C. DEPUIS, LES PAYS ÉMERGENTS ONT ÉLABORÉ DES STRATÉGIES NAVALES AMBITIEUSES
L'importance stratégique des océans et les nouvelles opportunités offertes par les mers n'ont d'ailleurs pas échappé aux puissances émergentes. Bien au contraire, nous assistons depuis 2008 à la publication de nombreux documents stratégiques qui mettent en avant le rôle croissant des enjeux maritimes.
L'élaboration des stratégies maritimes de puissances qui pourraient être demain des concurrents sérieux sur les océans illustre la nécessité de réviser le Livre blanc de 2008 sur les enjeux maritimes. Il est, en effet, frappant de voir combien les enjeux liés aux flux maritimes et aux ressources sous-marines sont devenus des éléments essentiels des doctrines stratégiques des pays émergents.
Comme l'a souligné le Contre-Amiral Patrick Chevallereau, secrétaire général adjoint au Secrétaire général de la mer : « Un groupe de nations a aujourd'hui totalement intégré ce phénomène de maritimisation dans la planification de ses investissements pour les années qui viennent : c'est celui des puissances émergentes.»
Les efforts chinois sont connus : une volonté de maîtrise des mers adjacentes dans un premier temps, puis, mécaniquement avec le développement de son économie, des ambitions maritimes plus larges avec la nécessité de disposer d'une capacité de contrôle de ses voies de communication maritimes et, donc, le développement de points d'appui pour ses forces navales (le « collier de perles » de l'Océan Indien).
Le « Active Offshore Defence Strategy » en 1987 puis le China's National Defence en 2010 prévoit un développement sans précédents des capacités navales.
Ce développement est programmé en trois phases, chacune correspondant à une extension géographique de la zone d'intervention afin de maîtriser progressivement des espaces maritimes de plus en plus éloignés :
La première zone est délimitées par la chaîne d'îles allant des Kouriles à Bornéo : il s'agit de maîtriser ce que les Chinois considèrent comme leurs approches maritimes ou leurs « eaux côtières » qui contiennent Taiwan et s'étendent bien au-delà des 12 miles nautiques conférés par le droit maritime international.
La seconde zone va des Kouriles à l'Indonésie en passant par les îles Marianne et Caroline : il s'agit pour les Chinois d'avoir un accès aux grandes profondeurs océaniques qui seules permettent une mise en oeuvre efficace de leur dissuasion, la mer de Chine étant peu profonde.
Une fois ces deux premiers objectifs atteints, la troisième phase consiste à pré-positionner la marine sur tous les océans du globe à horizon 2050.
Pour cela la marine chinoise doit pouvoir s'appuyer sur des ports : des bases navales ou militaires dans l'océan Indien tels que Marao aux Maldives, Coco Island en Birmanie, Chittagong au Bangladesh et Gwadar au Pakistan doivent permettre de soutenir des opérations navales en même temps que de sécuriser la route maritime qui relie la Chine aux ressources pétrolières du golfe persique.
De ce point de vue, la trajectoire de la Chine est très significative. Pays continental , la Chine, restée longtemps en autarcie, a fait le choix de l'ouverture mais aussi d'une dépendance accrue à l'égard de ses approvisionnements énergétiques et alimentaires.
Or comme l'a souligné Monsieur Andréas Loewenstein, directeur de la stratégie et du développement de DCNS : « la contrepartie de cette ouverture est la définition d'une stratégie déterminée de sécurisation des voies d'approvisionnement et l'acquisition de bases navales tout au long de l'axe Chine-Moyen-orient. »
La modernisation des concepts stratégiques s'est accompagnée d'un développement impressionnant de la flotte de guerre.
En 2010, la marine comptait 225 000 hommes, dont 40 000 sont des conscrits. Au niveau de l'équipement, le nombre de sous-marins était estimé à au moins 58 dont six nucléaires, plus de 50 frégates et au moins 27 destroyers, plus de 180 navires amphibies ou encore 81 navires de guerre des mines.
C'est, devant le Japon, la première force en Asie, si l'on exclut la marine américaine. Et en tonnage, elle était la troisième du monde.
La modernisation de la marine signifie que Pékin pourrait appeler celle-ci à défendre ses intérêts maritimes régionaux, protéger ses voies de communication, évacuer des ressortissants chinois en cas de crise à l'étranger, participer à des opérations d'aide humanitaire ou encore de lutte contre la piraterie.
Selon le dernier Livre blanc sur la Défense chinoise publié le 31 mars dernier, la Marine chinoise a développé des capacités lui permettant de « c onduire des opérations dans des mers lointaines » et a « amélioré ses capacités de dissuasion stratégique et de contre-attaque » .
