C. L'UNIFICATION DE LA FILIÈRE HALAL : UN IMPOSSIBLE CONSENSUS ENTRE UNE MULTIPLICITÉ D'ACTEURS

Face à cette situation, plusieurs acteurs de la filière ont tenté d'unifier les référentiels et les pratiques au travers de l'adoption d'outils communs, sans que ces démarches n'aient jusqu'ici pu aboutir .

En 1985, une première tentative, le projet Tayibat, qui rassemblait la plupart des associations musulmanes (à l'exception de celles rattachées à la Grande Mosquée de Paris) ainsi que les industriels, avait ainsi échoué faute d'une représentativité suffisante.

Plus récemment, ce sont les travaux de l'association Afnor, rattachée au comité européen de normalisation (CEN), qui ont cristallisé le débat, du fait qu'aucune instance représentative du culte musulman n'y avait été associée. Si cette norme aurait pu permettre de favoriser les exportations de la filière halal française, la démarche a été perçue par les acteurs musulmans comme une tentative de contourner les autorités religieuses pour imposer à la communauté musulmane une norme séculière.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait quant à lui lancé en 2003 une démarche visant à adopter une charte du halal partagée entre les différents acteurs. Ainsi que l'a indiqué le représentant du CFCM lors de son audition, le projet, qui doit notamment prendre en compte le bien-être animal, est élaboré en liaison avec le consistoire israélite de France. Si le processus a été relancé au cours des dernières années et pourrait prochainement aboutir, le projet est cependant rendu difficile par les divergences internes au CFCM comme avec des acteurs importants de la filière, et notamment certains opérateurs de certification dont le poids est important auprès des consommateurs.

Dans ce contexte s'opère également une mise en cause du rôle de l'État dans l'organisation et le contrôle de la filière , suspecté tour à tour d'une volonté d'immixtion dans la définition de normes religieuses et de négligence dans la conduite des contrôles visant à garantir la traçabilité de la filière. Pour autant, l'ensemble des services de l'État entendus par la mission d'information ont rappelé que la définition du halal relève du ressort exclusif des autorités religieuses musulmanes, sans que l'État laïc ne puisse dès lors intervenir pour favoriser l'harmonisation des référentiels et des pratiques de certification, dont il ne saurait définir le contenu.

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