CONCLUSION
Au moment où notre pays, à travers la question de la transition énergétique, veut redéfinir le panorama de ses ressources et de sa consommation, la question de la part des hydrocarbures dans nos besoins se pose à nouveau. Si des économies substantielles peuvent être réalisées, nos besoins en gaz et en pétrole resteront bien réels , comme ceux de notre alter ego européen l'Allemagne. S'il faut s'opposer au développement d'exploitations minières comme le lignite en Allemagne, saccageant les paysages et augmentant la part des rejets de CO 2 , il faut s'interroger sur l'opportunité d'une part de ressources en hydrocarbures non conventionnels.
La France doit encourager la recherche pour définir une méthode respectueuse de l'environnement qui donnerait à notre économie une respiration pour mieux répondre à nos besoins pour les prochaines décennies en pétrole et en gaz et desserrer le noeud coulant d'importations de plus en plus lourdes à supporter .
À l'issue de leurs travaux, vos rapporteurs estiment que l'exploration et l'exploitation des gisements non conventionnels d'hydrocarbures sont un processus maîtrisable. De nombreuses pistes existent, s'agissant tant de l'amélioration de la fracturation hydraulique que de l'emploi de méthodes différentes . Les déplacements réalisés, notamment aux États-Unis, ont montré d'une part que les technologies alternatives étaient plus développées qu'on ne le croit bien souvent en France et, d'autre part, que la fracturation hydraulique était en voie d'amélioration continue.
Ces nouvelles technologies ont toutefois un coût supérieur à celui des anciennes, dans un contexte où la production d'hydrocarbures est par nature soumise à des conditions économiques critiques. L'estimation de nos réserves, c'est-à-dire de nos ressources susceptibles d'une exploitation commerciale, ne dépendra donc pas que de nos ressources géologiques ; elle dépendra aussi de nos choix technologiques. Nous pouvons choisir d'exploiter avec un haut degré d'exigence environnementale .
En tout état de cause, si notre pays décidait d'explorer finalement ses réserves, il conviendrait d'élaborer au préalable une réglementation et des processus de concertation adaptés, de même qu'un schéma de répartition des bénéfices engendrés .
Pour terminer, s'il est une idée à retenir, c'est la nécessité de ne pas obérer l'avenir en entravant la recherche.
Les choix technologiques sont bien évidemment d'abord des choix politiques. Mais la recherche doit néanmoins suivre son cours, sans préjuger de ses résultats. Cet effort de recherche doit être accompli tant par les organismes publics que par les entreprises. Dans la mesure où celles-ci seraient prêtes à financer un certain nombre de travaux expérimentaux, il paraît légitime, étant donné l'état de nos finances publiques, de privilégier un financement privé des opérations. Ce financement privé ne saurait aller sans un étroit contrôle public. Notre pays possède historiquement les compétences nécessaires à la mise en place d'un tel contrôle, de type administratif.
À l'inverse, si notre pays décidait de céder à une forme d'obscurantisme, il courrait le risque de prendre un retard difficilement rattrapable. Comme on le voit dans de nombreux autres secteurs économiques, l'innovation suit une courbe d'apprentissage continue . C'est un processus cumulatif, au cours duquel un certain nombre d'étapes doivent être franchies, avant d'espérer des ruptures technologiques.