LISTE DES DÉPLACEMENTS EFFECTUÉS

Opération Gorgones sur le camp militaire de Caylus


le 31 mars 2014

Installations de la DRM - sur la base aérienne de Creil

le 1 er avril 2014

Installations du COS - sur la base aérienne de Villacoublay

le 9 avril 2014

Dispositif Task Force SABRE - dans la bande sud sahélienne

25 au 28 avril 2014

LES FORCES SPÉCIALES EN AFGHANISTAN

EXTRAIT DE L'AUDITION DU GÉNÉRAL

OLIVIER DE BAVINCHOVE

Le général Olivier de Bavinchove a été du 1 er novembre 2011 au 23 janvier 2013, chef d'état-major de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF), commandée par le général américain John Allen et a porté témoignage devant vos rapporteurs de l'action des forces spéciales dans des opérations de contre insurrection. Vos rapporteurs en soulignent les éléments suivants :

« Je voudrais revenir sur les facteurs de succès des forces spéciales et les facteurs d'optimisation.

« Premièrement, ce qu'il faut bien comprendre c'est que le temps s'est singulièrement raccourci et c'est un atout décisif pour les puissances capables d'accélérer le temps. Cela s'appuie sur des capteurs de renseignement d'une variété, d'une sensibilité, d'une permanence et d'une finesse extrême. Nous avons, notamment, des plateformes en l'air en permanence, et donc des interceptions continues et nous avons un raccourcissement effectif du temps entre interception ou détection, acquisition, exploitation, décision, action. Quand je dis un raccourcissement je veux parler de quelques heures, voire de moins d'une heure. À partir d'un signal extraordinairement ténu (par exemple un numéro de téléphone connu et enregistré dans une base de données), l'exploitation est extraordinairement rapide avec un système d'analyse en temps réel d'une puissance absolue, des capacités d'action immédiatement disponibles et ensuite un système décisionnel qui permet de frapper avec fulgurance. Quel type de frappe nous appliquons ? Cela dépend des circonstances. Soit c'est une frappe avion, soit c'est une frappe hélico, soit c'est une frappe drones, soit c'est une frappe forces spéciales, soit c'est une combinaison de ces éléments, voire une intégration avec d'autres forces disponibles à proximité dans l'intervalle temps recherché. Ce temps réel est une rupture stratégique. C'est absolument fondamental. C'est ce qui permet de prendre l'ascendant et nous sommes les seuls à détenir ces capacités de fulgurance. Il faut donc les optimiser.

« Deuxième facteur du succès des forces spéciales, c'est évidemment la décentralisation du commandement et la confiance donnée à celui qui commande les opérations de forces spéciales. Je n'étais pas le prescripteur des opérations, le général Allen non plus d'ailleurs, sauf pour des cibles à très haute valeur ajoutée. Les HVT font l'objet d'un traitement particulier sur l'opportunité de frappe. Mais pour les autres objectifs, c'est évidemment la décentralisation de l'action et notre responsabilité c'est de valider ensuite ou en cours d'action, parfois, la cohérence de ces frappes avec les objectifs recherchés par le plan de campagne. Il faut bien comprendre que pour que les opérations spéciales soient le plus efficaces possible, il faut une vraie liberté d'action, combinée à un choix des moyens. Cette liberté d'action se situe à l'intérieur d'un cadre stratégique extrêmement précis. Il faut bien sûr des limites droites, des limites gauches de ce que vous êtes autorisés à faire ou à ne pas faire. Mais, dans le cadre ainsi fixé, il faut laisser la liberté d'action, de façon à ce que le rythme de celle-ci ne soit pas ralenti. Le risque, c'est toujours de vouloir contrôler a priori ou en cours d'action, car le contrôle ralentit. Or ce qui fait la supériorité de la France, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, des puissances disposant de réelles capacités, c'est évidemment ce rythme qu'elles sont les seules capables d'impulser et de maintenir dans la durée. Et chaque fois que vous essayez de reprendre le contrôle, parce que vous manquez de confiance, vous obtenez inéluctablement les résultats inverses de ce que vous escomptiez. Donc il faut un cadre précis, un cadre politique qui se traduit par des directives précises au plan militaire et, une fois ceci acquis, il faut laisser dans ce cadre-là la liberté d'action au commandant opérationnel.

« J'en viens à mon troisième élément : c'est évidemment le processus décisionnel. Il est absolument fondamental. Il ne faut pas considérer que c'est quelque chose qui va s'établir au fil du temps. Il faut, au contraire, définir très précisément les niveaux de responsabilités et il faut toujours descendre de ces niveaux de responsabilités vers le terrain. Toujours. C'est-à-dire tout le contraire de ce qui se fait généralement où l'on construit au fur et à mesure, de façon un peu empirique, sans exploiter d'emblée les capacités stratégiques qui, seules, font la différence. On se trompe. Nous Français sommes particulièrement centralisateurs. C'est dans nos gènes. C'est une habitude, une tradition, une culture. Par comparaison avec ce qui se fait chez nos grands Alliés, je ne considère pas que ce soit un avantage, notamment pour la question que nous abordons aujourd'hui. Ç'est une erreur ; c'est une erreur qu'il faut combattre. Le processus décisionnel doit toujours être descendu vers le terrain des opérations, de telle sorte que les effets soient effectivement ceux qui sont recherchés par ceux qui connaissent, ceux qui savent, ceux qui mènent l'action, ceux qui décident et ceux qui sont responsables.

« Dernier point qui est important aussi : ça implique des capacités dédiées. J'entends bien ce qui se dit ici ou là, ce que vous avez entendu et que vous entendrez encore de la part des partisans des droits de tirage, des droits d'abonnement sur des capacités dédiées, où on dit « les forces spéciales, pour simplifier, c'est le 13 ème RDP, c'est, le 1 er RPIMA, ce sont les commandos etc. et puis ils ont un droit de tirage sur des capacités spécifiques, notamment de transport ou de déploiement, d'action, de renseignement ou de ciblage. Je ne crois pas du tout que ce soit une solution d'avenir. Si nous voulons optimiser notre capacité stratégique de forces spéciales, celles-ci doivent être renforcées et étoffées. Je ne rentrerai pas dans le débat 3.000 + 1.000, - d'autres le feront plus précisément que je ne saurais le faire - je pense qu'il faut faire + 1.000, ça c'est sûr car nous sommes dans un ratio qui me semble faible par rapport à la taille de nos armées et par rapport à ce qui est demandé à notre pays. Mais en revanche, il faut que les nouvelles capacités soient intégrées et dédiées dès le temps de l'entraînement, le temps de paix, de telle sorte que les savoir-faire, les mécanismes et la connaissance réciproque, c'est-à-dire la confiance dans celui qui agit à vos côtés, au-dessus de vous, à proximité, soit effectivement au rendez-vous et cette confiance-là, elle ne s'improvise pas dans l'action, car c'est une mécanique extraordinairement sensible. Elle se fait par le côtoiement quotidien et par l'intelligence commune d'une mission qui rassemble ce qui se fait de plus fort, parce que les prises de risques peuvent être d'emblée très importantes dans ce type d'opérations.

« Lorsque je disais que les résultats de 2012 et de 2013 de l'ISAF sont les plus remarquables et de très loin, depuis le début de la campagne d'Afghanistan, c'est grâce à une réorganisation profonde des forces spéciales, à une compréhension des mécanismes qui font leur efficacité et, notamment, à une simplification du commandement, combinée à une décentralisation résolue de l'action. »

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page