2. Les éducateurs sportifs et les enseignants des sports : un vivier en voie de féminisation
La faible présence des femmes dans les échelons de responsabilité administrative, dans les postes d'inspection ou dans les fonctions de conseillers techniques placés auprès des fédérations est d'autant plus regrettable que, même si les hommes y restent encore majoritaires, l'on assiste depuis quelques années à un véritable mouvement de féminisation des éducateurs et des enseignants des sports. Cette féminisation touche les titulaires de diplômes délivrés par le ministère chargé des sports et les diplômés des filières universitaires « sciences et techniques des activités physiques et sportives » (STAPS).
a) Les brevets délivrés par le ministère des sports : une féminisation tirée par la dynamique des activités de gymnastique et le développement des fonctions d'animation
L'encadrement des activités physiques et sportives dispensées dans les clubs et les associations sportives est resté longtemps très masculinisé.
Dans un état publié en mai 2004, le ministère de la jeunesse et des sports indiquait ainsi qu'il avait délivré en dix ans près de 110 000 diplômes professionnels sportifs et que, dans ce total, les femmes étaient, à quelques exceptions près, très minoritaires.
Une féminisation de ces formations d'éducateurs s'est progressivement opérée sous l'impulsion du ministère, en partenariat avec les fédérations qui ont pris conscience des inconvénients d'un encadrement qui resterait trop exclusivement masculin.
Cette évolution a été favorisée par la dynamique des activités de la gymnastique et de la forme qui attirent un public essentiellement féminin, et qui ont fortement contribué à l'augmentation de l'effectif des brevets d'éducateurs et d'éducatrices sportifs (BEES).
Les données recensées dans les derniers rapports sur la féminisation du sport confirment que les femmes représentent aujourd'hui une proportion globalement minoritaire mais cependant significative des titulaires de brevets délivrés par le ministère.
La substitution progressive du brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BP JEPS), plus féminisé, au brevet d'État d'éducateur sportif du 1 er degré, devrait à l'avenir favoriser un meilleur accès des femmes à l'encadrement des activités sportives dans les clubs et les associations.
Le brevet d'État d'éducateur sportif, ou d'éducation sportive privilégie dans son approche une logique d'entraînement sportif et conserve un recrutement très masculinisé, davantage encore pour le brevet du second degré que pour celui du premier degré.
Brevet d'éducateur(trice) sportif(ve) (BESS) en 2009 |
||||
BEES |
Hommes |
Femmes |
Total |
Part des femmes |
BEES 1 er degré |
3 495 |
834 |
4 329 |
19,3 % |
BEES 2 e degré |
414 |
57 |
471 |
12,1 % |
Source : MEOS, ministère de la santé et des sports, 2010 |
La perspective du remplacement progressif du BEES du 1 er degré par le Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BP JEPS) s'est traduite sur la période récente, à la fois par une diminution du nombre de BEES délivrés, ramenés de 5 600 en 2007 à plus de 4 300 en 2009, et par une diminution concomitante de la proportion des femmes y accédant chaque année, passée de 24,6 % à 19,3 %.
La montée en puissance, sur la même période, du BP JEPS, qui s'inscrit davantage dans une perspective d'animation et de développement de la pratique du plus grand nombre, s'est accompagnée d'une forte progression des femmes, en termes absolus comme en termes relatifs.
Le nombre des femmes ayant accédé au BP JEPS « sport » est passé de 1 217 en 2007 à 2 116 en 2009, soit une augmentation de 74 % en deux ans, le nombre de BP JEPS « animation », délivrés à des femmes croissent, sur la même période, de plus de 40 %.
Comme le montre le rapport sur la féminisation du sport en 2009, la distribution par sexe est maintenant proche de la parité pour le BP JEPS « sport », avec 44,6 % de femmes, celles-ci étant en revanche nettement majoritaires dans le BP JEPS « animation ».
Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BP JEPS) en 2009 |
||||
BP JEPS |
Hommes |
Femmes |
Total |
Part des femmes |
BP JEPS « sport » |
2 628 |
2 116 |
4 744 |
44,6 % |
BP JEPS « animation » |
1 026 |
1 891 |
2 917 |
65 % |
Source : MEOS, ministère de la santé et des sports, 2010 |
Mais ces évolutions encourageantes restent fragiles, comme le montre l'exemple de la Fédération française d'éducation physique et de gymnastique volontaire. Comme le reconnaît sa présidente, au cours de son audition, les femmes constituent aujourd'hui la majorité de ses animateurs, mais la tendance est en train de s'inverser chez les formateurs où se jouent désormais, compte tenu des tensions actuelles du marché du travail, de nombreuses candidatures de jeunes hommes diplômés en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS).
b) Les diplômes des filières universitaires STAPS : une féminisation partielle
Les filières universitaires sciences et techniques des activités physiques et sportives délivrent des diplômes de niveau licence, master ou doctorat et ont vocation à former les professeurs d'éducation physique et sportive enseignant dans le cadre de l'éducation nationale, mais aussi des entraîneurs sportifs, des formateurs de formateurs et des chercheurs.
