Introduction par Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes
Merci, monsieur le président, pour ces mots chaleureux et pour votre confiance. Nous sommes, tous les membres de la délégation, extrêmement touchés par vos propos.
Mes chers collègues,
Mesdames les élues,
Mesdames, messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir que je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue au Sénat en ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes . Quelle meilleure manière de célébrer cette journée particulière qu'en invitant au Sénat, dans cette assemblée dont les territoires constituent l'ADN, des élues qui incarnent nos communes, départements et régions ? Et je n'oublie pas celles qui, ce matin, représentent nos compatriotes établis à l'étranger !
Il y a un peu moins d'un an, la délégation consacrait son événement du 8 mars à la mise à l'honneur des agricultrices. Cette année, il nous a paru tout à fait naturel, après les trois échéances électorales majeures qui ont ponctué l'année 2017, de mettre en valeur les femmes élues qui portent la voix de la République dans nos territoires.
Avant de vous présenter le programme de cette matinée, je voudrais dire un mot de la délégation aux droits des femmes, que j'ai l'honneur de présider depuis le dernier renouvellement du Sénat.
Notre délégation, comme celle de l'Assemblée nationale, fêtera en novembre 2019 son vingtième anniversaire. C'est donc une structure encore très jeune, du moins à l'échelle de notre assemblée.
Mais malgré sa jeunesse, notre délégation a su, au fil du temps, conquérir sa place dans l'institution et faire en sorte que les thématiques liées aux droits des femmes et à l'égalité entre femmes et hommes irriguent à la fois nos discussions législatives et nos activités de contrôle de l'action du Gouvernement. Vous avez toutes et tous dans vos dossiers des documents qui présentent le travail de la délégation : je vous laisse donc prendre connaissance de notre bilan.
Ce qui me paraît important ce matin, c'est de souligner ce qui est devenu notre marque de fabrique : notre volonté partagée de travailler tous ensemble, femmes et hommes, majorité et opposition, pour faire avancer les droits des femmes, par-delà nos appartenances politiques.
De cet esprit collectif et convivial, il résulte une ambiance particulière à la délégation aux droits des femmes que, je crois, tout le monde apprécie.
Nous comptons à la délégation huit hommes sur trente-six membres. Cela représente 22 % de nos effectifs. 22 %, c'était la proportion de femmes au Sénat en 2011 !
Vous avez d'ailleurs à l'écran deux graphiques éloquents : à gauche, la proportion d'hommes et de femmes à la délégation depuis octobre 2017 ; à droite, la proportion d'hommes et de femmes au Sénat au lendemain des dernières élections de septembre 2017, soit environ 30 % 16 ( * ) . On voit bien que les ordres de grandeur sont inversés.
J'en profite pour vous donner des éléments sur la féminisation de notre assemblée depuis le dernier renouvellement du Sénat. La féminisation progresse, puisque l'on est passé de 87 femmes en 2014 à 102 après le renouvellement de 2017. Huit nouvelles sénatrices nous ont rejoints depuis les dernières élections et leur nombre s'établit aujourd'hui à 110. Le groupe auquel j'appartiens, le groupe centriste, s'enorgueillit d'être le plus féminisé du Sénat, avec 40,8 % de sénatrices 17 ( * ) .
Avec le temps, les sénatrices ont montré leur capacité à exercer des responsabilités : un peu plus du tiers des membres du Bureau sont des femmes - je salue d'ailleurs la présence parmi nous de Valérie Létard, vice-présidente du Sénat - et deux commissions sur huit sont présidées par des sénatrices.
Je voudrais maintenant présenter très rapidement les thèmes de travail choisis par la délégation.
L'année dernière, outre un rapport d'information qui posait la question du lien entre laïcité et égalité femmes-hommes, le sujet central de notre programme a été un rapport d'information sur la situation des agricultrices, qui a été rendu public en juillet 2017, sous la présidence de Chantal Jouanno. Un colloque dédié aux agricultrices était d'ailleurs notre événement du 8 mars 2017 et ce travail continue à vivre, puisqu'il a fait l'objet d'un débat en séance publique dans notre hémicycle, le 22 février dernier. Nos collègues y ont largement participé. De plus, dans quelques jours, le 12 mars, je présenterai ce rapport à l'ONU à New York.
Pendant cette session 2017-2018, notre agenda est consacré au thème des violences faites aux femmes. Nous travaillons non seulement sur les violences conjugales, mais aussi sur le harcèlement et sur l'ensemble des violences sexuelles. Depuis que notre délégation s'est reconstituée, à la suite des dernières élections sénatoriales, nous avons entendu, sur ces sujets, plus de 28 personnes : professionnels de la justice 18 ( * ) , responsables institutionnels, médecins, psychologues, représentants de la société civile, témoins et victimes, ainsi que le Défenseur des Droits.
À l'automne, notre contribution à la commémoration du centenaire de la fin de la guerre de 1914-1918 sera un colloque sur les femmes dans la Grande Guerre. Ce colloque, qui souligne l'importance qu'attache notre délégation à l'histoire, me permet de faire ainsi la transition vers l'intervention de Michelle Perrot, historienne, qui va nous parler de « Femmes et politique : une frontière interdite ? ».
Madame la professeure, vous avez consacré une partie de votre ouvrage intitulé Les femmes ou les silences de l'histoire à l'émergence de la citoyenneté des femmes. C'est dire si vous avez toute votre place ici !
Nous vous remercions pour votre présence ce matin et nous vous écoutons avec un immense intérêt.
(Applaudissements.)
* 16 Depuis les élections de septembre 2017 toutefois, au fur et à mesure des remplacements, la proportion de sénatrices s'est élevée à 32 %, soit quasiment le tiers.
* 17 Le groupe communiste, qui a longtemps été paritaire, compte actuellement 40 % de femmes. Il occupe la 2 ème place pour la féminisation de ses effectifs avant le groupe Socialiste et républicain (35,8%) et le groupe Les Républicains (31 %).
* 18 Magistrats (trois, parmi lesquels le procureur de la République) et avocats.