Table-ronde 4 : Collectivités françaises et États du Pacifique : des atouts pour relever les défis du 21e siècle
Introduction

M. Robert Laufoaulu, Sénateur des Îles Wallis-et-Futuna, Secrétaire de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer

Après les grands enjeux politiques et stratégiques mis en exergue au cours de la matinée, je vous propose, avec le concours des différents acteurs de terrain qui sont venus apporter leur témoignage et que je remercie très vivement de leur mobilisation, de braquer les projecteurs sur les atouts dont dispose le Pacifique pour relever certains grands défis auxquels sera confrontée l'humanité au cours des prochaines décennies.

Il s'agit de défis cruciaux pour les économies et la population mondiales, tels que le défi alimentaire, l'autosuffisance énergétique ou l'approvisionnement en matières premières minérales, dont certaines sont tout à fait stratégiques pour la maîtrise et le développement des filières industrielles de pointe. Or, l'Océanie, par la dimension maritime qui la caractérise, présente des potentiels considérables. Songeons que, sans parler de la zone internationale de la haute mer, les territoires maritimes des États et territoires du Pacifique sud, c'est-à-dire les zones économiques exclusives sur lesquelles les États exercent des prérogatives de souveraineté, représentent une superficie de près de 35 millions de km 2 , dont plus de 18 % pour la France grâce à ses trois collectivités de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française et de Wallis-et-Futuna, sans oublier Clipperton. La seule zone économique exclusive polynésienne excède les 5 millions de km 2 , en deuxième position derrière l'Australie.

En comparaison, les domaines terrestres de ces États et territoires ont une superficie très exiguë : elle est de l'ordre de 8 millions de km 2 , soit moins du quart du domaine maritime. Encore faut-il relativiser ce calcul qui est faussé par l'importance du territoire terrestre de l'Australie (plus de 7,5 millions de km 2 ). Ainsi, hors Australie, l'ensemble des terres émergées représente seulement 3 % de la superficie de l'ensemble des zones économiques exclusives.

Cette proportion est encore à diviser par dix pour les collectivités françaises du Pacifique puisque leur étendue terrestre équivaut à 0,35 % de leur domaine maritime. Les facteurs de développement économique sont donc à rechercher prioritairement sur le front maritime dont les potentiels sont immenses, qu'il s'agisse des ressources halieutiques, des ressources minérales profondes ou encore du développement et de la diversification des énergies renouvelables. L'exploration et l'évaluation de ces potentiels constituent un enjeu majeur à l'aune des défis du 21 ème siècle. Après l'eldorado minier des nodules polymétalliques dans les années 1970, l'engouement pour l'exploration de ces richesses sous-marines est retombé, au point malheureusement de mettre en péril l'avance enregistrée par notre pays dans ce domaine.

Au cours des toutes dernières années cependant, l'espoir renaît avec des manifestations de l'intérêt porté par l'État à ces questions à forts enjeux : en attestent les travaux du Grenelle de la mer et du Comité interministériel de la mer ainsi que la création du Comité pour les métaux stratégiques (COMES), mais surtout d'initiatives comme le projet d'exploration des fonds sous-marins dans la zone économique exclusive de Wallis et Futuna lancé par l'IFREMER qui associe, dans un partenariat public-privé, le BRGM et des organismes privés, Technip et Eramet.

Le secteur des énergies renouvelables, en plein essor, est également porteur d'espoir, notamment pour le développement économique de nos territoires où le prix des énergies fossiles importées pèse lourd dans le phénomène dit de « la vie chère » ! La France dispose d'une expertise scientifique reconnue qu'il ne faut pas gaspiller : il faut se donner les moyens de rester dans la course, même dans un contexte budgétaire difficile car les choix d'aujourd'hui engagent notre avenir, en termes d'avancées technologiques, de développement de filières de pointe, d'autonomie énergétique et d'approvisionnement en matières stratégiques. Toutes ces questions vont être abordées par les intervenants de notre table ronde que je remercie d'avoir répondu à notre appel.

Ce colloque a aussi pour objectif une prise de conscience à laquelle notre délégation sénatoriale s'attelle en conduisant ses travaux sur les enjeux des zones économiques exclusives ultramarines.

Je vous remercie et, place au débat !

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