II. UNE PRESENCE COMMERCIALE FRANCAISE A RENFORCER DANS CES TROIS PAYS
A. ESSAIS NUCLÉAIRES ET COMMERCE EXTÉRIEUR : UN IMPACT LIMITE
Sans prétendre trancher le débat sur les incidences de notre ultime campagne d'essais nucléaires dans le Pacifique, il est cependant intéressant de présenter quelques éléments objectifs sur l'impact de cette campagne sur nos échanges avec le Japon, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Cet "échantillon" est d'autant plus significatif qu'il s'agit des pays ayant eu les réactions politiques les plus vives au sein de la communauté internationale à l'encontre de nos essais nucléaires. Cette donnée constituait pour notre rapporteur l'une des raisons l'ayant conduite à choisir ces trois pays comme cadre de sa mission.
1. Un faible impact global
Sauf à considérer que notre commerce
extérieur aurait pu croître davantage en l'absence d'essais
nucléaires, force est de constater que la progression de nos
exportations en 1995 indique
l'absence de réels effets nocifs de
cette campagne sur nos ventes à l'étranger.
Cette observation se vérifie surtout en termes de progression d'ensemble
de nos exportations, puisqu'en 1995 celles-ci ont crû de 9,2 %. Il
faut noter que même des produits symboliques de notre pays, comme la
parfumerie et les vins, ont connu une croissance à l'exportation
respective de 10,4 % et de 5 %.
L'analyse globale de nos exportations dans les trois pays visités par
votre rapporteur, confirme assez largement cette analyse d'ensemble dans la
mesure où nos ventes ont significativement progressé dans chacun
de ces trois pays.
2. Des effets sectoriels non négligeables
La concrétisation des actions de boycott, parfois
annoncées à l'encontre des produits français, ne s'est
ainsi vérifiée que de façon ponctuelle.
A l'échelle de notre commerce extérieur dans son ensemble, ces
effets semblent s'être manifestés de façon significative
uniquement sur nos ventes de champagne qui n'augmentent que de 2 %, et
surtout sur celles de cognac, qui reculent de 8 %.
Les mauvais résultats de ces deux produits expliquent largement la
régression de l'excédent du poste "boissons, alcools et tabacs"
qui revient à 11 milliards de francs en 1995,
soit un recul de
1 milliard de francs de cet excédent sectoriel par rapport à
1994.
L'observation des résultats sectoriels de nos exportations au Japon, en
Australie et en Nouvelle-Zélande confirme cette analyse.
Au Japon
, le principal mouvement de baisse de nos exportations pouvant
être imputé à la reprise des essais nucléaires porte
sur le cognac. Les
ventes de cognac ont en effet reculé de
14,3 %
, alors qu'elles avaient progressé de 5,5 % en 1994.
Ce recul représente à lui seul une perte d'environ
200 millions de francs sur ce produit. Il est intéressant de
souligner que ce recul tient en grande partie à l'importance du cognac
dans les cadeaux que s'effectuent entre eux les japonais, ce produit symbolique
de la France ayant souffert de la mauvaise image de notre pays pendant cette
période. A contrario, les succès enregistrés dans le
domaine de la parfumerie et du vêtement féminin mettent en
évidence que, dans les achats à usage privé, nos produits
n'ont rien perdu de leur réputation.
En Australie et en Nouvelle-Zélande les impacts sectoriels
négatifs ont été relativement significatifs sur les
produits dont le lien avec l'image de notre pays est fort. Avant de
présenter les principaux produits touchés, il convient de
rappeler que, dans la mesure où les secteurs industriels et chimiques
sont prépondérants au sein de nos exportations dans ces deux pays
et que nos ventes dans ces domaines ont connu de fortes progressions, le
résultat global de nos exportations n'a guère souffert des essais
nucléaires.
Les campagnes de boycott lancées à l'encontre des produits
français ont néanmoins été à l'origine d'une
diminution de nos ventes pour plusieurs produits.
Parmi eux, il faut citer notamment les produits agro-alimentaires, dont les
ventes ont chuté de 16,7 % en Australie et de 14,2 % en
Nouvelle-Zélande, en raison principalement des mauvais résultats
enregistrés pour le cognac, les champagnes, les vins et les eaux
minérales ; le secteur des voitures a lui aussi subi d'importantes
baisses qui ont atteint près de 25 % dans les deux pays.
Au total, le mouvement d'opinion déclenché à l'encontre de
nos produits en Australie et en Nouvelle-Zélande n'a pas eu d'incidence
sur nos principaux secteurs d'exportation, notre pays étant même
parvenu à poursuivre la conclusion de grands contrats avec ces deux pays.
En conclusion de ces observations relatives à l'impact des essais
nucléaires sur nos exportations,
votre rapporteur tient à
saluer l'action des représentants officiels de la France, qui ont
déployé des efforts importants pour minimiser les
conséquences négatives qu'aurait pu engendrer cette campagne.
Sur le plan du commerce extérieur, la qualité de leur action
tient en particulier au fait d'être parvenu à séparer
très largement les implications diplomatiques de notre campagne d'essais
de ses conséquences économiques et commerciales. Grâce
à ce travail, la
théorie du "business as usual"
(les
affaires continuent) semble s'être très largement
vérifiée à notre profit.
Votre rapporteur a cependant pu constater que l'image de la France
auprès de l'opinion publique de chacun des pays visités avait
souffert de cette dernière campagne d'essais nucléaires, en
particulier en Nouvelle Zélande, où cette campagne
coïncidait avec le dixième anniversaire de l'affaire du Rainbow
Warrior.