, depuis mai 1996, TV5 et MCMI sont diffusées en numérique
sur Asiasat 2 dans le cadre d'un bouquet européen comportant la Deutsche
Welle, la RAI et TRVE; RFI les rejoindra prochainement. En outre, CFI
numérisera son signal sur Intelsat 704 afin de multiplier et de
spécialiser les programmes offerts dans la zone et continuera à
être diffusée en analogique sur Palapa.
Si des progrès réels sont en cours, on ne peut que partager
entièrement l'analyse du rapporteur spécial des crédits de
la communication Jean Cluzel sur les causes de l'effacement de l'audiovisuel
français en Asie. Sa compétence et son expérience rendent
ses récentes observations sur la politique audiovisuelle
française en Asie orientate d'un intérêt tout particulier
(V. annexe).
Il est urgent de mener une réflexion approfondie sur notre
présence audiovisuelle dans cette partie du monde
, car notre offre
actuelle en direction des pays d'Asie n'est, à l'évidence, pas
adaptée aux attentes du public asiatique.
Cette question doit être résolue de façon prioritaire en
1997.
La présence culturelle de la France dépend aussi de la
communauté française
en Indonésie et des touristes
français qui visitent le pays.
Il est, de ces divers points de vue, remarquable que, si l'Indonésie
exerce sur nos compatriotes un attrait touristique indéniable, le nombre
de nos ressortissants installés dans le pays reste très modeste.
La communauté française d'Indonésie se caractérise
par sa stabilité globale tant en nombre que sur le plan structurel.
Elle est comprise entre 2.000 et 2.500 personnes
immatriculées.
La communauté, troisième en importance au sein de l'Union
européenne derrière la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, mais
très en-deçà des communautés japonaise,
coréenne et américaine continue de rassembler en grande
majorité des expatriés qui résident en Indonésie
pendant trois à cinq ans, le plus souvent en famille puisque des
facilités scolaires de bonne qualité existent à Jakarta
(de la maternelle au baccalauréat inclus), Padang (école Dumez,
de la maternelle à la troisième) et à Balikpapan
(école Total, même cursus que pour la précédente) et
que les conditions matérielles de vie sont convenables.
La répartition géographique de la communauté ne varie
guère. L'essentiel réside à Jakarta, des groupes
significatifs se trouvant à Bali, Balikpapan, Padang. Mais, il faut
noter l'implantation progressive depuis début décembre à
Medan (Nord-Sumatra) d'une cinquantaine de familles pour le compte de
France-Télécom. Elle a d'ailleurs conduit le ministère
à accéder au souhait de réouverture d'une agence
consulaire dans cette ville.
Un changement assez significatif concerne
l'augmentation non
négligeable de Français qui s'installent en Indonésie dans
des conditions précaires
, sous couvert de visas de tourisme et
tentent leur chance dans les affaires hors cadre institutionnel, sans doute
incités à l'expatriation par le contexte économique actuel
de l'Europe.
Ce groupe, est constitué pour une bonne part de compatriotes sans grande
formation professionnelle qui se trouvent fréquemment en situation
fragile.
Un certain nombre de Français, venus en Indonésie dans le cadre
de "grands contrats" il y a une dizaine d'années et demeurés dans
le pays depuis sont dans des situations identiques : leur modeste niveau de
qualification les place directement en concurrence avec les nationaux les mieux
formés. Il en résulte pour eux des situations souvent
précaires et un recours systématique aux aides institutionnelle
comme les bourses pour la scolarisation des enfants.
Jusqu'à présent, la solidarité a joué au sein de la
communauté en cas de situation d'urgence, par le biais des associations
-UFE, ADFE, ASFI- mais la capacité d'action de ces associations a ses
limites.
Le nombre de touristes français
ayant visité
l'Indonésie en 1995 se situe au même niveau (50 à 60.000)
que les années passées. Il est cependant impossible d'obtenir une
statistique officielle précise.
L'évolution se fait donc lentement vers une communauté
française moins "nantie" et davantage sujette aux incidents
quotidiens,
ce qui n'est évidemment pas sans conséquences
pour le travail consulaire.
Pour aider à l'installation des membres de la communauté
française arrivant en Indonésie, un bulletin d'informations
pratiques, régulièrement remis à jour, est
édité depuis la rentrée scolaire 1995.
Une conséquence de la fragilité d'une partie grandissante de la
communauté trouve sa traduction dans les demandes d'aide.
Si les Comités consulaires pour la protection et l'action sociale
-CCPAS- ne servent qu'une allocation de solidarité et que la
régie ne paie à l'heure actuelle qu'une pension, nombre de
familles éprouvent des difficultés à régler le
montant des frais de scolarité et le nombre de demandes de bourses
continue de progresser.
L'entraide joue au sein de la communauté pour les aides ponctuelles ce
qui fait que les recours à l'aide de l'Etat continuent de rester
l'exception.
Tous les domaines d'activités, à l'exception des visas
témoignent d'un maintien ou d'une hausse du volume des affaires.
La mise en application de la procédure Schengen au mois de mai dernier a
bien entendu conduit à une sensible diminution du nombre de
délivrances de visas par le poste (-42 %) alors que
l'intérêt des Indonésiens pour les voyages à
destination de l'Europe continue de suivre la croissance observée depuis
plusieurs années, ainsi que le confirment les informations recueillies
auprès de nos collègues italiens et britanniques.
Il apparaît que le dispositif consulaire en place en Indonésie
répond de manière satisfaisante aux nécessités du
service et à l'attente des usagers, tant étrangers que
français sauf en ce qui concerne les capacités physiques
d'accueil du public à Jakarta en raison de l'exiguïté des
locaux.
Les effectifs permettent de faire face à la progression observée
depuis plusieurs année du nombre de Français installées
dans le pays et à l'augmentation correspondante du volume des affaires.
Le système des agences consulaires -5 à l'heure actuelle, une
réouverture en cours- et leur implantation dans le pays est à la
mesure de la taille de l'Etat-archipel et permet d'éviter de longs et
coûteux déplacements à nos compatriotes pour des
formalités de base.