2. Un secteur de la diffusion et de la production audiovisuelles dynamique.
a) L'économie de la télévision chinoise
Pour surprenant que cela puisse paraître, les
téléspectateurs chinois ne paient pas de redevance et les
chaînes publiques sont essentiellement financées par la
publicité.
L'abonnement au câble est payant mais encore à un tarif
très bas, moins de 10 yuans par mois (6,50 francs).
La publicité est de plus en plus présente dans les programmes
audiovisuels. Sa diffusion fait l'objet d'un contrôle préalable
permettant de s'assurer qu'elle est "
conforme aux exigences de la
construction d'une civilisation socialiste
", comme le précise
la nouvelle loi sur la publicité entrée en application le
1er février 1995.
La majorité des télévisions chinoises vivent cependant de
leurs recettes publicitaires.
La CCTV, par exemple, qui exploite cinq chaînes, tire plus de 90 %
de son financement par la publicité.
L'essentiel de son chiffre d'affaires est réalisé par la
diffusion de messages publicitaires sur la première chaîne,
CCTV 1, sur laquelle une quinzaine d'écrans publicitaires sont
ouverts quotidiennement.
Pour la vente de ses espaces publicitaires, la CCTV a constitué une
régie intégrée qui définit la politique tarifaire
et fixe les conditions générales de vente. C'est avec la CCTV
qu'un accord a été signé par France Espace en
février 1996. En application de cet accord, la CCTV devait
concéder à France Espace Satellites la régie de ses
espaces de publicité et de parrainage pour l'Union européenne.
b) La production audiovisuelle en Chine
La Chine vit sous un régime de pénurie de
programmes.
Le nombre considérable de chaînes entraîne
d'énormes besoins très partiellement satisfaits. La
Télévision de Pékin (BTV), par exemple, ne présente
que 17 heures de programmes nouveaux qu'elle produit elle-même, sur
l'ensemble des 54 heures diffusées quotidiennement par ses trois
chaînes. Les deux tiers restants sont couverts par des achats ou par des
rediffusions.
Au cours des années quatre-vingt, la CCTV et les grandes
télévisions locales ont eu tendance à détacher le
secteur de la production du reste des chaînes en édifiant des
filiales commerciales. Ce sont, par exemple, à la CCTV, le Centre
national de production de téléfilms, Zhongguo dianshiju zhizuo
zhongxin, et la société de production de publicité Grande
Muraille Changcheng Yingshi gongsi, ou bien les quatre compagnies de la
télévision de Shanghai. Ces sociétés produisent les
programmes phares qui nécessitent des financements ou des moyens plus
importants : téléfilms, documentaires de qualité, etc.
Pour le reste - le gros des émissions : magazines divers,
reportages, jeux, etc., - les situations les plus diverses coexistent. La
CCTV continue, comme par le passé, à fabriquer l'ensemble de ses
émissions dans ses structures régulières. Les autres
télévisions font le plus largement appel à des
intervenants extérieurs. Les images sont sous-traitées par des
compagnies indépendantes ou à des
équipes - maisons qui, disposant des moyens des chaînes,
réalisent de façon privée. Il s'agit, en l'occurrence,
d'émissions qui n'ont pas d'existence légale mais sont cependant
déclarées comme émanant des propres services des
télévisions.
La Chine a produit chaque année plusieurs dizaines de milliers
d'heures d'émissions
. Elle a en particulier réalisé
plus de 6 000 épisodes de téléfilms (sans compter un
nombre non négligeable qui n'a pu être diffusé faute
d'avoir obtenu le visa de censure).
L'énorme volume de la production destinée à satisfaire la
boulimie des télévisions, combiné à la faible
qualification de la majorité des réalisateurs et des techniciens,
expliquent dans l'ensemble une qualité des programmes souvent
médiocre.
Les coûts de production sont dérisoires
au regard de ce que
nous connaissons dans nos pays. En 1996, le prix moyen de production des divers
types de programmes se présente ainsi :
- bulletins d'information : 1 600 yuans par minute, soit
32 000 yuans le journal (20 000 francs environ),
- magazines, documentaires, reportages : 3 150 à
6 300 francs par heure,
- téléfilms : 6 300 à 12 600 francs.
Certains films cependant disposent de financements beaucoup plus
importants : la série historique " Le Roman des trois
royaumes ", sortie dernièrement sur les écrans (84
épisodes), est revenue à 1,5 million de yuans par
épisode. La série présentée en 1994, " Ma
Chère Famille " (120 épisodes), ayant fait appel
à des interprètes très connus, a coûté en
moyenne 90 000 yuans l'épisode.
L'effet-volume est donc compensé par l'effet-prix. L'investissement sur
le marché chinois reste un investissement de long terme.