B. UNE ADAPTATION EXEMPLAIRE DES DIFFÉRENTS CULTES AUX NÉCESSITÉS SANITAIRES
1. Une gestion des lieux de culte conforme à la réglementation nationale
Il ressort des auditions menées par la mission de suivi que, dans la pratique, les ministres des différents cultes ont souvent mis en oeuvre des mesures plus restrictives que celles prescrites par les décrets précités au cours du confinement. En effet, bien que la fermeture des lieux de culte n'ait pas été ordonnée par les autorités publiques, nombre d'entre eux ont été fermés à l'initiative des autorités cultuelles , parfois avant même la mise en oeuvre du confinement.
Mise en oeuvre des mesures de fermeture des lieux de
culte
Les différents ministres du culte et les gestionnaires des lieux de culte ont adopté des positions différentes pour s'adapter à la situation épidémique et respecter les mesures réglementaires édictées nationalement . Ainsi, dès le 13 mars, le Conseil français du culte musulman a ordonné la fermeture des mosquées à compter du dimanche 15 mars et jusqu'à nouvel ordre. Concernant les lieux de culte catholiques, tous les diocèses n'ont pas adopté les mêmes règles et des différences ont pu être constatées à l'intérieur d'un même diocèse dans les pratiques des ministres locaux du culte. À titre d'exemple, au sein du diocèse de Paris, si de nombreuses églises sont demeurées ouvertes, d'autres ont en revanche fermé, notamment en raison de l'absence de personnes susceptibles d'assurer le gardiennage des lieux et de veiller au respect des mesures réglementaires. Toutefois, l'ensemble des célébrations collectives et messes dominicales, à l'exception des célébrations funéraires, a été suspendu dans tous les diocèses ( cf. supra ). Pour leur part, les temples protestants ont, de manière générale, été fermés, à l'exception des églises protestantes d'Alsace. Le 13 mars, un communiqué de la métropole grecque orthodoxe de France à destination des communautés grecques orthodoxes de France a appelé à la fermeture jusqu'à nouvel ordre des lieux de culte dont elle a la charge. De la même manière, le Grand Rabbin Haïm Korsia a annoncé le 15 mars la fermeture de toutes les synagogues à compter du 18 mars. Enfin, les lieux de culte bouddhistes ont, eux aussi, fermé, à des dates diverses comprises entre le 2 et le 18 mars. |
La mission de suivi salue les mesures mises en oeuvre par les différents ministres du culte et gestionnaires des lieux de culte visant à prévenir les risques sanitaires ainsi que leur réactivité face à l'évolution de la situation épidémique nationale.
En outre, la mission de suivi relève qu'à de rares exceptions, les consignes édictées par les représentants nationaux des différents cultes semblent avoir été globalement respectées sur le plan local par les gestionnaires des différents établissements cultuels. Les gestionnaires des lieux de culte ont organisé de façon autonome l'application des mesures de confinement , sous le pilotage étroit et après l'édiction de recommandations issues des instances nationales de chacun des cultes.
2. La tenue des cérémonies religieuses autorisées par les différents cultes dans le respect des prescriptions sanitaires
Les auditions des représentants des cultes ont révélé l'impact de l'état d'urgence sanitaire sur l'organisation des cultes, les difficultés rencontrées ainsi que les adaptations décidées pour assurer la continuité des activités cultuelles et célébrations collectives autorisées au cours des différentes phases du confinement, en particulier les célébrations funéraires.
Elles ont montré que les ministres des cultes se sont rapidement adaptés aux besoins qu'imposait la situation sanitaire depuis le début des mesures de confinement tout en assurant la continuité des activités cultuelles nécessaires aux concitoyens .
En effet, si certaines formes de célébrations ont connu une interruption totale , d'autres , comme les cérémonies funéraires, ont pu se poursuivre et ont même connu une forte hausse en raison des conséquences de l'épidémie de la covid-19.
Aussi, les représentants des cultes auditionnés n'ont pas fait part de difficultés dans la conduite des cérémonies d'obsèques , celles-ci s'étant principalement déroulées au cimetière. Il a, par ailleurs, été indiqué à la mission de suivi que la tenue des cérémonies d'obsèques a permis aux différents cultes d'adapter leurs fonctionnement et rituels aux nouvelles mesures sanitaires qu'exigeait la situation sanitaire, en vue de la reprise d'autres cérémonies .
