REMARQUES CONCLUSIVES SUR LE RÔLE DE L'OPECST
M. Pierre Laffitte, ancien sénateur, ancien vice-président de l'OPECST . Je tiens tout d'abord à souligner l'organisation remarquable de cette manifestation des trente ans du premier rapport de l'OPECST.
J'en suis d'autant plus heureux que c'est moi qui, le premier, avais évoqué, avec le député Julia, l'expérience de l' Office of technology assessmen t, rapportée de l'un de mes voyages aux États-Unis d'Amérique, à Stanford, Berkeley et Washington. Trois ans plus tard, le député Julia parvenait à mettre cela en oeuvre dans notre pays.
Je crois que les travaux menés aujourd'hui constituent un signe évident de la maturité de cette institution. Cela est dû sans aucun doute à la qualité des membres successifs de l'Office parlementaire qui ont, grâce à l'existence de cette instance et au dévouement des personnels mis à leur disposition par le Sénat et l'Assemblée nationale, contribué à développer un dispositif unique, atypique et anarchique (au sens étymologique du terme) dans le système français, autour d'un projet commun, centré sur l'innovation et ses effets sur la société.
Il faut savoir que ces effets ne sont pas, a priori , considérés comme positifs. La meilleure preuve en est sans doute que l'innovation n'apparait pas dans l'évaluation des entreprises et des territoires, où elle est perçue comme diminuant la rentabilité directe, qui est au coeur de l'évaluation.
La prise de pouvoir par la finance à court terme constitue d'ailleurs une catastrophe pour l'économie mondiale et est probablement l'une des causes majeures de nos difficultés, non seulement en 2008 lors de la grande crise des subprimes , mais aussi dans le contexte actuel de désaveu des citoyens vis-à-vis de la politique. On estime ainsi que moins de 10 % des jeunes de dix-huit à vingt-huit ans vont aller voter dans deux mois, lors des élections régionales, témoignant d'un recul de la démocratie en France.
Seul l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques peut, à mon sens, remédier à cette situation. La plupart des parlementaires n'ayant pas eu l'occasion de participer aux travaux de l'Office ignorent tout de ce que l'innovation représente et des risques actuels auxquels nous sommes confrontés. Nous disposons pourtant de toutes les possibilités permettant de remédier à ces dangers et l'innovation a, à cet égard, un rôle majeur à jouer.
Pourquoi, par exemple, ne pas faire étudier la possibilité d'un téléphérique allant de Saclay au quartier latin ? Pourquoi cantonne-t-on l'usage des téléphériques urbains aux favelas d'Amérique du Sud, à Medellin notamment, où cela a permis de réduire considérablement l'influence des narcotrafiquants, ou encore à Rio de Janeiro, où cela rapproche les favelas du centre ? Cette possibilité mériterait d'être étudiée. Or, seul un groupe de personnes comme celles réunies au sein de l'Office parlementaire peut lancer une réflexion de ce type.
Je pense de même au danger représenté par le groupe Daech en termes notamment de cybercriminalité. Le réseau électrique et électronique est, en effet, extrêmement sensible à l'attaque cybernétique. La cybercriminalité est actuellement l'un des objets majeurs de préoccupation, aussi bien de la France que de l'Allemagne, qui mènent une opération commune dans le domaine des sociétés d'électronique et d'électricité, visant à développer une recherche conjointe. Il faut pour cela mobiliser largement les personnels scientifiques et technologiques. Un Livre blanc extrêmement détaillé a ainsi été publié sur ce thème dans la Revue de l'électricité et de l'électronique . Ce sujet est tellement complexe qu'il est important de fédérer et d'impliquer toutes les compétences disponibles, et en particulier celles de l'Office parlementaire.
Ce ne sont là que deux exemples parmi bien d'autres auxquels nous pourrions penser.