II. RISQUES NATURELS ET CLIMAT : DES DÉFIS MAJEURS
La Nouvelle-Calédonie est exposée à de nombreux risques majeurs (cyclones, tsunamis, mouvements de terrain, séismes). Le 5 décembre 2018, un séisme de magnitude 7,7 s'est produit à 10 km de profondeur, à 160 km au Sud-Est de l'île de Maré, donnant également lieu à des vagues de submersion dont la hauteur a atteint 2 m à l'île des Pins. Plus récemment, le 19 février 2019, un cyclone de catégorie 3 est passé à environ 150 km de Belep, occasionnant des vents de plus de 150 km/h, des précipitations jusqu'à 467 mm et 8 à 9 m de houle en haute mer.
En outre, les conséquences du changement sont déjà perceptibles . L'augmentation des températures est estimée à + 1,2 °C pour les températures minimales et + 0,9 °C pour les températures maximales en quarante ans. Les projections à horizon 2055 font état d'une poursuite de cette hausse des températures, d'une augmentation de la fréquence des cyclones tropicaux de catégorie 4 et 5 de 15 % ainsi qu'une acidification des océans par dissolution du CO 2 dans l'eau de mer. Les espèces à la fois terrestres et marines sont durablement menacées (destruction et dépérissement, blanchissement corallien, ralentissement de la photosynthèse). Par ailleurs, des espèces exotiques envahissantes terrestres et aquatiques imposent une forte pression sur les écosystèmes.
Un recul du trait de côte de 2 à 3 m est observé à certains endroits depuis les années 2000 selon l'Observatoire du littoral de la Nouvelle-Calédonie et la montée des eaux s'accélère, car elle est passée de 0,5 mm/an entre 1957 et 1997 à 1,9 mm/an entre 1977 et 2017. Cet enjeu revêt une dimension singulière en Nouvelle-Calédonie : pour une surface de terres émergées de plus de 18 000 km 2 , la longueur du trait de côte calédonien avoisine 3 500 km , par comparaison à un trait de côte de près de 6 000 km en métropole et une superficie de 550 000 km 2 . La situation est particulièrement préoccupante sur l' île d'Ouvéa qui est l'un des plus longs atolls du Pacifique (54 km). Des protections pour les habitations ont été mises en place sur le littoral et l'État accompagne les collectivités à travers un prêt « vert » au secteur public, porté par l'Agence française de développement (AFD). L' île des Pins est également exposée et l'érosion est visible à de nombreux endroits.
La Communauté du Pacifique (26 États et collectivités de la région), plus ancienne organisation de coopération régionale en Océanie, soutient les territoires océaniens dans la gestion des zones côtières à travers le projet RESCCUE (restauration des services éco-systémiques et d'adaptation au changement climatique), actif depuis 2015. L'échéance du prochain Forum des îles du Pacifique , prévu en 2020 au Vanuatu, est également une opportunité pour traiter ces sujets.
Face à ces enjeux, le Congrès a adopté un schéma pour la transition énergétique (STENC) en 2016 6 ( * ) , qui constitue la contribution du territoire à la COP 21 et à l'accord de Paris. La province Sud a adopté un schéma comparable en 2017 et la province Nord s'est récemment dotée d'un plan climat-énergie.
Par ailleurs, les feux de forêt sont une des principales causes de la dégradation des milieux naturels et laissent place à une végétation secondaire (savane, maquis) qui favorise la récurrence des incendies. La forêt sèche aurait perdu plus de 90 % de sa superficie originelle et cette proportion atteint 60 % pour la forêt humide. La province Sud a adopté une délibération en 2006 prescrivant l'élaboration de cartographies des risques inondations. Des programmes de plantation sont mis en place. La gestion des incendies repose sur les moyens de la gendarmerie et de la direction de la sécurité civile et de la gestion des risques, présents à Nouméa, à savoir des hélicoptères bombardiers d'eau, et la solidarité locale ainsi que, le cas échéant, des moyens militaires de l'État. Un avis du Conseil d'État, rendu en octobre 2017, a précisé la question des compétences de chaque échelon (gouvernement, provinces, communes). Des développements devraient intervenir prochainement sur la question, et la direction de la sécurité civile pourrait porter un programme de cartographies des risques, en lien avec le Gouvernement.
* 6 https://gouv.nc/sites/default/files/atoms/files/2016.06.23_schema_tranition_energetique_stenc.pdf .