B. UN EFFORT DE FORMATION MILITAIRE IMPORTANT
1. Les écoles nationales à vocation régionale (ENVR)
Selon le rapport des députés Yves Fromion et Gwendal Rouillard 4 ( * ) , les ENVR permettent de contribuer à forger une culture commune parmi les cadres africains repérés comme prometteurs, à la France de conserver un levier d'influence appréciable et à moindre coût, à l'heure où elle n'a plus les moyens de former en masse les officiers africains dans ses propres écoles. Comme elles permettent d'accueillir un grand nombre de stagiaires (2 400 par an), elles auraient au total un impact plus important que l'accueil des officiers africains dans les écoles en France. Les auteurs du rapport estiment cependant qu'en ciblant essentiellement les officiers supérieurs, la formation, que ce soit en France ou dans les ENVR, ne touche sans doute pas suffisamment les cadres « de contact » - sous-officiers ou officiers subalternes .
Toutefois, après les déconvenues rencontrées au Sahel, la formation des officiers des armées africaines n'apparaît sans doute plus aujourd'hui comme la « panacée » pour construire des armées solides capables de faire face aux groupes djihadistes. Ceci impose une évolution dans l'offre de coopération de défense à ces pays (voir infra).
2. L'académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT)
Certaines initiatives de formation ciblées ont cependant une pertinence certaine. Les rapporteurs ont pu constater le caractère novateur de l'AILCT, susceptible de permettre la création d'un réseau de professionnels de la lutte contre le terrorisme dans toute l'Afrique de l'Ouest, de faire progresser le niveau de compétence dans ce domaine et ainsi de construire une réponse plus efficace à la progression du djihadisme dans la région . Toutefois, cette expérience n'en est qu'à ses débuts et sa poursuite dépendra de la pérennité de ses financements autant que des résultats qu'elle pourra démontrer. Par ailleurs, l'efficacité de l'Académie, comme celle de l'Institut de Sécurité Maritime Interrégional (ISMI), qui délivre des enseignements répondant aux besoins des États du golfe de Guinée dans le domaine de la sécurité et sûreté maritime et de l'action de l'Etat en mer, dépend aussi de la qualité des personnels que les différentes armées ou administrations des pays de la région envoient pour s'y former. Or, certaines des personnes proposées ne sont pas réellement susceptibles d'apporter ensuite une valeur ajoutée dans la lutte contre le terrorisme, soit qu'elles n'occupent pas en réalité des fonctions ayant un lien suffisant avec cette problématique, soit qu'elles ne soient pas en mesure d'avoir une véritable influence à leur retour dans leur corps d'origine. Plus généralement, le succès d'une telle entreprise est, comme toujours, conditionné par un ensemble de facteurs difficile à réunir (qualité des administrations pourvoyeuses de stagiaires, soutien du pouvoir politique, bonne gouvernance, etc).
Continuer à soutenir financièrement l'AILCT pour assurer le développement du projet dans les prochaines années. Solliciter des financements européens (facilité européenne de paix) ainsi qu'auprès des partenaires européens de la France.
L'Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT)
Le projet a été annoncé en novembre 2017 à Abidjan lors du sommet Union africaine-Union Européenne par Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d'Ivoire et SEM Emmanuel Macron , Président de la République française.
Son objectif est développer les capacités des États de la Région pour apporter une réponse globale à la menace terroriste qui s'y développe, par le biais de la création d'une culture commune de la lutte contre le terrorisme, d'une communauté et d'une culture du contreterrorisme communes aux forces africaines et à leurs partenaires internationaux, du renforcement les capacités opérationnelles des unités engagées dans la lutte antiterroriste, de l'amélioration de la coordination interministérielle de tous les acteurs impliqués.
Pilier 1 : une école interministérielle des cadres dédiée à la formation des responsables et techniciens nationaux de la lutte contre le terrorisme
Pilier 2 : un centre d'entrainement des forces spéciales et des unités d'interventions spécialisées
Pilier 3 : l'Institut de Recherche Stratégique
De 2019 à 2022, 940 stagiaires ont été formés, 26 pays africains représentés, avec 80 sessions de formation.
Le public est large : préfets, magistrats, policiers, gendarmes, militaires, Administrateurs services financiers.
Pour 2022-2025, l'objectif est d'accueillir 600 stagiaires. Les stages du pilier 2 seront ouverts au profit des pays étrangers. La Capacité de formation optimale et l'achèvement de l'ensemble du projet sont attendus à l'horizon 2025.
* 4 Mission d'information sur l'évolution du dispositif militaire français en Afrique et sur le suivi des opérations en cours, 2014 : https://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i2114.pdf