C. ... ET POUR LES AUTRES PAYS DE L'UNION EUROPÉENNE
S'agissant des autres États membres de l'Union européenne, les conséquences économiques d'un éventuel « Brexit » sont, naturellement, moins documentées. Pour autant les incidences négatives associées à ce dernier se propageraient immanquablement en Europe , que cela soit en raison du recul des échanges économiques avec le Royaume-Uni - du fait du rétablissement de barrières commerciales et du ralentissement de l'activité britannique - ou d'une diffusion de la hausse des coûts de financement et des incertitudes. Ainsi, selon l'OCDE, « avec des chocs représentant entre un quart et un tiers de ceux auxquels le Royaume-Uni serait confronté, le PIB d'une Union européenne restreinte serait peu affecté en 2016, mais reculerait de près de 1 % à l'horizon 2020 » 76 ( * ) (cf. graphique ci-après).
Tableau n°
13
: Estimations
de l'impact à moyen terme d'un « Brexit »
sur le
Royaume-Uni et l'Union européenne
Source : OCDE (2016)
Bien évidemment, les incidences sur les différents États membres dépendraient de leur proximité économique avec le Royaume-Uni . Ainsi, l'Irlande compterait parmi les pays les plus affectés. En particulier, alors que les exportations irlandaises sont en grande partie destinées au marché britannique - environ 40 % du total -, un « Brexit » pourrait conduire à une diminution de 3,6 % de ces dernière 77 ( * ) , selon l'Institut pour les affaires internationales et européennes (IIEA) de Dublin.
Tableau n° 14 : Estimation de l'impact d'un « Brexit » sur le PIB par tête dans des pays de l'Union européen sélectionnés à l'horizon 2030
Sortie « douce » |
Isolement du Royaume-Uni |
|
Irlande |
- 0,82 % |
- 2,66 % |
Luxembourg |
- 0,48 % |
- 0,80 % |
Belgique |
- 0,20 % |
- 0,96 % |
Suède |
- 0,13 % |
- 0,48 % |
Pays-Bas |
- 0,10 % |
- 0,35 % |
Allemagne |
- 0,08 % |
- 0,33 % |
Espagne |
- 0,08 % |
- 0,32 % |
France |
- 0,06 % |
- 0,27 % |
Autriche |
- 0,05 % |
- 0,18 % |
Union européenne (sans le R.-U.) |
- 0,10 % |
- 0,36 % |
Monde |
- 0,06 % |
- 0,25 % |
Source : Fondation Bertelsmann (2015)
À l'horizon 2030, la fondation allemande Bertelsmann a estimé, en collaboration avec l'Institut für Wirtschaftsforschung (Ifo), qu' un retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne conduirait à ce que le PIB par tête de l'Irlande soit plus faible de 0,82 à 2,66 % à ce qu'il aurait été en cas de maintien - selon que la sortie soit « douce », dans l'hypothèse où les autorités britanniques parviendraient à négocier un accord garantissant au Royaume-Uni un traitement proche de celui de la Norvège ou de la Suisse, ou que celui-ci se trouve isolé, en l'absence de conclusion d'un tel accord, ses relations commerciales avec l'Union européenne étant alors encadrées par les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Selon la fondation Bertelsmann, l'Allemagne et la France seraient, quant à elles, moins affectées par un « Brexit » . S'agissant de l'Allemagne, l'incidence sur son PIB par tête serait comprise entre - 0,08 et - 0,33 %. Pour ce qui est de la France, le niveau du PIB par tête serait plus faible de 0,06 à 0,27 % à celui qui aurait été observé au cas de maintien du Royaume-Uni 78 ( * ) ; ceci signifie, à l'échéance 2030, une perte de revenu comprise entre 30 et 130 euros par habitant. Il apparaît donc que ces États membres ont moins à craindre des conséquences économiques directes d'un « Brexit » que des incidences indirectes d'une sortie du Royaume-Uni, qui pourrait fortement fragiliser la cohésion de l'Union européenne - les départs d'autres États membres pouvant s'accompagner, in fine , d'effets économiques autrement plus graves.
* 76 OCDE, op. cit. , avril 2016, p. 18 [traduction de la commission des finances du Sénat].
* 77 D. O'Ceallaigh et P. Gillespie (éd.), Britain and Europe: An Irish Perspective , Dublin, Institute of International and European Affairs, 2015.
* 78 L'impact plus modéré d'un « Brexit » sur l'économie française est, notamment, lié au fait que la part des exportations de la France vers le Royaume-Uni ne s'élevait, en 2014, qu'à 7 % du total.