La mission de suivi salue ces efforts d'adaptation entrepris par les différents ministres du culte afin de permettre la continuité des cérémonies funéraires pour les fidèles.
Au surplus, les représentants des différents cultes auditionnés ont été attentifs à l'adhésion des fidèles aux mesures sanitaires et ont fait de remarquables efforts de pédagogie afin d'éviter que des difficultés ne se produisent lors des cérémonies funéraires ou au sein des établissements de culte.
Enfin, la mission de suivi a remarqué que, dans l'ensemble, les représentants des cultes saluaient la fréquence des relations et de l'accompagnement étatique sur le plan national comme local afin de mener à bien le confinement religieux.
À titre d'exemple, le président de la République a réuni la Conférence des responsables du culte de France, le 21 avril, avec le ministre de l'intérieur, en charge des cultes, afin d'échanger sur la situation des cultes en France, ainsi que sur le calendrier et les modalités du déconfinement religieux.
Les auditions menées par la mission de suivi ont fait apparaitre que l'échelon local a été déterminant dans l'accompagnement des gestionnaires des lieux de culte face à la mise en oeuvre du confinement et aux évolutions entourant l'exercice des cérémonies religieuses collectives. L es maires semblent avoir été, en règle générale les interlocuteurs privilégiés, à l'échelon local, des gestionnaires des lieux de culte et avoir établi avec ces derniers des relations constructives.
3. Le déploiement de nouveaux moyens numériques afin de faciliter l'accès aux cultes
Afin de pallier cette fermeture des lieux de cultes et en réponse à une demande des ministres du culte, une solution alternative a été développée en collaboration avec le ministère de l'intérieur au travers d'un numéro vert d'information et d'écoute spirituelle des Cultes. Les représentants des différents cultes ont relayé le succès de cette initiative reposant sur des techniques numériques nouvelles .
Cette innovation a également permis de maintenir un lien avec les personnes dans des lieux plus difficiles d'accès comme les prisons ou les hôpitaux et centres médico-sociaux, au sein desquels les activités d'aumônerie ont été interdites ou fortement restreintes en raison de l'épidémie.
Déploiement d'un dispositif
téléphonique d'écoute
Les différents cultes ont mis en place des moyens technologiques, notamment des lignes d'écoute spirituelle au cours du confinement, afin de conserver un lien avec les fidèles malgré les obligations de distanciation physique imposées par les mesures de confinement et la situation sanitaire nationale. Au cours d'une audioconférence avec le Président de la République au début du confinement, les représentants des principaux cultes de France ont adopté une position commune demandant le développement d'une plateforme nationale destinée à mettre en relation les fidèles désirant être mis en contact avec une personne susceptible d'assurer une écoute et un soutien spirituels . Le président de la République a demandé au ministre de l'intérieur de coordonner le développement de celle-ci . A été privilégié le développement une ligne d'écoute par culte consacrant le principe d'un numéro national différent pour chacun d'eux, tout en laissant une grande latitude aux ministres du culte dans l'organisation et la mise en oeuvre de ce dispositif. Dans ce cadre, chacun des principaux cultes a mis en oeuvre un dispositif téléphonique d'écoute qui est accessible, depuis la fin du mois de mars : - soit directement par le numéro propre à chaque culte ; - soit par le numéro vert d'information sur l'épidémie de la covid-19 déployé par le Gouvernement (0 800 130 000) ; - soit par l'intermédiaire des équipes des établissements pénitentiaires ou de santé qui disposent des coordonnées de chacun des cultes participant au dispositif. Ainsi, l'église orthodoxe, le culte juif, le culte protestant, le culte musulman, l'église catholique ainsi que le bouddhisme ont disposé d'une ligne téléphonique propre, pour la durée du confinement et accessible pour toute personne infectée ou non à la covid-19, quel que soit son lieu de résidence ou de domiciliation . |
À titre d'exemple, la conférence des évêques de France a annoncé que ce dispositif avait bénéficié à près de 4 000 fidèles durant le confinement, ce qui témoigne du succès de cette initiative .
Il est important qu'une réflexion soit engagée sur la pérennité de ces moyens technologiques nouveaux qui ont prouvé leur utilité pendant le confinement mais aussi lors des tâtonnements du déconfinement « religieux » en différents lieux.