CLÔTURE
Mme Sophie Élizéon, Déléguée interministérielle pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer,
Monsieur le Défenseur des droits,
Madame la Présidente du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage,
Mesdames et Messieurs les intervenants,
Monsieur le modérateur, cher Valentin,
Merci.
Merci Monsieur le Président du Sénat de votre accueil et de votre présence à nos côtés.
Merci Monsieur le Président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer de votre soutien à l'organisation de cette matinée.
Merci Monsieur le Défenseur des droits, Madame la Présidente du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, Mesdames et Messieurs les intervenants d'avoir, par votre participation à ce colloque démontré l'audace ultramarine. Car, après cette matinée riche en enseignements et échanges constructifs, nous savons que les ultramarins ont de l'audace.
L'histoire singulière des outre-mer français a forgé cette audace qui, des esclaves marrons aux marcheurs du 23 mai 1998, en passant par les Réunionnais de la Creuse, s'est incarnée dans les filles et les fils de la République que nous sommes.
Nos parcours en témoignent, de Teddy Riner à Shirley Billot, de José Jacques-Gustave à Mémona Hintermann, de Gaston Monnerville à Karine Claireaux.
Parcours brillants, parcours exemplaires. Et ce, malgré nos craintes : vous nous avez dit Monsieur Cazenave que 33 % des ultramarins de l'Hexagone s'estiment morose et 27 % présentent de la lassitude. Malgré les discriminations dont nous nous déclarons victimes, pour 56 % d'entre nous, et pour lesquelles vous nous avez rappelé, monsieur le Défenseur des Droits, qu'il était indispensable de saisir vos services.
Des parcours pourtant encore trop ignorés des médias qui, s'ils présentent une image jugée plutôt positive des ultramarins, pourraient, selon 54 % des ultramarins de l'Hexagone et 40 % des autres hexagonaux, se voir imposer des quotas concernant la diversité des origines. Les quotas comme instruments de la discrimination positive, dont vous nous avez démontré, Monsieur Mélin-Soucramanien, qu'elle était, sous certaines conditions, compatible avec la Constitution française.
Des parcours, enfin, qui conduisent souvent les originaires des outre-mer aux profils les plus pointus à s'installer dans l'Hexagone, quand les moins diplômés d'entre eux poursuivent entre ici et là-bas un avenir qui semble leur échapper.
En tant que Déléguée interministérielle pour l'égalité des chances des Français des outre-mer, je veux vous dire ma vision. Parce que nous participons par notre audace et nos parcours au développement social et économique de la France, nous la faisons rayonner dans le monde. Dès lors, nous sommes une richesse pour notre pays. Et cette richesse je veux la valoriser avec vous, autour de ces trois axes, que vous connaissez désormais : prévenir, agir, diffuser.
Prévenir par la promotion d'une image positive de qui nous sommes et l'anticipation des situations susceptibles de provoquer ou d'amplifier les inégalités constatées : je signerai prochainement une convention dans ce sens avec vous Monsieur le Défenseur des droits.
Agir et corriger en menant des actions positives en faveur de la jeunesse, j'ai cité le forum et les partenariats nouveaux, de l'économie avec la création et la reprise d'entreprise et de la solidarité, grâce notamment au réseau AVF, mais aussi de l'emploi de la formation et de la santé. Ces actions positives expérimentales ont vocation à être évaluées, modélisées, pérennisées.
Diffuser en redonnant aux ultramarins de l'Hexagone toute leur place au coeur des politiques publiques et dispositifs de droit commun. Je m'appuie pour cela sur les référents outre-mer nommés par le Gouvernement dans l'ensemble des cabinets ministériels et dont je salue la présence de certains parmi nous aujourd'hui.
Pour que l'égalité des chances ne soit plus une formule mais bien une réalité vécue par les ultramarins de l'Hexagone.
Pour que votre audace devienne demain une évidence pour toutes les Françaises et tous les Français.
Cette audace qui me donne aujourd'hui de la fierté d'être ultramarine. Fierté que nous n'osons pas toujours exprimer. Pourquoi ? Peut-être avons-nous peur : une peur irraisonnée, une peur d'être reconnu(es)... une peur d'être nous-mêmes ?
Laissez-moi vous citer l'homme qui pour moi est le plus audacieux de notre époque, Monsieur Nelson Mandela.
« Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.
Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite.
C'est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.
Nous nous posons la question : qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux, merveilleux ?
En fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être ?
Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service au monde.
L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour éviter d'insécuriser les autres.
Au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. »
Je vous remercie.
M. Serge Larcher, Sénateur de la Martinique, Président de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer
Chère Sophie Élizéon,
Chers amis qui êtes venus si nombreux aujourd'hui et avez si activement contribué à nos débats,
Nous voilà arrivés au terme de notre rencontre... mais rassurez-vous, il ne s'agit que d'une première entrevue et nous serons amenés à nous retrouver ! La délégation a en effet prévu deux autres manifestations au Sénat d'ici la fin de l'année, la première pour la célébration du centenaire de la naissance d'Aimé Césaire, la seconde pour faire oeuvre de mémoire et évoquer des passages oubliés de l'histoire coloniale française.
Un des objectifs que s'est assigné notre délégation sénatoriale est de mieux faire connaître nos outre-mer et nos concitoyens ultramarins, mais aussi de mettre en valeur leurs atouts et de faire mieux prendre en compte leurs spécificités. C'est une entreprise de longue haleine et nous prenons régulièrement des initiatives en ce sens : aussi sommes-nous heureux de rencontrer des partenaires dynamiques et engagés qui partagent notre détermination, s'investissent dans l'action de terrain et sont capables de créer du lien.
Je saluerai bien sûr aujourd'hui tout particulièrement Sophie Élizéon avec qui nous étions convenus, dès sa prise de fonction et son audition par notre délégation fin 2012, de rencontres régulières et de projets communs.
Le présent colloque, qui prend comme bannière l'« audace ultramarine » pour partir à la conquête de l'égalité réelle constitue en outre, à mon sens, un bel hommage à Aimé Césaire dont nous célébrons cette année le centenaire de la naissance ! Rappelons-nous son propos dans la tragédie du roi Christophe : « Un pas, un autre pas et tenir gagné chaque pas » !
Chers amis, je me félicite, et surtout je vous félicite, de la densité et de la richesse des échanges d'aujourd'hui. Je vous rappelle que des actes seront publiés : ils contiendront un enregistrement audiovisuel retraçant l'intégralité des interventions et des débats, et nous les feront parvenir à toutes celles et tous ceux d'entre vous qui avez laissé vos coordonnées postales.
Je tiens enfin, au terme de cette matinée, à rendre hommage une nouvelle fois à l'engagement indéfectible en faveur de nos outre-mer du président du Sénat, Jean-Pierre Bel, qui a honoré de sa présence notre colloque et accorde toujours la plus grande attention aux initiatives prises par la délégation.
Je veux aussi bien sûr chaleureusement remercier l'ensemble des intervenants pour leur fidélité, malgré quelques tribulations initiales de calendrier, et pour la diversité et la qualité des éclairages qu'ils nous ont apportés tout au long des trois tables rondes. Et je n'oublie pas notre jeune animateur, Valentin Narbonnais, qui, du haut de ses vingt ans, a guidé avec maestria nos débats et a précisément incarné aujourd'hui le talent et l'audace des ultramarins de l'hexagone !
Je vous souhaite une excellente journée.