C. LES INCERTITUDES ET LES ATOUTS DE L'AUDIOVISUEL À HONG KONG
La télévision à Hong Kong offre un
étonnant paradoxe : centre régional de communications, le
territoire est aussi l'un des marchés les plus fermés aux
nouveaux opérateurs.
Hong Kong abrite le siège de nombreuses chaînes transnationales
(Star TV, chaînes du groupe Turner, NBC, CETV, CTN, TVBI) et
d'opérateurs de satellites (Asiasat, Apstar). Ses chaînes locales
continuent d'exporter largement leur production vers le reste de l'Asie.
Pourtant, Hong Kong même, qui ne compte que 6 millions d'habitants,
mais des investissements publicitaires en télévision de presque
1 milliard de dollars américains, reste hermétiquement
fermée, contrairement à la plupart des pays de la région.
Deux diffuseurs hertziens et un câblo-distributeur en position de
monopole se partagent le marché de la télévision
. Un
tiers des foyers reçoit bien des signaux satellitaires, essentiellement
par antenne collective, mais aucun diffuseur ne propose des programmes
spécifiques pour le marché de Hong Kong. Star TV fait intervenir
présentateurs et chanteurs locaux sur ses chaînes, mais n'a pas
profité de l'autorisation de diffuser en cantonais qui lui a
été accordée en 1995, ne pouvant pas se lancer sur le
créneau de la télévision payante.
Le contexte politique explique en grande partie cet état de fait
.
En vertu des accords sino-britanniques de 1984, toute nouvelle licence
d'exploitation accordée à un opérateur doit en effet
recevoir l'aval des autorités de Pékin. Un projet de loi visant
à harmoniser la législation en vigueur et à
libéraliser le secteur a récemment été
abandonné pour des raisons politiques. A l'approche de la
rétrocession (le 1er juillet 1997), Hong Kong ne peut
procéder que très prudemment dans un secteur sensible aux yeux du
régime chinois.
Des raisons économiques ont aussi guidé le choix des
autorités de Hong Kong. Malgré des investissements initiaux
importants, l'unique câblo-distributeur a un nombre d'abonnés
très en deçà des prévisions, et ses
difficultés financières pèsent sur les résultats du
conglomérat auquel il appartient. L'une des deux
télévisions hertziennes continue de perdre de l'argent,
même si son audience ne cesse de croître. Dans ces conditions, il a
été jugé préférable de ne pas ouvrir trop
largement le marché afin de ne pas déstabiliser des
opérateurs à la recherche de l'équilibre financier.
1. Une réglementation tâtillonne
La télévision à Hong Kong est régie par trois catégories de textes et deux autorités, rendant assez complexe l'encadrement juridique de la communication audiovisuelle.
a) Un triple encadrement
(1) " Television Ordinance " et " Telecommunciation Ordinance "
Les télévisions hertziennes, les
télévisions par satellite et les radios sont régies selon
la loi sur la télévision de 1990 dite " Television
Ordinance " ; depuis le 8 janvier 1993, cette loi inclut la
télévision par câble, en tentant de tenir compte de sa
spécificité.
Les chaînes hertziennes ont vocation, d'après les textes, à
satisfaire les intérêts de l'ensemble de la population de Hong
Kong, en échange de l'exclusivité de la diffusion terrestre. La
télévision par satellite s'adresse à un public beaucoup
plus large, qui ne se limite pas aux Hongkongais et lui laisse donc plus de
liberté.
Enfin, les services en ligne et le multimédia devraient faire l'objet
d'une nouvelle réglementation.
(2) Les " Codes of Practices "
Ces textes, élaborés par le " Broadcasting Authority ", précisent la loi dans trois domaines : conditions techniques de diffusion, réglementation publicitaire et contenu des programmes.
(3) Les licences
Toute chaîne, quel que soit son mode de diffusion, a besoin d'obtenir une autorisation. Celle-ci est délivrée par le Conseil exécutif de Hong Kong, après avis du " Broadcasting Authority ", pour une durée de 12 ans ; elle est révisée tous les 6 ans. Cette autorisation donne lieu à la rédaction d'un texte, licence ou cahier des charges, qui varie en fonction du mode de diffusion utilisé.