III. LA LUTTE CONTRE L'ORPAILLAGE CLANDESTIN

Observations de la mission

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Votre mission souligne que la lutte contre l'orpaillage clandestin constitue un préalable absolu à toute action organisée d'accompagnement de la filière aurifère, et donc du développement endogène de la Guyane. L'orpaillage illégal constitue un véritable cancer économique et social qu'il faut sinon éradiquer, du moins réduire (projet de SDOM).

Cette lutte est la condition d'une amélioration de la situation sécuritaire de la Guyane.

La lutte contre l'orpaillage clandestin ne peut se limiter à une action policière et militaire. Elle suppose une stratégie globale qui implique toutes les administrations concernées et donc une coordination interministérielle, vraisemblablement au niveau du Premier Ministre, et un suivi rigoureux et régulier. Les décisions prises sous cette autorité sont mises en oeuvre par le Préfet, échelon local de l'interministérialité. C'est l'une des conditions essentielles du succès.

A. ETAT DES LIEUX

1. L'or et la Guyane : une ressource indispensable pour le développement économique et social

L'histoire commune de la Guyane et de l'or est étroitement imbriquée. C'est en 1854 qu'est découverte la première pépite. De 1975 à 1995, l'actuel IRD (successeur de l'ORSTOM) et le BRGM établissent un indispensable inventaire minier et la cartographie géologique de la Guyane (carte au 1/50000 ème de 1989). 4 ( * )

Cet inventaire permet de répertorier les ressources minérales en or mais aussi dans les autres minerais (bauxite, plomb, zinc, argent, nickel, platine, cuivre, molybdène, titane, kaolin, diamant).

La Guyane recèle encore un potentiel aurifère important estimé à 120 tonnes en or primaire 5 ( * ) et encore 15 ou 20 ans de gisements alluvionnaires au rythme de son exploitation actuelle.

Les zones à potentiel aurifère s'inscrivent à l'intérieur de deux larges bandes qui traversent l'ensemble du département d'est en ouest, au nord entre Ouanary et Grand Santi et au sud entre Camopi (point de contrôle du 3 ème REI sur l'Oyapock) et Maripasoula (point de contrôle du 9 ème RIMA sur le fleuve Maroni).

Elles recouvrent très largement la délimitation du Parc naturel régional (PNRG) et celle du parc amazonien. Le PNRG, crée en 2001, a pour objectif le développement local et durable de son territoire en s'appuyant sur un développement économique, respectueux de l'environnement naturel et socio-culturel. Le parc amazonien, créé en 2007, couvre 3,3 millions d'hectares. Il a cette particularité d'être transfrontalier et forme avec le Brésil la plus grande zone de forêt tropicale protégée au monde (12 millions d'hectares).

La problématique de l'or en Guyane est donc ainsi très clairement posée : comment en permettre l'exploitation (de l'or comme des autres ressources minérales), condition du développement endogène du département, tout en protégeant le patrimoine de biodiversité que représente la forêt primaire amazonienne.


* 4 Un projet de cartographie transfrontalière avec le Brésil est en cours (rapport du BRGM de 2006)

* 5 L'or primaire, contenu dans les roches, est issu de l'activité tectonique et volcanique. Il se présente généralement sous forme de filons. L'or secondaire est issu de l'érosion des roches contenant l'or primaire et se retrouve dans les alluvions, les terrasses fluviales et les éluvions.

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