C. LES RÉSERVES DÉDIÉES À LA PROTECTION CIVILE ENCORE TROP EMBRYONNAIRES
La mission a constaté que les forces de protection civile ne bénéficiaient pas, à l'instar des forces armées, de réserves susceptibles de compléter leurs effectifs en cas de crise.
1. La faiblesse des réserves susceptibles de concourir à la protection civile
L'absence de renfort en matière de protection civile que la mission a constatée pour « l'après crise », est également vraie pendant le déroulement même des crises. Certes, le système des pompiers volontaires est, en lui-même, un dispositif proche des réserves. Les sapeurs-pompiers volontaires représentent en effet 79 % des effectifs des corps de sapeurs-pompiers.
Sans revenir sur les conclusions des très nombreux rapports élaborés après chaque catastrophe naturelle ou technologique dont les recommandations contribuent à améliorer le dispositif de prévention des risques, certains travaux « post crises » ont pointé, avec une particulière acuité, les insuffisances de l'actuelle organisation des secours.
Si, après la tempête de 1999, nombre de rapports ont rappelé l'importance de la mobilisation et l'efficacité des moyens d'intervention compte tenu de l'étendue de la catastrophe, ils ont aussi relevé un certain nombre de faiblesses préoccupantes en raison de l'accroissement des risques et de la vulnérabilité accrue des populations.
Alors que les intempéries sont intervenues dans un contexte de veille lié au passage à l'an 2000 et d'activité réduite, le rapport d'évaluation des dispositifs de secours et d'intervention mis en oeuvre à l'occasion des tempêtes des 26 et 28 décembre 1999 106 ( * ) a ainsi mis en lumière les limites de la mobilisation des moyens opérationnels en cas de crise majeure :« L'État, s'il n'y veille pas assez, risque d'être trop dégarni quant à ses capacités propres d'intervention ».
La situation depuis ne s'est guère améliorée. En effet, les moyens dont disposent encore, en propre, les pouvoirs publics ont été réduits : outre les difficultés de mobilisation de sapeurs-pompiers volontaires sur une longue période, les réformes engagées depuis plusieurs années tendent à réduire les effectifs militaires, le format des unités d'intervention de la sécurité civile et les réservistes susceptibles d'intervenir.
En comparaison avec l'Allemagne, la mission a été frappée par l'absence d'une grande force de protection des victimes des catastrophes naturelles. Il y a, en effet, en Allemagne 27 900 sapeurs-pompiers professionnels et 1 035 900 sapeurs-pompiers bénévoles. Mais ces effectifs sont complétés par l'Agence fédérale de secours technique (THW) qui compte environ 82 000 bénévoles répartis sur 669 unités locales.
Ces unités permettent de compléter les effectifs des pompiers, de maintenir une aide aux victimes et de réparer les dégâts dans la durée. Ainsi lors de la crue de l'Oder en 1997, 7 200 bénévoles appartenant à plus de 392 unités locales ont été déployés pendant 54 jours. Ce dispositif a d'ailleurs bénéficié à la France puisqu'au début de l'année 2000, plus de 1 500 bénévoles participèrent à la réparation des dégâts causés par les tempêtes hivernales dans le nord de la France.
Avec près de 2 000 personnes dans les réserves communales de sécurité civile, la France est très loin d'avoir cette capacité de mobilisation.
* 106 Rapport d'évaluation des dispositifs de secours et d'intervention mis en oeuvre à l'occasion des tempêtes des 26 et 28 décembre 1999 - rapport d'étape de la mission interministérielle présidée par M. Gilles Sanson.