CHAPITRE 7 : LES NOUVELLES TECHNOLOGIES AU SERVICE DE LA SÉCURITÉ

En l'espace d'une dizaine d'années seulement, les progrès permis par les nouvelles technologies ont bouleversé le secteur de la sécurité. Technologies numériques, drones ou encore caméras de surveillance : les applications au service de la protection des personnes et des biens se sont perfectionnées.

Parallèlement, le besoin de sécurité de nos concitoyens n'a jamais été aussi grand dans notre pays, particulièrement depuis ces dernières années, dans un contexte marqué par l'intensification de la menace terroriste. Face à ce risque plus prégnant, les dépenses consacrées à la sécurité ont logiquement augmenté, et les collectivités territoriales n'ont pas pu échapper à cette tendance.

C'est un fait relativement récent, la protection de nos concitoyens, face à tous les types de risques, qu'ils soient terroristes, industriels ou environnementaux, dépend de plus en plus des nouvelles technologies. En effet, l'avenir de la sécurité passe désormais par des solutions techniques permettant d'assister les moyens humains de la surveillance et du contrôle.

L'État a depuis longtemps intégré la nécessité d'un « saut technologique 71 ( * ) » pour ce qui concerne, par exemple, les forces de police et de gendarmerie. Pour faire face aux nouvelles menaces, des agents ont ainsi été équipés de nouveaux équipements avec des tenues plus protectrices, de moyens d'observation nocturne en milieu urbain, ou encore de véhicules avec caméras embarquées pour filmer les interventions, raccordées aux centres opérationnels.

Vos rapporteurs se sont donc intéressés à une expérimentation pour les forces de gendarmerie dans le département du Nord , lancée en 2015 et baptisée NEOGEND. Équipés à titre individuel, les gendarmes peuvent désormais utiliser des outils numériques modernes (tablettes, smartphones, terminaux informatiques embarqués dans les véhicules) dans leurs missions quotidiennes : interrogation des fichiers à distance, contrôle d'identité, établissement de procès-verbaux, etc. Pour les forces sur le terrain, ces nouvelles technologies offrent un double avantage : une information en temps réel et une augmentation des capacités d'intervention. Le succès de cette expérimentation peut encourager des élus locaux à imaginer sa déclinaison pour leurs forces de police municipale par exemple.

Les élus locaux ne sont pas en reste et agissent pour promouvoir les nouvelles technologies au service de la sécurité de nos concitoyens. C'est bien évidemment la vidéoprotection à distance, dont le développement s'est opéré en moins de dix ans, qui est aujourd'hui l'outil privilégié par les collectivités territoriales pour assurer l'ordre public et protéger les biens et les personnes. Ce fut par exemple le choix opéré par la commune de Charleville-Mézières , dans les Ardennes, qui a installé pas moins de 42 caméras de vidéoprotection entre 2014 et 2017 pour lutter contre la délinquance et la recrudescence de graffitis sur les murs de la ville. La finalité dissuasive de ces dispositifs participe également à rassurer la population locale.

Désormais la vidéoprotection est aussi, de plus en plus, couplée aux technologies de détection automatique d'intrusion, de faits anormaux ou de reconnaissance faciale. Des algorithmes très puissants permettent d'analyser en temps réel des milliers d'images en quelques secondes afin d'assister les opérateurs dans la protection de nos concitoyens.

La ville de Nice , dans les Alpes-Maritimes, a également retenu l'attention de vos rapporteurs, puisqu'elle a été l'une des collectivités pionnières dans ce domaine. Les autorités municipales ont fait ce choix pour lutter contre la délinquance et ainsi garantir l'attractivité touristique du territoire. Dès 2008, la municipalité s'est dotée d'un réseau de vidéoprotection très perfectionné, couplé à un système de vidéo-verbalisation. Les nouvelles technologies ont été mobilisées pour déployer une vidéoprotection dite « intelligente », dotée de systèmes d'identification automatique en temps réel et de caméras dômes motorisées et équipées de capteurs thermiques. Près de dix ans plus tard, et forte de son succès, la ville de Nice vient de lancer une expérimentation pour développer un système de reconnaissance faciale.