De fait, la Chine est le pays qui réalise le bond quantitatif le plus impressionnant, avec 170 % d'augmentation du budget de l'armée sur la période 2002-2011. Et c'est également la Marine qui se taille la part la plus conséquente des investissements, avec mise en chantier de sous-marins, de porte-avions, de missiles balistiques anti-navires et de frégates ultramodernes.
La Chine n'est cependant pas le seul pays à définir une stratégie tournée vers la mer. En 2009, l'Indian Maritime Strategy focalise son attention sur la région de l'océan Indien et ses sept détroits et identifie trois objectifs principaux : prévenir les attaques contre les voies maritimes, sécuriser les ressources énergétiques et contenir la montée en puissance de la Chine.
Coincée entre le Pakistan nucléaire et la Chine. L'Inde poursuit un programme de modernisation de ses moyens aéronavals, et envisage de se doter d'avions RAFALE. A l'inverse des autres BRICS, elle se trouve freinée par son déficit (5,5 % PIB) et une croissance plus faible que prévu, et son budget de défense baisse de 4% sur l'année écoulée, mais elle maintient son effort dans le domaine naval, aiguillonnée par son voisin chinois.
Plus proche de nous, la Russie , depuis le Russia's National Security Strategy to 2020 (2008) et le 2010 Russian National Maritime Policy , a défini une nouvelle stratégie maritime fondée sur 3 zones maritimes d'intérêts : le Pacifique avec une problématique liée à l'exploitation des ressources et problème de souveraineté avec le Japon, l'Arctique et les perspectives offertes par le passage du nord-est et les mers Caspienne et mer noire.
En ce qui concerne le Brésil, c'est, comme l'a fait observer devant le groupe de travail le Contre-Amiral Patrick Chevallereau, secrétaire général adjoint au secrétaire général de la mer, « une véritable stratégie maritime qui est mise en oeuvre autour du concept « d'Amazonie Bleue ». Ce concept vise notamment au développement d'une marine puissante destinée à protéger les grands flux maritimes qui sillonnent l'Atlantique et qui continuent de se développer avec les côtes africaines. « L'Amazonie bleue », c'est aussi un programme d'investissements économiques très importants en direction des grands fonds de l'Atlantique sud. ».
La Stratégie nationale de défense, paix et sécurité en 2008, qui a introduit le concept « Amazonie bleue » et « Amazonie verte » traduit une ambition claire de faire de son pays une puissance navale dotée de bâtiments modernes, y compris de sous-marins nucléaires, et ceci afin d'asseoir son ambition régionale sur l'Atlantique sud et la protection des navires d'intérêts brésiliens où qu'ils se trouvent afin de faire face aux menaces.
En établissant par décret ses droits sur sa plate-forme continentale, dans une zone riche en pétrole, au-delà des 200 milles marins, le Brésil a fixé sa frontière maritime sans attendre l'arbitrage de la Commission des limites de la plate-forme continentale des Nations unies. Cette extension de souveraineté ajoute 960 000 km 2 à la zone maritime, laquelle totalise 3,5 millions de km 2 .
La Stratégie nationale de défense (2008) accorde à la mer et à la marine brésilienne une place centrale dans la politique de sécurité et de développement du pays. Comme le souligne l'Amiral Julio Soares de Moura Neto, Commandant de la Marine du Brésil, dans une récente interview « 80 % de la population, 78 % des recettes du pays, 93 % de sa production industrielle, 85 % de sa consommation électrique sont concentrées sur une bande littorale longue de 8 500 Km et large de 100 km. Notre domaine maritime, que nous appelons communément l'Amazonie bleue, d'une superficie de près de 4 500 000 km2, abrite 90 % de nos réserves de pétrole et 67 % de nos réserves de gaz naturel, sans compter les autres ressources potentielles que l'on pourra y trouver. Plus de 30 000 personnes vivent, par roulement, dans les bassins pétrolifères offshore sur des centaines de plates-formes posées à des distances allant de 80 à 270 km de la côte.... Le Brésil a clairement des intérêts politiques, économiques et militaires à préserver en mer. Il ne peut le faire qu'à partir d'une stratégie maritime qui prépare et dispose convenablement de ses forces. »
Chine |
Inde |
Russie |
Brésil |
|
Taille totale de la zone maritime |
887 000 km² (3 000 000 km² avec revendications) |
2 300 000 km² |
7 600 000 km² |
3 660 000 km² (+ un élargissement prévu de 1 000 000 km²) |
Politique Maritime |
National Ocean Policy of China (1997) |
Indian National Ocean Policy (1982) |
Marine policy Document of the Russian Federation for a period up to 2020 (2001) |
National Maritime Policy (1994) National Policy on maritime resources (2005) |
Conflits transfrontaliers/ Revendications Maritimes |
Iles Sprately (mer de chine méridionale), iles senkaku (avec le Japon), Taiwan |
Cachemire |
