B. UNE DÉMARCHE COMMUNE À L'ENSEMBLE DES OPÉRATEURS DE L'AUDIOVISUEL PUBLIC
L'autre particularité de ce COM est qu'il comporte une feuille de route commune et des objectifs communs avec les autres opérateurs de l'audiovisuel public. L'ensemble des COM, qui tous couvrent la même période (2020-2022), s'inscrivent dans la politique de transformation du secteur de l'audiovisuel public à l'ère numérique lancée par le gouvernement en 2018 dans le but - ainsi que l'indique l'avant-propos du document - de « proposer un service public à haute valeur ajoutée et pleinement adapté à l'évolution des usages ». Dans cet avant-propos, nous suggérons de reformuler de manière plus positive la dernière phrase en remplaçant « un service qui demeure utile » par « un service plus que jamais utile ».
La feuille de route énonce des priorités communes à l'ensemble des opérateurs publics, comme le soutien au secteur de la culture et de la création, le développement de l'offre destinée à la jeunesse ou encore, ce dont la commission se félicite, la place donnée aux enjeux européens et au contexte international . Cette partie du COM mentionne le rôle de l'audiovisuel extérieur comme « relais essentiel du rayonnement international de la France » et indique que ses missions « font écho aux priorités de la politique extérieure française » (développement, stabilisation des zones de crise...), ce qui est un point très important. L'action et le positionnement de FMM sont ainsi explicitement consacrés.
Les objectifs communs à tous les acteurs de l'audiovisuel public sont au nombre de cinq :
- proposer une offre de service public identifiée s'adressant à tous les publics ;
- développer des synergies et des partenariats entre opérateurs du secteur ;
- réduire les coûts de structure, assurer la maitrise de la masse salariale ;
- enfin, faire preuve d'exemplarité dans les champs de la responsabilité sociale et environnementale (égalité entre les femmes et les hommes, lutte contre les discriminations, protection de l'environnement...).
Si ces objectifs communs ne posent pas de difficultés, ils appellent cependant deux remarques :
- Les synergies et partenariats entre opérateurs de l'audiovisuel public sont bien sûr des démarches positives. Ils peuvent, en effet, favoriser un enrichissement mutuel, en particulier au plan éditorial, et générer des économies d'échelle. Si la poursuite de coopérations structurantes engagées de longue date comme franceinfo , Culture Prime ou l'offre éducative Lumni apparaît tout à fait légitime, tout comme le développement de mutualisations dans les fonctions support (achats, formations, sécurité informatique..), on peut s'interroger, en revanche, sur l'ambition de lancer autant de partenariats, dont certains sont très vagues (par exemple « proposer des actions communes pour mieux promouvoir et faire connaître les offres de l'audiovisuel public ») ainsi que plusieurs « pactes » (« culture », «jeunesse », « visibilité des outre-mer »...), soit en tout près d'une vingtaine de projets figurant sur une liste annexée au projet de COM. N'y-a-t-il pas là un risque de dispersion des efforts et des énergies, au détriment des missions fondamentales que l'opérateur doit assurer et alors même que ses moyens sont limités ?
- Concernant les objectifs de diminution des coûts de structure et de maîtrise de la masse salariale, il importe de souligner les économies déjà réalisées par FMM ainsi que l'effort supplémentaire représenté en 2021 par la mise en oeuvre d'un plan de départs volontaires portant sur 30 personnes . Il faut aussi insister sur le fait que cet opérateur n'achète pas de programmes, mais les produit en interne grâce aux journalistes qu'il emploie et qui représentent 70 % de ses personnels. Par ailleurs, la capacité de FMM à réduire la masse salariale rencontre des limites, tenant à la dynamique propre de celle-ci (augmentation automatique liée à l'existence de primes d'ancienneté notamment) ainsi qu'à la nécessité de financer de nouveaux emplois dans les fonctions administratives (notamment pour la passation des marchés) et le secteur numérique.