3. La mise en oeuvre des décisions de Lisbonne : l'adoption d'un calendrier serré et risqué
La réalisation d'une capacité OTAN de protection du territoire européen contre les missiles balistiques suppose que deux conditions soient réunies.
Il faut tout d'abord que soient déployés, en Europe, les moyens d'alerte, de poursuite et d'interception capables d'assurer une telle protection. Il s'agira de moyens nationaux. La contribution américaine (EPAA), telle qu'elle est aujourd'hui présentée par Washington, est censée couvrir à elle seule, à terme, une grande partie du besoin.
La seconde condition est que l'OTAN développe un système de commandement et de contrôle assurant le partage de l'information, ainsi que la coordination et la mise en oeuvre des moyens nationaux. C'est l'objectif de l'extension du programme ALTBMD décidée à Lisbonne.
a) Une anticipation des échéances prévues pour le programme ALTBMD
Le dernier état des échéances calendaires du programme ALTBMD établi avant le sommet de Lisbonne était cependant en fort décalage avec le calendrier de déploiement de l'EPAA américaine .
En effet, compte tenu du glissement du programme , l'intégration des systèmes d'interception « haute couche » (missiles SM-3 des bâtiments Aegis et batteries THAAD) n'était désormais envisagée qu'en 2019. Or les premiers intercepteurs SM-3 (block IA) ont commencé à être déployés en Europe dès 2011, à bord du croiseur USS Monterey , et la mise en service d'intercepteurs plus performants (SM-3 block IB) et plus nombreux (site Aegis Ashore en Roumanie et, éventuellement, batteries THAAD) est prévue dès 2015.
La mise en oeuvre des décisions de Lisbonne nécessite un profond remaniement du calendrier du programme ALTBMD visant à la fois à intégrer les fonctionnalités supplémentaires exigées pour la défense territoriale , et à anticiper certaines échéances afin de réduire l'écart , faute de pouvoir pleinement converger, avec le calendrier de l'EPAA américaine .
La nécessité de se rapprocher du calendrier américain écarte d'emblée l'hypothèse d'un déroulement purement séquentiel (capacité de défense antimissile de théâtre « couche basse », puis « couche haute », puis extension à la défense antimissile territoriale).
Elle impose au contraire de mener de front l'intégration des différentes composantes « couche basse » et « couche haute » , et celle des fonctionnalités requises pour la défense antimissile territoriale .
Ainsi remanié, le programme ALTBMD, dont il faudrait désormais changer l'appellation puisqu'il ne se limite plus à la défense antimissile de théâtre, est désormais articulé autour des échéances suivantes :
- mise en service en 2014 d'une capacité opérationnelle initiale de défense antimissile de théâtre « couche basse» ; elle doit reposer sur les systèmes d'interception Patriot PAC-3 et SAMP/T ; l'OTAN devra pouvoir planifier et exécuter des missions de défense contre les missiles de théâtre en appui d'opérations d'un volume comparable à celui de la Nato Response Force (environ 25 000 hommes) ;
- mise en service en 2016 d'une capacité partielle de défense des territoires , couplée avec la phase 2 de l'EPAA américaine prévue pour 2015, et en 2018 de la pleine capacité défense des territoires , en même temps que la phase 3 de l'EPAA.