C. UN INSTRUMENT DIPLOMATIQUE QUI STRUCTURE UN RÉSEAU D'ALLIANCE DONT LES ETATS-UNIS SONT LE LEADER
En l'espace d'une décennie, la Missile Defense a permis de structurer trois alliances diplomatiques, dont les Etats-Unis sont à la tête.
1. L'alliance asiatique autour du Japon
La coopération sur la Missile Defense a commencé au Japon en 2004 sous l'administration du premier ministre japonais Junichiro Koizumi. Entre 2006 et 2009 des recherches communes ont été menées. Puis pour une nouvelle période de 6 ans à partir de l'année fiscale 2010. Le coût total du programme atteignait près de 9 milliards de dollars jusqu'en 2012. En 2009 1,4 milliard de dollars a été dépensés pour la défense antimissile 18 ( * ) .
Le développement d'un des principaux missiles de la Missile Defense américaine le SM-3, déployé sur les navires équipés d'un système Aegis , a du reste été co-développé par les Etats-Unis et le Japon. A tel point qu'en raison de limitations résultant de sa propre Constitution, le Japon s'est un instant opposé à leur possible exportation.
Les nouvelles Lignes directrices du programme de défense nationale adoptées le 17 décembre 2010 par le Ministère de la défense et le gouvernement japonais indiquent que : « les questions nucléaires et concernant les missiles de la Corée du Nord sont des facteurs graves et immédiats de déstabilisation de la sécurité régionale. ». Leur objectif est clair : « l e Japon continuera à engager un dialogue stratégique avec les Etats-Unis pour approfondir et développer l'Alliance Japon-Etats-Unis ».
Cette alliance asiatique, structurée par la DAMB, a naturellement vocation à s'étendre au bloc immédiat des alliés américains dans la région : la Corée du Sud, Taïwan et Singapour . Cette alliance ne pourrait que se renforcer si la Chine devenait menaçante.
2. Les deux alliances du Moyen-Orient
La première alliance est celle qui unit les Etats-Unis à Israël .
Bien qu'il soit difficile d'avoir des renseignements sur ce point, il semble raisonnable de penser qu'Israël travaille à la défense antimissile depuis que celle-ci a pris forme et consistance au tournant des années 2000.
Ce pays a déployé dans un premier temps un système d'intercepteurs - le système Arrow - directement dérivé du système américain Patriot pour les menaces balistiques de courte et moyenne portées. Il a déployé dans un second temps, en novembre 2010 un nouveau système de défense anti-missile - Iron Dome - ( "Voûte d'acier" ), conçu pour écarter les menaces de tirs de roquette de la bande de Gaza et du Liban.
Le système israélien a été développé en étroite collaboration avec les industriels américains et avec l'aide du budget fédéral américain. En septembre 2008, un radar AN/TPY-2 FBX-T américain, opéré par du personnel américain, aurait été déployé sur la base aérienne de Nevatim au sud-est de Beersheba dans le Néguev. En octobre et novembre 2009, les Etats-Unis et Israël ont mené des manoeuvres militaires conjointes destinées à tester des systèmes de défense antimissiles présentés comme les plus perfectionnés au monde. Iron Dome doit s'intégrer dans un réseau défensif comptant des batteries de missiles antimissiles israéliens Hetz , capables de détruire des engins balistiques à longue portée lancés du Liban, de Syrie ou d'Iran. Ce rideau défensif pourrait être complété par un troisième système, appelé à être développé dans les prochaines années et visant à intercepter des missiles à moyenne portée. En mai 2010, le président Barack Obama, a demandé au Congrès de débloquer 205 millions de dollars (158 millions d'euros) afin d'aider Israël à déployer ce système, au-delà des trois milliards de dollars d'aide militaire que les Etats-Unis octroient chaque année à l'Etat hébreu 19 ( * ) .
Une seconde alliance au Moyen-Orient commence à se structurer autour des nations du CCG (Conseil de coopération du Golfe) . Elle a pour seul point commun avec la précédente la peur de l'Iran. Mais au contraire des Israéliens, les armes de la DAMB y seront vendues et non offertes.
Sont susceptibles de faire partie de cette alliance l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar, et les Emirats Arabes Unis, pays avec lesquels des « discussions sur la Missile Defense » ont lieu. Les Emirats Arabes Unis sont pour l'instant les seuls à avoir officiellement demandé à acheter des systèmes d'armes antimissiles.
* 18 Source : Affaires stratégiques.info : La défense anti-missile japonaise : développements et perspectives 4 février 2011 Edouard Pflimlin, chercheur associé à l'IRIS http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article4598
* 19 Source : Le Monde.fr http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/07/19/israel-un-bouclier-anti-missile-operationnel-pour-novembre_1389931_3218.html