B. LES CAUSES CULTURELLES

Tout a été dit ou presque sur les éléments expliquant la « crise » de la fiction française, même si celle-ci peut être relativisée en « access prime time » et en journée.

Votre rapporteur ne s'étendra pas sur ces explications, notamment développées dans le rapport Chevalier, soulignant néanmoins qu'elles font l'objet d'un consensus assez large.

Pour rappel, sont principalement mis en avant :

- des causes linguistiques , évidemment. La fiction française pâtît d'un bassin linguistique moins large que les séries américaines pour se développer, est donc moins bien financée, de moindre qualité, et donc en difficulté face à ses concurrentes. Cette donnée expliquerait le succès de l'animation française (par nature multilingue) et les difficultés de la fiction. Ces éléments peuvent cependant être relativisés puisque les fictions nationales ont une bonne audience dans les pays européens et que des séries danoises ont réussi à connaitre un vrai succès à l'international ;

- des facteurs historiques : la fiction française est née de la tradition artistique du cinéma. C'est la raison pour laquelle elle a longtemps privilégié les fictions unitaires de 90 minutes, souvent avec un grand succès, lesquelles sont aujourd'hui « ringardisées » par les séries américaines de 26 ou 52 minutes, qui constituent le format international. Certains soulignent sur ce sujet que la seule fiction française qui s'est bien exportée est celle née avec la télévision, à savoir la mini-série ou le sketch ( Kaamelott , Caméra Café , Bref ).

- des traditions juridiques : l'incapacité à constituer des groupes d'écriture, soulignée dans le rapport Chevalier, serait notamment liée au droit d'auteur français, qui donne un droit moral sur l'oeuvre et prévoit une rémunération proportionnelle à chacun. Elle nuirait donc à la capacité à produire des séries.

Tous ces éléments expliquent que la production de fiction française est aujourd'hui sous-industrialisée , ce que l'ensemble des personnes auditionnées ont reconnu. Selon M. Pascal Josèphe, cette sous-industrialisation serait même la marque du secteur depuis la fin de la société française de production.

Aux yeux de votre rapporteur, les facteurs culturels sont intéressants mais il est aussi particulièrement pertinent d'essayer de comprendre pourquoi le régime réglementaire mis en place n'a pas permis d'emporter les acteurs vers les nouveaux formats et les succès que la création française mérite d'obtenir.

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