Norvège (archipel de Svalbard), remise en question par les USA de sa souveraineté dans le Passage du Nord-est |
Amazonie, île Braziliera (entre le Brésil et le Paraguay) |
Livre Blancs et autres documents stratégiques |
China's National defence in 2010 |
Indian Maritime Strategy (2009) |
National Security Concept of the Russian Federation (2010) |
Stratégie Nationale de défense-Paix et sécurité au Brésil 2008 |
Moyens de projection de force/puissance |
Rénovation du PA russe et construction et plans de constriction d'un PA chinois |
1 PA (1953) + mise en service de 3 PA d'ici 2018 |
1 PA, projets de construction d'autres PA, acquisition de 4 Mistrals |
1 PA, deuxième PA en débat, construction de 5 navires d'appui logistique d'ici 2028 |
Zones d'intérêts vitales |
Voies maritimes (de l'océan Indien jusqu'à la Chine), région Asie Pacifique (notamment les mers de Chine orientales et méridionales) |
Indian Ocean Region, les 7 détroits stratégiques |
Pays membres du CIS, Arctique (Passage du Nord-est), Mer Caspienne, Mer Noire |
Amazonie bleue et Amazonie verte, Atlantique Sud |
Menaces principales |
Attaques contre les voies maritimes, souveraineté, sécurisation des ressources énergétiques |
Attaques contre les voies maritimes, situation démographique, sécurisation des ressources énergétiques, le collier de perle chinois, militarisation de l'IOR |
Bouclier Antimissile américain, souveraineté, élargissement et mal-conduite de l'OTAN, situation démographique, terrorisme |
Armes de destruction massives, terrorisme, souveraineté en Amazonie, attaques contre les voies maritimes, narcotrafiquants |
Doctrines/ Stratégies |
NFU (No First Use policy), collier de perles, élargissement de sa zone d'influence en 3 étapes progressive jusqu'en 2040, modernisation de la flotte |
NFU, Look East Policy, Cold Start Policy, modernisation de la flotte |
NFU, stratégie de l'arctique, rétablir une présence navale russe dans les coins stratégiques du monde, importance d'une stratégie pour la gestion et la protection des ressources naturelles |
Modernisation et militarisation de l'armée brésilienne, renfoncement de la présence militaire dans l'Amazonie |
La stratégie navale des Etats-Unis est quant à elle fondé sur un document de 2007 : « A cooperative Strategy for the 21st Century Seapower ».
Ce document, contenant les éléments traditionnels de la puissance maritime : dissuasion, contrôle des mers et océans, déploiements permanents, projection de force, flexibilité et endurance est dans la continuité des stratégies précédentes. Le combat en mer et contre la terre reste bien à la racine des capacités que doit détenir la Marine américaine.
Toutefois, ces capacités, dans le contexte géostratégique d'aujourd'hui, peuvent et doivent être utilisées à d'autres fins. La guerre au terrorisme, la défense du territoire contre des attaques asymétriques mais aussi la lutte contre la piraterie et les trafics de toutes natures - aux premiers rangs desquels, ceux de la drogue et des éléments d'armes de destruction massive - ne peuvent être assurées à l'échelle voulue si l'ensemble des « naval services » ne s'épaulent pas et, en particulier, si la Navy n'apporte pas aux services civils concernés le concours de ses moyens. Parmi les nouveaux concepts de la stratégie maritime, c'est ainsi la sûreté maritime, définie par la « National Strategy for Maritime Security », qui devient un des piliers de la doctrine navale.
Ce document a été complété depuis par une révision de la stratégie de défense américaine annoncée par le Président des Etats-Unis, notamment dans son discours sur l'état de l'Union, prononcé le 24 janvier 2012 devant les deux chambres du Congrès qui formule une réorientation des Etats-Unis vers le Pacifique.
L'Amérique, dont le commandement pacifique compte quelque 350.000 hommes, s'appuie pour l'heure essentiellement sur les bases de Guam et d'Okinawa (50.000 hommes). Quelque 30.000 soldats restent déployés sur la ligne de démarcation entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. Par ailleurs, nombre de navires américains patrouillent en mer de Chine. Le 16 novembre 2011, les Etats-Unis ont annoncé le déploiement cette année de 250 « marines » à Darwin, dans le nord de l'Australie, le chiffre devant être progressivement porté à 2500.
Riveraine de l'océan Pacifique et de l'océan Indien, l'Australie est un précieux allié des Etats-Unis dans la région, en sus du Japon, de la Corée du Sud et d'autres pays de l'Asie maritime (Philippine, Singapour, etc.). Avec le Vietnam ou encore l'Indonésie, les Etats-Unis développent des partenariats sans aller jusqu'à une alliance instituée. Ces différents pays cherchent à contrebalancer la puissance de Pékin qui se fait pressant dans les mers de Chine méridionale et orientale, ces « méditerranées asiatiques » revendiquées en totalité par les dirigeants chinois.