Les drones sont l'autre outil dont l'essor, en quelques années seulement, a révolutionné le secteur de la sécurité. La France est d'ailleurs un des pays où ce marché connait une croissance très rapide. Utilisés principalement au départ pour réaliser des photos aériennes, les drones se tournent de plus en plus vers les applications en lien avec la sécurité et la vidéoprotection. Si leur autonomie est encore faible, ils sont néanmoins capables de parcourir de longues distances ou de sécuriser des sites logistiques, par exemple bâtiments industriels ou municipaux. Dotés d'une caméra embarquée, ils sont surtout très utiles pour atteindre des zones difficilement accessibles. Les drones sont déjà utilisés par de nombreuses autorités dans notre pays (armée, police, gendarmerie) et constituent l'un des outils privilégiés pour l'anticipation des risques environnementaux.

Dans ce domaine, vos rapporteurs ont voulu mettre en lumière l'exemple du département des Bouches-du-Rhône, où la brigade des sapeurs-pompiers est épaulée depuis 2014 par des drones pour lutter contre les incendies. Équipés de capteurs infrarouges, ces drones peuvent détecter de façon précise les départs de feu et délimiter plus finement le périmètre des incendies déclarés. Désormais complétement intégrés au dispositif préventif de surveillance des incendies sur l'ensemble du département, ils sont également réquisitionnés pour coopérer, sur le terrain, aux opérations de sauvetage nautique, de recherches de personnes disparues, ou encore d'accès aux endroits dangereux et difficiles.

Vos rapporteurs ont également pris connaissance avec intérêt de l'initiative novatrice conduite par la ville de Nîmes , dans le Gard. Suite aux inondations meurtrières subies en 2002, la municipalité a mis en service un système de surveillance numérique des précipitations par collecte d'informations météorologiques en 2005, afin de mieux anticiper les risques d'inondation. Développé dans le cadre d'une collaboration entre partenaires publics et privés, ce système permet désormais de mesurer et d'observer l'évolution des cours d'eau en temps réel, et de communiquer leur niveau aux autorités locales pour être en mesure de prendre très rapidement les décisions les plus pertinentes.

S'il est enfin un domaine dans lequel les nouvelles technologies sont de plus en plus mobilisées au service de la sécurité des usagers, c'est celui des transports. Tous les constructeurs automobiles travaillent aujourd'hui à la conception de systèmes informatiques avancés et d'algorithmes complexes qui aideront, demain, les conducteurs à éviter les accidents de la route. Les progrès des voitures autonomes permettront sans doute, également, de rendre quasi nuls les risques d'accidents, qui sont encore, dans plus de 90 % des cas, le résultat d'erreurs humaines.

La sécurité routière bénéficie donc pleinement des avancées technologiques, et vos rapporteurs se sont intéressés, pour l'illustrer, au cas de la ville de Sandpoint , dans l'État de l'Idaho aux États-Unis, qui expérimente depuis 2014 une route solaire équipée de panneaux photovoltaïques et de lampes à diodes électroluminescentes (LED). Cette « route intelligente » est ainsi capable de faire fondre la neige et le verglas mais aussi d'informer les automobilistes en temps réel, au moyen de messages lumineux diffusés par l'éclairage LED à distance, sur les obstacles et les dangers sur la route, ou sur les probabilités de collision.

I. LA GENDARMERIE DU NORD : L'EXPÉRIMENTATION D'OUTILS NUMÉRIQUES ET MOBILES POUR FACILITER LES MISSIONS SUR LE TERRAIN

A. LES OBJECTIFS

Le projet NEOGEND consiste à équiper chaque gendarme d'un terminal individuel ( smartphone , tablette,...) proposant des applications en lien avec son activité quotidienne. Il vise à lui permettre de mieux répondre aux sollicitations du public directement sur le terrain, d'être mieux informé lorsqu'il est à l'extérieur de sa brigade et d'augmenter ses capacités d'intervention. L'objectif du projet est également d'augmenter l'autonomie du gendarme en patrouille et d'éviter de solliciter le personnel resté à la brigade ou de contraindre l'unité sur place à se déplacer pour effectuer une vérification. Ce dispositif préfigure aussi une nouvelle forme de relation avec les citoyens grâce à l'outil numérique.


* 71 Entre 2009 et 2013, plus de 270 millions d'euros ont été consacrés au « saut technologique » pour la seule gendarmerie nationale.

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