INTERVENTION DE M. JEAN-PAUL DELEVOYE, SÉNATEUR DU PAS-DE-CALAIS,
PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION DES MAIRES DE FRANCE

M. Jean-Paul Delevoye, sénateur du Pas-de-Calais .- Il ne faudrait jamais oublier me semble-t-il qu'un des aspects fondamentaux de la loi Pasqua a été de lancer dans ce pays un formidable débat. Socrate disait que la démocratie était le meilleur système politique, à condition d'éduquer le peuple. Lorsqu'on associe le peuple aux enjeux, je crois qu'on réalise une grande avancée dans le maintien de nos structures républicaines.

Monsieur le Ministre, vous avez lancé un certain nombre de débats, et on aurait pu ouvrir avec vous un débat sur le calendrier, les objectifs, les moyens, les outils. On aurait peut-être pu aussi s'engager sur de faux débats, comme le mythe du tout-TGV, du tout-autouroute, le fait de laisser croire qu'il convient d'homogénéiser la totalité du territoire, la notion d'égalitarisme...

Chacun comprend bien aujourd'hui -nul ne peut le contester- que les arbitrages seront difficiles. La réflexion et la volonté du Gouvernement en matière d'aménagement du territoire ne seront-elles pas soumises à un débat terrible entre l'urgence et le moyen terme ? La DATAR ne va-t-elle pas essayer d'atténuer les problèmes posés par la loi militaire, ou la déstructuration de pans industriels textiles ? Cela ne va-t-il pas compromettre l'objectif que vous êtes assigné pour 2015 ?

Déjà, les contrats de plan connaissent un certain ralentissement et les gels de crédits nous font entrer dans le débat que vous évoquiez entre le contribuable et l'usager...

Je voudrais vous rendre hommage, Monsieur le Ministre, d'avoir su modifier un décret qui faisait en sorte que les parlementaires étaient plutôt considérés comme une caisse d'enregistrement que comme une instance de coordination et de concertation !

Cependant, nul n'ignore que si ce fonds est augmenté de deux à trois milliards, c'est pour permettre la débudgétisation de certains autres. Comment avez-vous l'intention de garder un arbitrage entre les trois modes -route, fer et eau- qui sont alimentés par ce fonds ?

Par ailleurs, nous sommes d'accord avec votre approche sur l'analyse qualitative. Comment allez-vous mettre en place les instances d'évaluations objectives qui permettent de choisir en fonction du meilleur rapport qualité-prix ? Comment allez-vous intégrer la notion de sélectivité ? Allez-vous faire en sorte que l'Etat soit un formidable péréquateur ou, au contraire, cette notion de sélectivité incitera-t-elle l'Etat à demander aux régions défavorisées des contributions supérieures ?

Enfin, la concurrence aérienne modifiant considérablement le temps de retour des investissements, notamment ceux du TGV, ferez-vous en sorte, lors de la CIG, que les incidences américaines ne viennent pas perturber la sélectivité que vous souhaitez proposer ?

(Applaudissements).

M. Bernard Pons .- Les contraintes qui apparaissent ne vont-elles pas nous obliger à des révisions ? Je répondrai avec franchise que la nécessité fera loi ! Il y aura donc effectivement des conséquences, c'est évident...

Quant au fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables, j'ai effectivement demandé une modification du décret pris avant mon arrivée au Gouvernement.

Je me réjouis de la participation des parlementaires. Il est vrai que la répartition entre les trois modes, au début, a été très orientée vers la route, et on a pu penser à une certaine débudgétisation. Pour avoir présidé la seconde réunion du fonds -à laquelle vous participiez, Monsieur le Président- je me suis rendu compte de la vigilance des parlementaires. Je suis persuadé que dès que la vitesse de croisière sera prise, la présence des parlementaires sera une garantie suffisante pour que ce fonds ne soit pas un élément de débudgétisation. Bien entendu, il faudra y veiller, car c'est une tendance normale, et c'est effectivement préoccupant.

S'agissant des problèmes relatifs aux régions, ma conception est effectivement celle d'un Etat péréquateur, et je crois que c'est dans l'esprit de la loi.

Enfin, concernant l'Europe et la concurrence aérienne, vous avez vu que, ces derniers jours, les Américains ont voulu montrer leur puissance. Cela ne nous a pas beaucoup troublés. Cet après-midi, le secrétaire d'Etat aux transports rencontre son homologue américain, non pour négocier, mais pour l'écouter et lui demander quelles sont les orientations suivies. Nous avons des moyens de défense loin d'être négligeables...

Cette concurrence aérienne est importante, mais je pense que l'on va insister sur ce point, dans le cadre des prochaines réunions européennes.

M. François-Michel Gonnot, président .- Le temps est venu de rendre la parole à celui qui m'a fait l'honneur de me confier la présidence de ces travaux, M. Jean François-Poncet...

(Applaudissements).

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