III. LA RÉHABILITATION DE L'ÉTAT DE DROIT : D'IMPORTANTES ZONES D'OMBRE
A. LA REMISE SUR PIED DE L'APPAREIL INSTITUTIONNEL
L'Etat, neutralisé pendant la guerre civile, regagne
peu à peu du terrain à l'image de l'armée et des forces de
sécurité intérieure, même si certains secteurs,
comme l'enseignement, ne font pas l'objet d'une attention suffisante de la part
des pouvoirs publics
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Pour M. Bahige Tabarrah, Ministre de la justice, la sécurité
publique est rétablie sur l'ensemble du territoire, notamment dans les
villes qui, à ses yeux, sont plus sûres que certaines cités
européennes ou américaines.
A l'urbanisme sauvage succèdent des schémas directeurs comme
à Beyrouth ou à Tripoli où le maire, M. Sami Menkara,
cherche à rénover le centre ville dans le respect du passé
historique de la cité.
Dans le domaine audiovisuel, la guerre civile avait permis la
prolifération anarchique des radios et des organes de
télévision. le Gouvernement a souhaité mettre en place un
dispositif juridique s'inspirant de la loi française sur le Conseil
Supérieur de l'Audiovisuel (CSA). On pouvait dénombrer lors de la
cessation des affrontements quelque 52 télévisions et
160 radios. Selon le nouveau texte, cinq chaînes de
télévision pourront continuer à émettre leurs
programmes, les autres stations disposant d'un certain délai pour cesser
leur activité.
Cette réorganisation de l'espace audiovisuel a suscité les
inquiétudes des instances religieuses, notamment du patriarche maronite.
Au moment où la délégation de la commission des Lois
quittait le Liban, un compromis semblait avoir été trouvé
autour de la création d'une télévision et de deux radios
religieuses qui émettraient sous l'autorité et la supervision des
autorités confessionnelles, la chaîne de télévision
étant commune aux chrétiens et aux musulmans qui se partageront
les heures d'émission. Ainsi, les deux principaux médias
catholiques " Télé lumière " et " La Voix
de la Charité " continueront à émettre mais sur une
nouvelle fréquence relevant de l'Etat. A cette occasion, le patriarche
maronite a mis l'accent sur la nécessité de préserver les
libertés publiques ainsi que la pluralité des moyens
d'information audiovisuels.