Les effectifs globaux de cette filière ont connu d'assez fortes variations au cours des dernières années : le nombre de diplômés a diminué d'un quart environ, passant de 8 835 en 2006 à 6 586 en 2009. Sur la même période, les effectifs des étudiants ont été ramenés de 36 600 à 32 200, soit une diminution de 12 %.
Mais ces fluctuations n'ont affecté que très marginalement la proportion des femmes parmi les étudiants et les diplômés de cette filière.
Comme le montrent les tableaux ci-dessous, les femmes représentent un petit tiers des étudiants inscrits en niveau licence et master (entre 31 et 34 % suivant les années) mais une proportion un peu plus importante des étudiants inscrits en doctorat (entre 34 et 37 %).
Evolution des effectifs en STAPS dans les universités françaises |
|||||||
Champ : France entière |
|||||||
Femmes |
Hommes |
Ensemble |
% Femmes |
% Hommes |
Ensemble |
||
Cursus licence |
2006 |
9 342 |
20 167 |
29 509 |
31,7% |
68,3% |
100% |
2007 |
8 248 |
17 253 |
25 501 |
32,3% |
67,7% |
100% |
|
2008 |
7 844 |
16 116 |
23 960 |
32,7% |
67,3% |
100% |
|
2009 |
8 000 |
17 454 |
25 454 |
31,4% |
68,6% |
100% |
|
Cursus master |
2006 |
2 107 |
4 501 |
6 608 |
31,9% |
68,1% |
100% |
2007 |
1 963 |
4 172 |
6 135 |
32,0% |
68,0% |
100% |
|
2008 |
1 790 |
3 791 |
5 581 |
32,1% |
67,9% |
100% |
|
2009 |
2 118 |
4 148 |
6 266 |
33,8% |
66,2% |
100% |
|
Cursus doctorat |
2006 |
184 |
340 |
524 |
35,1% |
64,9% |
100% |
2007 |
188 |
328 |
516 |
36,4% |
63,6% |
100% |
|
2008 |
183 |
350 |
533 |
34,3% |
65,7% |
100% |
|
2009 |
181 |
311 |
492 |
36,8% |
63,2% |
100% |
|
total |
2006 |
11 633 |
25 008 |
36 641 |
31,7% |
68,3% |
100% |
2009 |
10 299 |
21 913 |
32 212 |
32,0% |
68,0% |
100% |
|
Source : MESR-DGESIP-DGRI-SIES |
Elles sont, dans l'ensemble, plus nombreuses, en pourcentage, dans la population des diplômés, apportant un témoignage supplémentaire de l'assiduité et de la réussite des filles dans leurs études : entre 36 et 38 % pour les licences LMD, entre 36 et 48 % pour les licences professionnelles, entre 35 et 39 % pour les masters avec de plus fortes fluctuations pour les doctorats, dues à leur effectif limité (entre 30 et 44 %).
Evolution du nombre des diplômés en STAPS dans les universités françaises |
|||||||
Champ : France entière |
|||||||
Femmes |
Hommes |
Ensemble |
% Femmes |
% Hommes |
Ensemble |
||
Licences professionnelles |
2006 |
132 |
203 |
335 |
39,4% |
60,6% |
100% |
2007 |
125 |
217 |
342 |
36,5% |
63,5% |
100% |
|
2008 |
189 |
210 |
399 |
47,4% |
52,6% |
100% |
|
2009 |
239 |
256 |
495 |
48,3% |
51,7% |
100% |
|
Licences LMD |
2006 |
2710 |
4613 |
7323 |
37,0% |
63,0% |
100% |
2007 |
2379 |
4048 |
6427 |
37,0% |
63,0% |
100% |
|
2008 |
1975 |
3499 |
5474 |
36,1% |
63,9% |
100% |
|
2009 |
1789 |
2927 |
4716 |
37,9% |
62,1% |
100% |
|
Master |
2006 |
384 |
715 |
1099 |
34,9% |
65,1% |
100% |
2007 |
374 |
691 |
1065 |
35,1% |
64,9% |
100% |
|
2008 |
451 |
737 |
1188 |
38,0% |
62,0% |
100% |
|
2009 |
497 |
786 |
1283 |
38,7% |
61,3% |
100% |
|
Doctorats |
2006 |
28 |
50 |
78 |
35,9% |
64,1% |
100% |
2007 |
26 |
59 |
85 |
30,6% |
69,4% |
100% |
|
2008 |
34 |
43 |
77 |
44,2% |
55,8% |
100% |
|
2009 |
31 |
61 |
92 |
33,7% |
66,3% |
100% |
|
total |
2006 |
3254 |
5581 |
8835 |
36,8% |
63,2% |
100% |
2009 |
2556 |
4030 |
6586 |
38,8% |
61,2% |
100% |
|
Source : MESR-DGESIP-DGRI-SIES |
Ces données encourageantes confirment qu'aucune fatalité ne renvoie la parité dans le sport à un horizon inaccessible et lointain.
La délégation invite le ministère des sports à procéder à la recherche d'un véritable équilibre entre les hommes et les femmes responsables de l'encadrement administratif et de la mise en oeuvre des politiques sportives.