C. VRAIES ET FAUSSES SOLUTIONS D'UN PROBLÈME QUE LA RECHERCHE DOIT CONTRIBUER À RÉSOUDRE

Il est régulièrement avancé que la consommation énergétique diminuera avec l'augmentation des capacités de calcul, l'utilisation d'électricité surproduite ou la réutilisation de la chaleur engendrée par le fonctionnement des fermes. Ces arguments ne sont pas valables car ils ne tiennent pas compte du fait que la compétition entre les mineurs ne joue pas sur la consommation d'énergie mais sur les coûts de celle-ci.

En ce qui concerne l'augmentation des capacités de calcul par le progrès des circuits dédiés ASIC, tels Antminer S9 , celle-ci concerne l'ensemble des mineurs et des attaquants. Les économies offertes aux mineurs le sont aussi aux attaquants potentiels. Par ailleurs, si les mineurs revendent de l'énergie sous forme de chaleur ou utilisent de l'énergie verte moins onéreuse, ils libèreront des fonds pour augmenter leur puissance totale de calcul, et leur consommation d'électricité continuera donc à augmenter.

Pour vos rapporteurs, la consommation énergétique excessive des cryptomonnaies est directement liée à l'utilisation de la preuve de travail.

Seul le passage à une autre méthode de consensus semble être une solution viable à ce qui représente un obstacle social, environnemental et politique au développement des technologies de blockchains . Comme il a été évoqué dans la première partie de ce rapport (voir III, B-2), cette transition n'est cependant pas sans poser de sérieuses difficultés techniques.

La recherche doit donc relever ce défi de la consommation énergétique , à l'image de l'initiative française BART 57 ( * ) Blockchain Advanced Research & Technologies »). Ce programme s'intéresse notamment à une méthode de validation des blocs consommant moins d'énergie, tout en utilisant des méthodes de consensus robustes aux moyens cryptographiques avancés, en développant de nouvelles architectures assurant la fiabilité et accompagnant la montée en charge du réseau.

Au-delà de la sécurité et de la consommation énergétique, les blockchains posent des questions de fond aux autorités politiques et, plus généralement, au grand public, à travers les problématiques de protection des données personnelles, de cadre juridique, de régime fiscal ou, encore, de souveraineté.


* 57 Cette initiative commune de recherche réunit l'INRIA, Télécom ParisSud, Télécom ParisTech et SystemX. Lancée le 6 mars 2018, sa feuille de route comprend des recherches sur les modèles théoriques, le passage à l'échelle et le monitoring, la sécurité de bout en bout, les architectures, la confidentialité des données, les modèles économiques et la régulation, l'impact social et le passage à d'autres modes de preuve.

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