En outre, le récent plan de construction de l' US Navy pour la période 2013-2042 prévoit un investissement annuel moyen de 16,8 milliards de dollars pour une moyenne historique annuelle à 15 milliards de $. La période 2023-2032 monte même à 19 milliards de $ en raison du remplacement des SNLE US. Alors que le budget de la Défense américain diminue, celui de la Marine se maintient, traduisant l'importance accordée aux enjeux maritimes.
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Le renouveau des stratégies navales illustre sans conteste la montée en puissances des enjeux maritimes.
On ne peut être que frappé par la conjonction des ambitions maritimes affichées et formalisées par les pays émergents et des moyens qu'ils se donnent pour les poursuivre avec des budgets « naval » qui devraient augmenter, entre 2011 et 2016, en Russie de 35 %, en Chine de 57 %, au Brésil de 65 % et en Inde de 69 %.
Les pays émergents se donnent les moyens de leurs ambitions et misent sur les océans pour asseoir leurs nouvelles puissances avec des motivations qui sont tout autant économiques que stratégiques.
En cela, ils suivent les exemples des puissances maritimes qui se sont succédé à travers les siècles.
Comme le souligne Emmanuel Desclèves dans « Le Peuple de l'Océan » en 2010 « Plusieurs nations ont développé au cours de l'Histoire de véritables thalassocraties fondées sur leur puissance navale : Tyr, Carthage, Athènes, les royaumes extrême-orientaux de Linyi, des Song du Sud, de Borobudur, de Sri Vijaya, Venise, les Provinces-Unies et la Grande-Bretagne en sont probablement de bons exemples. Mais en réalité cette maîtrise de la mer reposait principalement sur une forte capacité navale militaire, en support d'une activité maritime commerciale dont dépendait la richesse du pays. Il était surtout question de flottes de guerre capables d'imposer leur volonté sur mer, ce qui supposait bien sûr la maîtrise de techniques de navigation, de construction navale, d'armes adaptées et de tactiques de combat, avec des équipages nombreux et bien entraînés. Détruire la flotte ennemie et imposer sa volonté à l'adversaire en laissant libre cours aux activités de sa propre flotte marchande, voilà à quoi aspirait une thalassocratie. »
Les nations européennes de l'époque des Grandes Découvertes sont peu ou prou entrées dans cette logique de domination des mers - notamment sur la route orientale des Indes - sous le prétexte de garantir la liberté de navigation à leurs commerçants, y compris jusque dans les comptoirs et autres ports nécessaires à leurs activités de trafic de marchandises.
Cette époque est non seulement révolue, mais on constate un renversement des rôles, notamment avec la création de véritables comptoirs chinois, non seulement dans « le collier de perle », mais jusqu'en Europe, avec l'acquisition par la Chine de la concession pour 35 ans du centre de conteneurs du port du Pirée.
Selon l'expression d'Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, « C'est la première fois, depuis que le monde a été unifié, qu'il n'est pas contrôlé exclusivement par les Occidentaux et leurs relais directs. Cela va avoir des conséquences gigantesques ! Nous ne sommes qu'au début du commencement des conséquences économiques, stratégiques, philosophiques, conceptuelles, des conséquences sur les normes, sur les priorités, sur les valeurs, sur la capacité à fixer l'agenda.» 20 ( * )
Pour autant, face à cette montée en puissance des pays émergents, les nations «occidentales », dont la France, possèdent encore des capacités de premier plan, des industries maritimes compétitives, des marines modernes et polyvalentes, et un leadership politique en matière de création de normes maritimes.
Le maintien de ces capacités maritimes est cependant une des clefs pour maintenir notre liberté d'action, notre rang et notre influence dans un monde multipolaire et faire en sorte que ce rééquilibrage ne soit aussi le point de départ du déclin des nations «occidentales » et de leurs valeurs.
C'est pourquoi, il importe au groupe de travail que le futur Livre blanc prenne la juste mesure de ces enjeux maritime.
Devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, M. Hubert Védrine affirmait, le 26 octobre 2011 : « Aujourd'hui, nous aurions donc besoin d'une stratégie globale des pays occidentaux face à la montée des émergents, qui soit une stratégie globale vis-à-vis des émergents, mais qui puisse aussi se décliner selon les pays, ne serait-ce que parce que leurs intérêts ne sont pas toujours identiques, et qui puisse surtout s'inscrire dans la durée. L'absence d'un tel concept stratégique constitue un véritable handicap ».
Parce que les enjeux maritimes dépassent le cadre des frontières nationales, que nombre d'entre eux sont communs aux pays de l'Union, la stratégie maritime française devrait pouvoir s'inscrire dans une stratégie européenne.
* 20 L'occident dans la compétition multipolaire, les cahiers du cercle des économistes - mars 2011