B. AUDITION DE M. JEAN PARROT, PRÉSIDENT DU CONSEIL DE L'ORDRE DES PHARMACIENS
M. Claude HURIET, rapporteur - La mission qui a
souhaité vous auditionner procède du constat fait lors des
travaux parlementaires sur la thérapie génique et cellulaire. Ils
avaient fait apparaître que des questions méritaient d'être
posées quant à l'organisation actuelle de la
sécurité sanitaire des produits.
Cela nous intéresse beaucoup de savoir quelle est la perception du
Conseil de l'ordre des pharmaciens que vous présidez.
M. Jean PARROT - Je vous remercie. Je vais m'efforcer de vous donner le point
de vue des pharmaciens.
La première chose à laquelle nous sommes attachés, c'est
bien entendu la chaîne de la sécurité du médicament.
Vous savez que le pharmacien intervient à tous les stades de cette
chaîne pharmaceutique, de la recherche à la conception du
médicament, ensuite lors de son acheminement vers les officines, enfin
à la commercialisation.
Le rôle du pharmacien est un élément essentiel de cette
sécurité sanitaire et, en France, on a fait porter une grande
responsabilité au pharmacien responsable, d'abord dans l'industrie
pharmaceutique, et ensuite dans la chaîne pharmaceutique. Cela a
été renforcé récemment au niveau de la
pharmacovigilance et de l'extension de la responsabilité du pharmacien
qui est obligé, maintenant, de communiquer lorsqu'il relève un
incident, même au stade de l'officine.
Pour revenir à l'industrie qui est le premier volet, il y a une
spécificité française qu concourt efficacement à la
sécurité sanitaire, et le pharmacien est la personne responsable
à la fois des BPF et surtout de tout le montage des dossiers, aussi bien
au niveau des essais thérapeutiques qu'au niveau des bonnes conditions
de mise sur le marché de libération des lots.
Ce pharmacien responsable est une spécialité un peu
française, et nous nous sommes livrés récemment à
une enquête sur la qualification du pharmacien responsable par rapport
à celle de ses homologues européens. L'enquête que je vous
donne vous montrera selon les pays, la qualification, le niveau des
responsabilités, et le contrat avec les autorités de tutelle par
à rapport à cette personne responsable dans les différents
pays de l'Europe, tout cela étant une transcription plus ou moins
conforme de la norme issue de la directive n° 75-319.
Une petite remarque à ce propos : en Europe, on voit souvent
à la place du pharmacien ce que l'on appelle la " personne
qualifiée ". Quand on fait une analyse plus fine de la formation
nécessaire à cette personne dite qualifiée (dans la
plupart des pays européens qui ne reconnaissent pas
ipso facto
comme personne qualifiée le pharmacien responsable), on
s'aperçoit que, pour que cette personne qualifiée ait cette
qualification, il faut qu'elle ait des notions étendues de chimie, de
biologie, en pharmaco-dynamique, en pharmacocinétique, en
galénique. Bref, quand on fait l'inventaire des compétences
nécessaires pour acquérir cette fonction, on s'aperçoit
que la seule réponse qu'il convient de donner -et pourtant les pays
européens ne la disent pas tous- c'est que cela suppose la formation
d'un pharmacien.
Heureusement, nous ne sommes pas les seuls à avoir le pharmacien comme
personne qualifiée, la plupart des pays de l'Europe l'ont
déjà.
Pour compléter mon propos, nous nous sommes aperçus
récemment qu'il était nécessaire de renforcer encore plus
cette formation du pharmacien responsable et nous avons été
amenés, au niveau de la section B de l'Ordre, qui regroupe les
pharmaciens responsables, à mettre en place des tuteurs. Maintenant,
lorsqu'un pharmacien responsable qui s'est déjà formé dans
l'industrie pharmaceutique pendant 6 mois auprès d'un de ses pairs, dans
un secteur de contrôle qui lui a déjà permis d'approcher
toutes les responsabilités du pharmacien industriel en tant que
pharmacien responsable, prend la responsabilité d'un poste et qu'il
s'inscrit pour la première fois en section B, la section lui affecte
pendant un an -ce n'est pas quelque chose de codifié dans les textes-,
deux tuteurs auxquels il peut demander toute aide et assistance par rapport aux
difficultés particulières qu'il rencontrerait dans son entreprise
ou dans l'exercice de ses responsabilités.
