3. La dispersion des énergies
Mme Karine Claireaux, maire de Saint-Pierre, a estimé que le conseil territorial devrait se concentrer sur le développement économique de l'archipel et non traiter de questions telles que le déneigement, qui peuvent être confiées aux communes. Or, a-t-elle souligné, les enchevêtrements de compétences entraînent une grande complexité. Ainsi, sur 33 km de chaussée, Saint-Pierre-et-Miquelon compte à la fois des routes nationales (9 km), des routes territoriales, et des voies communales. De même, en matière d'eau et d'assainissement, les compétences sont partagées entre les communes et le conseil territorial.
Cette complexité a des répercussions sur l'attribution des financements de l'État dans le cadre de la politique contractuelle. En effet, Mme Karine Claireaux a expliqué que si les communes étaient consultées avant la définition du contrat de plan, leurs demandes étaient oubliées par l'Etat et la collectivité d'outre-mer au moment de la conclusion de cet accord. Elle a indiqué que le dernier contrat prévoyait ainsi un financement de 1,2 million d'euros pour l'entretien des routes à Saint-Pierre, alors que cette somme couvre seulement le montant annuel des travaux d'entretien.
M. Jean-François de Barba, représentant de la CGT, a déclaré que la situation de l'archipel reflétait une absence de vision globale de l'aménagement du territoire et une dissipation des énergies.
Mme Monique Walsh, alors présidente de la chambre d'agriculture, de commerce, d'industrie, de métiers et de l'artisanat (CACIMA) a déploré un manque de continuité dans les projets de développement, certaines initiatives prometteuses restant dépourvues de suites concrètes. Elle a ainsi évoqué un projet relatif à la mobilité des jeunes ultramarins, qui aurait permis d'accompagner des jeunes de l'archipel dans des formations au Canada, avant de les aider à mettre en oeuvre des projets à Saint-Pierre-et-Miquelon. Ce projet, qui devait être réalisé en 2010-2011, semble abandonné.
Mme Annick Girardin, députée, a également regretté un manque de continuité dans les projets de développement, citant l'exemple d'un hôtel construit à l'aide de dispositifs de défiscalisation, devenu aujourd'hui un centre social. Elle a souligné que l'organisation institutionnelle de l'archipel conduisait, en l'absence de cumul de plusieurs mandats par les mêmes personnes, à une multiplication des interlocuteurs et à des situations de conflit.
Cette dispersion des énergies apparaît également dans l'exercice des compétences. Ainsi, Saint-Pierre-et-Miquelon compte deux services de déneigement, celui du conseil territorial, qui fait appel aux services de la direction de l'équipement mis à sa disposition, et celui des communes. Il peut donc arriver, à Saint-Pierre, qu'un côté de la rue soit déneigé par un service et l'autre côté par un autre, selon une organisation qui ne favorise guère l'efficacité.