B. LES ÉLECTIONS D'AOÛT-SEPTEMBRE : UNE MAJORITÉ DE DÉPUTÉS FAVORABLES À LA SYRIE
Force est de reconnaître en premier lieu que les
élections se sont déroulées dans le calme et sans violence.
Le taux de participation, quoique faible pour des élections
législatives, a été nettement supérieur à
celui de 1992 (45 % contre 30 %). Il est vrai qu'en 1992, les
élections avaient été boycottées par la
communauté chrétienne.
Pour ces élections-ci, la
communauté chrétienne s'est partagée, voire
divisée
.
Si les responsables de l'opposition extérieure, le Général
Aoun, MM. Raymond Eddé ou Dany Chamoun ont tous appelé au
boycott, l'opposition intérieure s'est montrée plutôt
favorable à la participation. Quant au patriarche maronite qui n'avait
pas ménagé ses critiques à l'encontre de la nouvelle loi
électorale, il a refusé de prendre parti, laissant chacun libre
de son choix.
Par ailleurs, la liberté d'opinion et d'expression a été
pleinement respectée si bien que les partisans du boycott ont pu
défendre leur point de vue.
Enfin, notamment à Tripoli, les électeurs n'ont pas
hésité à user de leur droit de panachage, ce qui a permis
d'éliminer des candidats présentés comme favorables au
Gouvernement.
Tel n'a pas été le cas dans le Chouf où M. Walid Joumblatt
a réussi à faire passer toute " sa " liste.
Il demeure que ces élections ont été entachées de
nombreuses et graves irrégularités
. Pour n'en citer
qu'une, il a été très souvent constaté que des
Libanais établis à l'étranger avaient voté alors
qu'ils n'avaient pu être présents au Liban. Le quotidien
l'Orient-le Jour a ironisé sur le manque de place pour dresser la liste
de ces irrégularités. En tout état de cause,
19 recours en invalidation ont été déposés au
Conseil constitutionnel.
Le déroulement de la campagne électorale a été
également marqué par de constantes ingérences syriennes.
Ainsi, la Syrie a obtenu la naturalisation de plus de 100 000 nomades pour
les besoins du scrutin.
A tout cela s'ajoute que
les Libanais de l'étranger ont
été placés dans l'impossibilité de participer au
vote.
Au total, les chrétiens considèrent qu'ils ne sont
véritablement représentés que par une quinzaine de
députés tout au plus, ce qui a conduit la patriarche maronite
à constater " non sans quelque peine " que ce n'étaient
pas des " élections représentatives ".
Nul doute que l'élaboration de la nouvelle loi électorale donnera
lieu à de vives discussions. M. Elie Ferzli a indiqué
à la délégation que la Chambre des Députés
en reviendrait aux cinq circonscriptions " créées par les
Français ".