Nous avons fait cela car nous avons eu à instruire disciplinairement
quelques affaires qui nous ont montré que de jeunes pharmaciens
responsables, qui n'avaient pas de statut dans l'entreprise dans laquelle ils
venaient de rentrer, ont parfois été obligés, soumis
à des pressions de la part des industriels commerçants, de
libérer des lots alors qu'ils n'auraient pas souhaité le faire.
Cela nous a conduit à monter cette aide particulière
destinée aux jeunes confrères afin de leur permettre de bien
résister aux pressions de leur hiérarchie d'entreprise. Nous
avons également à avancer avec cette dernière.
Concernant la traçabilité des lots, dès l'instant
où le produit sort de l'industrie pharmaceutique, il faut être
sûr de pouvoir assurer son devenir, et surtout savoir ce qui se passe
à tous les stades de la dispensation. Nous avons monté une
procédure avec les grossistes répartiteurs et surtout avec tous
les produits sensibles pour les suivre et maintenant, dans un certain nombre de
domaines, les produits dérivés du sang, par exemple, nous sommes
amenés, y compris au niveau des officines pour les quelques produits
stables dérivés du sang, à mettre en place un cahier
permettant à chaque pharmacien d'officine de garder la trace de la
personne à qui il a vendu à un moment donné un produit
dérivé du sang : ce cahier doit normalement être
conservé à l'officine pendant une durée légale de
40 ans.
Nous avons fait des notes écrites au niveau du Conseil de l'Ordre pour
alerter les pharmaciens sur cette nouvelle procédure. Pour le moment,
les textes officiels d'application ne sont pas parus, et nous savons que, si
nos recommandations ont été suivies par un certain nombre de
pharmaciens, elle ne l'ont peut-être pas été par tous.
Il y a une petite faille dans la vigilance au niveau des produits stables
dérivés du sang dispensés à l'officine. Par contre,
cette traçabilité est mieux faite au niveau des produits
dérivés du sang dans les hôpitaux, où nous avons mis
en place des procédures avec les pharmaciens hospitaliers.
Les traçabilités mises en place semblent donner satisfaction
même si, actuellement, leur codification a souvent été
prise en charge par les pharmaciens hospitaliers eux-mêmes.
Or, le passé nous a montré que, quand nous voulions remonter dans
les dossiers des patients pour retrouver ce qui s'était fait concernant
la consommation de sang, c'était quasiment impossible en milieu
hospitalier.
Pour en rester à l'hôpital, je dirai quelques mots de la
dispensation hospitalière des médicaments. Telle que
réalisée actuellement, elle est faite en utilisant la pharmacie
comme une espèce de plateau central qui amène la plupart du temps
tous les services à formuler leurs besoins sous forme de liste, et le
pharmacien hospitalier n'a pas le retour d'informations sur qui consomme quoi
par rapport à ce qu'il délivre. La loi a prévu que nous
passions d'une distribution de masse à une dispensation unitaire, avec
formulation d'ordonnances au niveau des services hospitaliers, le tout
descendant à la pharmacie centrale qui doit, ensuite, préparer
des plateaux adaptés à chaque malade avec les médicaments
à prendre et les heures de prise.
Cela génère des coûts de fonctionnement supérieurs
pour les pharmacies hospitalières. Cependant, cela conduit à de
grandes économies dans la consommation, cela empêche les
dépôts dans les services et cela évite également des
erreurs liées à la dispensation hospitalière telle que
formulée lorsqu'elle est uniquement faite dans les services par
l'intermédiaire d'une infirmière qui en est responsable, voire de
quelqu'un d'autre qui prend le relais.
Des expériences ont été faites, en particulier dans des
hôpitaux parisiens, de mise en place de cette dispensation individuelle.
Cela ne se fait pas forcément avec un grand surcoût et cela permet
de redéployer des personnels auparavant uniquement utilisés dans
les services afin qu'ils soient maintenant utilisés en partie par les
pharmacies hospitalières pour favoriser la mise en place de traitements
unitaires à l'hôpital.
