C. UN PAYSAGE DES RÉSERVES PEU LISIBLE POUR LES CITOYENS ET LES EMPLOYEURS

Cette hétérogénéité peut surprendre. Elle s'explique, certes par l'histoire. Chaque réserve a développé son identité, sa culture propre et une image particulière.

Les réserves procèdent jusqu'à présent d'une vision exclusivement sectorielle de leur intervention, alors même qu'on pourrait penser que la gestion de crise grave nécessite de plus en plus la mise en commun de moyens multiples.

Faut-il pour autant penser avec le préfet Jean AMBROGGIANI, auteur d'un rapport sur l'effort de mise en cohérence des réserves civiles et militaires remis à Mme Bernadette MALGORN, Secrétaire général du ministère de l'intérieur, que « cet émiettement révèle un défaut de vision globale de la participation volontaire du citoyen à un effort national de défense et de sécurité. » et que « Cet agrégat inconstitué de réserves si différenciées en statuts, modes d'enrôlement, formation, rémunération, protection sociale et juridique, justifiés par les spécificités de chacune d'elles (missions, publics recrutés, technicité etc....), se révèle dans l'ensemble générateur d'une trop grande hétérogénéité » 92 ( * ) ?

La mission s'est interrogée sur les inconvénients de cette situation et sur les avantages qu'il y aurait à créer un corps unique de réservistes polyvalents.

Elle a constaté que les réservistes étaient autant, sinon plus, attirés par des métiers que par l'idée d'un volontariat en général. Les réservistes de l'armée, comme il a été souligné, viennent acquérir ou prolonger une expérience militaire. Dès lors, la bonne gestion des réservistes, une attention soutenue à leur recrutement, à leur discipline, au moral, à leurs attentes très diverses et à leur fidélisation relèvent d'une logique de métier. Il ne lui est pas paru, à ce stade de la réflexion, anormal que les réserves soient ainsi spécialisées.

Il lui semble en revanche plus contestable que de très nombreuses catégories de réservistes se superposent avec des statuts différents et cela pour plusieurs raisons.

Ces différences de statuts sont tout d'abord peu compréhensibles par le public susceptible d'être intéressé et les employeurs susceptibles d'être concernés 93 ( * ) .

Ces différences empêchent ensuite d'avoir une vision globale du dispositif et un cadre de référence et d'expression claire permettant de communiquer au grand public sur l'utilité des réserves.

La mission a été frappée de constater le peu de notoriété des réserves. Pour beaucoup de nos concitoyens, les réserves ont disparu avec la fin du service national. En définitive, peu de gens semblent en connaître l'existence. Comme l'a souligné M. Xavier GUILHOU, président du comité de liaison défense du Medef lors de son audition : « quand ils en connaissent l'existence, le sens et la vocation de ces réserves ne sont plus clairs dans l'esprit des Français en général et des chefs d'entreprise en particulier . »

L'hétérogénéité des différents dispositifs participe ainsi à une méconnaissance et un manque d'intérêt pour les réserves en général de la part du public alors que, dans le même temps, il existe chez nos concitoyens une disponibilité, une volonté de s'engager au service de la protection de la collectivité en cas de crise.

Il est enfin peu compréhensible pour les employeurs de penser que si un de leurs salariés est réserviste dans l'armée, il a droit à 5 jours par an, mais que si c'est dans la police c'est dix jours et que, dans les deux cas, les préavis pour le prévenir sont différents.


* 92 Effort de mise en cohérence des réserves civiles et militaires, rapport du Préfet Jean Ambroggiani remis à Mme Bernadette Malgorn, Secrétaire général du ministère de l'intérieur, 2009 (page 12).

* 93 Cf Pour plus de détails sur les différences statutaires entre les réserves, voir l'annexe 2, page 304, la comparaison des réserves civiles et militaires

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