II. UNE CRISE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE AVÉRÉE

A. DES EFFETS CERTAINS SUR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE AFRICAINE

Si les effets sanitaires de la pandémie apparaissent pour le moment en retrait par rapport aux craintes initiales, il n'en va pas de même des effets économiques, dont la gravité est, de l'avis général, certaine .

Le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi évoqué « une menace sans précédent pour le développement ». Dans ses prévisions économiques pour les pays d'Afrique subsaharienne, publiées mercredi 15 avril 2020, l'institution a confirmé l'entrée en récession du continent, avec un recul attendu du PIB de 1,6 % en 2020, phénomène sans précédent pour le continent africain depuis la seconde guerre mondiale . La Banque mondiale a quant à elle estimé le recul à une fourchette comprise entre 2,1 et 5,1 % selon les pays. En outre, selon cette organisation, le choc sur le commerce international affecte durement les exportateurs, tandis que la chute des prix du pétrole touche sévèrement l'Angola, le Nigéria et le Cameroun .

On observe également une forte baisse des flux financiers extérieurs : aide internationale, tourisme, transferts privés . De son côté, l'Union africaine prédit la perte de 20 millions d'emplois et la hausse de l'endettement, estimant que les pays dont l'économie repose largement sur le tourisme ou la production pétrolière sont les plus à risque. Le continent pourrait aussi voir ses importations et exportations baisser de 35 %, soit 250 milliards d'euros.

Selon Diariétou Gaye, directrice de la stratégie et des opérations de la Banque mondiale pour l'Afrique, auditionnée par les rapporteurs, les conséquences sociales de la crise sont déjà lourdes avec 49 millions de personnes poussées dans l'extrême pauvreté. De manière générale, pour les populations pauvres, les mesures restrictives liées à la crise représentent souvent un danger supérieur à celui du COVID . En effet, beaucoup d'Africains vivent de l'économie informelle et doivent travailler toute la journée pour acheter chaque jour leurs produits de première nécessité . Il est donc impossible d'appliquer sur le continent des mesures de confinement aussi sévères que celles imposées dans les pays riches.

Enfin, la crise économique pourrait également se doubler d'une crise alimentaire due au très net ralentissement de l'import-export, aux difficultés des populations rurales encore majoritaires à se déplacer vers les marchés urbains, ainsi qu'aux effets de la quarantaine et de la fermeture des frontières.

En réponse à cette crise économique prévisible, des plans de riposte ont été établis dans la plupart des pays avec pour principal objectif, dans un premier temps, d'accroître les dépenses de santé puis de déployer, comme en Europe, des aides aux secteurs les plus touchés. Les banques centrales africaines et les entreprises ont également pris des mesures d'adaptation.

En revanche, dans le secteur informel qui regroupe la grande majorité des emplois dans une région comme le Sahel, des mesures plus ciblées vers les populations pauvres comme les transferts monétaires doivent être mises en place par les autorités et par les acteurs humanitaires, en utilisant largement les nouvelles technologies.

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