Cela permet également une réduction de consommation des
médicaments, car comme il y a affectation dès la pharmacie des
médicaments pour un malade donné, il y a moins de dispersion de
produits dans les services. Et cela permet une bien meilleure observance des
traitements. Cela présente de grands avantages.
Il y a a un an, un rapport fait par la Direction Régionale des Affaires
Sanitaires et Sociales a très bien expliqué tout le gain que l'on
peut retirer de cette meilleure qualité d'exercice, et surtout les
économies qui en découlent. Cela nécessite des adaptations
particulières. Certains services de l'Assistance publique ont
déjà franchi le pas, l'hôpital Rothschild l'a fait, la
pharmacie hospitalière de Lariboisière, l'hôpital Cochin
également. J'espère que, dans le cadre de l'hôpital
Pompidou, on arrivera à le faire, c'est un " plus " et une
sécurité supplémentaire offerte au malade.
Une enquête réalisée à l'Assistance publique
montrait que, si les chiffres de cette enquête sont valides -car c'est
une enquête faite dans un seul hôpital, il est donc difficile de la
transposer à d'autres- qu'il y avait environ 30 % d'erreurs
diverses commises dans la consommation des médicaments à
l'hôpital pendant l'hospitalisation d'un malade donné. C'est
considérable.
Cela ne veut pas dire que 30 % des médicaments consommés
dans l'hôpital le sont mal. Cela veut dire que, pour un malade
donné, au cours de son séjour hospitalier, il y a un risque de
30 % d'erreurs pour qu'à un moment donné son
médicament ne lui soit pas donné correctement par rapport au
traitement prévu. Il faut bien faire attention à la façon
d'analyser, mais cela prouve que le risque est fort.
Une expérience tout à fait personnelle liée à
l'hospitalisation de mon père, pharmacien qui est très
attaché à consommer le moins possible de
médicaments : au cours d'un séjour à la
Salpétrière, en 15 jours, il a relevé 7 erreurs de
dispensation par rapport à ce qui lui était prescrit. Il a
dû intervenir pour qu'on corrige ces erreurs.
Mme Marie-Madeleine DIEULANGARD - Vous pensez que c'est lié à
l'organisation de la dispensation ?
M. Jean PARROT - Oui, car elle n'est pas réalisée à
l'hôpital par des personnes formées pour manipuler le
médicament. A l'hôpital, il est logique que le médecin
prescrive, mais il ne va pas s'attacher particulièrement à la
dispensation du médicament ; il le délègue à
une infirmière. Or, dans la chaîne de soins pour assurer la
plénitude horaire des 24 heures de présence à
l'hôpital et des horaires de prise, vous avez automatiquement des
transmissions de données qui se font au cours de la journée entre
les infirmières. Et entre l'infirmière responsable du
médicament dans le service et les autres qui, sous sa
responsabilité, à des horaires précis, sont amenés
à prendre la suite de la chaîne, on sait qu'il y a des failles.
Un moyen qui améliorerait considérablement les choses, serait de
réaliser cette fameuse dispensation journalière pour chaque
malade avec la préparation à la pharmacie hospitalière de
la dose journalière pour le malade en mettant "chambres numéro
tant, malade numéro tant" et en indiquant les heures de prise, auquel
cas chacun sait ce qu'il doit faire.
Je voudrais parler également du décret pharmacovigilance. On a
étendu au pharmacien d'officine la responsabilité
déclarative de tout incident dont il aurait connaissance. Pour le
moment, cela n'a pas encore pris son plein effet mais déjà, les
remontées de communication au niveau de l'Agence du médicament
sont très encourageantes, même si le malade ne dit pas tout
à son pharmacien.
Maintenant, parce qu'il est demandé au pharmacien de faire
lui-même les pré-déclarations, même
incomplètes, et de les renvoyer à la connaissance de l'Agence, il
peut y avoir ensuite, au niveau régional, interrogatoire du
médecin même si lui-même n'a pas fait de déclaration.
On a ainsi considérablement renforcé le maillage.
Autre élément sur lequel nous essayons d'intervenir au niveau de
l'Ordre, nous pensons que la chaîne pharmaceutique est relativement mal
utilisée par le système de sécurité sanitaire alors
qu'elle pourrait être un vecteur essentiel de transmission. Je pense par
exemple au nouveau calendrier vaccinal : on vient d'en changer et on n'a pas
utilisé le pharmacien pour vendre ce changement de calendrier vaccinal.
Or, on devrait le faire, car le pharmacien est totalement intégré
à la population et il pourrait avoir un rôle très actif.
Avec les pouvoirs publics, nous sommes en train de renforcer le rôle du
pharmacien qui va, dans les officines, dans les semaines qui viennent, avoir un
présentoir pour la présentation du carnet de santé. Il y
aura 15 millions de brochures distribuées par les officines.
Quelques mots sur le dossier de l'oxygène : le législateur
s'était attaché à essayer d'avoir un chaînage clair
de l'oxygène-médicament, pour assurer une sécurité
jusqu'au lit du malade de la dispensation de ce gaz. Or, des pressions diverses
des sociétés qui actuellement dispensent le gaz au domicile du
malade visent à faire en sorte que le décret à venir soit
rédigé de telle sorte qu'il y ait une présence
pharmaceutique pour à peu près 40 employés dans ces
sociétés.
La présence effective du pharmacien au lit du malade sera totalement
détournée si ce texte voit le jour de cette façon. Le
pharmacien ne sera qu'un porte-tampon dans un bureau ; il ne fera qu'une
validation des dossiers et n'aura aucun rôle au lit du malade. Notre
souci est de revenir à l'esprit du texte en disant que ce soit un
pharmacien de proximité inscrit à l'Ordre qui, effectivement,
joue un rôle en matière de dispensation de l'oxygène au lit
du malade.
Concernant la thérapie génique, nous sommes aussi très
inquiets de possibles dérives pour des pratiques nouvelles que l'on peut
difficilement encadrer aujourd'hui de façon parfaite, car on ne les
connaît pas toutes. Il n'empêche que, sous couvert de quelques
modernités ou innovations, il ne faudrait pas appauvrir la
sécurité que l'on peut offrir dans une chaîne
contrôlée par l'Agence.
Je pense qu'il n'est pas question pour le pharmacien de revendiquer un
monopole, mais qu'il faut simplement utiliser le pharmacien par rapport
à cette nouvelle thérapie pour lui confier des
responsabilités, même si nous savons que c'est un domaine
partagé.
Deux mots sur les pseudo-spécialités pharmaceutiques : à
l'autre bout de la génétique, on a des médicaments qui
sont présentés comme tels mais qui n'en ont pas forcément
la qualité et qui envahissent la chaîne pharmaceutique ; ils
représentent une véritable pollution. Parfois, ils
détournent les malades de consommations utiles pour des pathologies
lourdes. C'est une préoccupation que nous avons au niveau du Conseil
national de l'Ordre ; un arrêt très récent obtenu à
la Cour des droits de l'homme -l'arrêt Cantoni, qui date de vendredi
dernier-, remet les choses clairement au point en précisant qu'il ne
peut pas y avoir de frontière floue au niveau du médicament, cela
doit être des frontières parfaitement précises. Ceux qui
prétendent que le flou existe ont été purement et
simplement déboutés, puisque l'Etat français a vu toutes
les prérogatives qu'il avait mises en place et surtout les procès
intentés et les décisions de justice prises par la Cour de
cassation parfaitement confirmés par la Cour des droits de l'homme.
J'en viens au système d'alerte. C'est une procédure qui
était déclenchée par l'intermédiaire d'un
système mis en place avec, autrefois, la DPHM, le Conseil de l'Ordre et
les laboratoires pharmaceutique, quand il y avait un incident sur un
médicament, pour en assurer le retrait dans les 24 heures.
Nous avons progressé et établi un projet de convention entre
l'Agence du médicament et le Conseil national de l'Ordre. Le Conseil de
l'Ordre s'engage à fournir un fichier clair et à jour de tous les
pharmaciens, pour que l'on puisse les joindre, soit par fax, soit directement
par les grossistes répartiteurs qui livrent les officines plusieurs fois
par jour lorsqu'une décision de retrait intervient.
Dans ce projet de convention que nous sommes sur le point de signer,
grâce, soit au fax avec un contrat que nous allons réaliser avec
France Télécom, soit avec les grossistes répartiteurs, la
totalité des médicaments d'un lot donné, en cas de
responsabilité particulière d'un lot -ou si c'est plus large tous
les lots- pourront faire l'objet d'un retrait automatique en quelques heures.
Au lieu d'être soumis aux délais postaux, il faudra seulement
attendre 2 ou 3 heures après l'envoi du fax.
Cela a un coût, qui sera assumé par les industriels, mais je crois
que l'on ne peut plus tolérer de vivre des retraits comme celui que l'on
a vécu avec l'affaire de la Josacine, médicament pris en otage
puisqu'il n'était en réalité pas à l'origine d'un
drame quelconque, tout en étant lié indirectement à
l'intoxication d'un enfant. C'est le journal de 20 heures qui a
déclenché une panique monstre. Si on fait l'analyse de ce qui
s'est passé ce jour là, nous sommes quasi certains que les
conditions du retrait ont entraîné la paralysie d'un certain
nombre de services d'urgence essentiels en France, et le décès de
malades qui n'ont pas pu être traités à ce
moment-là, car tous les services étaient
" embolisés " par l'information qui venait d'être
donnée sur la Josacine. En particulier les urgences cardiaques n'ont pas
pu fonctionner, car pendant deux heures, tous les services étaient
débordés par les parents qui amenaient des enfants dans les
services hospitaliers en disant : "Il a pris de la Josacine, c'est le sirop
toxique, faites quelque chose".
On ne peut pas essayer d'expliquer et de gérer cela publiquement, car ce
ne serait pas gérable, mais il nous appartient de mettre en place des
outils afin d'éviter des débordements de cette nature qui ont des
effets pervers au niveau de la sécurité sanitaire, et de
permettre de gérer les incidents autrement.
Enfin, nous sommes quelque part orphelins d'une administration de tutelle. Nous
avions autrefois la Direction de la pharmacie et du médicament. Elle
présentait beaucoup de défauts, car elle n'avait pas suffisamment
de moyens, mais elle constituait une sécurité, car il y avait une
continuité dans la chaîne du médicament.
Quel que soit le stade que je vous décrivais tout à l'heure, il y
avait toujours un pharmacien. Or maintenant, avec la création de
l'Agence du médicament qui est une excellente chose, et qui constitue
certainement un outil de qualité, on opère une coupure entre
production et dispensation.
Au sein de la Direction Générale de la Santé, vous n'avez
pas un pharmacien responsable ou un inspecteur qui ait rang quelconque -comme
cela existait autrefois- et qui puisse agir sur la hiérarchie
pharmaceutique. Nous pensons que nous courons de véritables risques, car
ces gens n'ont pas aujourd'hui de rôle utile stratégiquement. Ils
font tous leur " petit boulot " dans leur " petite
région ", avec leur DRASS, ils gèrent avec leur
préfet le " petit travail " administratif qu'on leur demande
au quotidien, mais il n'y a plus de stratégie de santé publique
concernant le médicament à la DGS.
C'est une véritable faille, je l'ai dit à M. Gaymard,
à M. Barrot, ils m'ont promis d'y remédier en temps utiles.
Il est de mon devoir de vous le dire aussi.
Le seul élément que je souhaiterais ajouter est que je pense
qu'il sera nécessaire de réfléchir à la veille
sanitaire, surtout en ce qui concerne l'alimentaire et l'environnement. Or, je
pense que l'on ne fera pas l'économie de regrouper sous un seul
ministère tout ce qui concerne la veille sanitaire alimentaire, car nous
aurons d'autres crises que la BSE ; il y a eu l'environnement avec le
problème de l'amiante et la DGS n'a pas été très
heureuse dans ses premières communications sur ce sujet, pas plus que
l'Académie de médecine et je le regrette beaucoup. Je pense que
l'on a un véritable facteur de risques, il faudrait que ce pays
considère qu'il a une réelle responsabilité de
santé publique pour tout ce que les gens consomment.
On a un problème qui va survenir, celui des poissons ou des
métaux lourds. Qui travaille sur les problèmes des
huîtres ? Tant qu'on laissera une partie de la veille sanitaire
à un Ministère de l'agriculture qui a une vision
économique des choses, que l'on laissera des importations ou des
fabrications extérieures entrer sur le marché sans aucune
transparence, on prendra de vrais risques.