b) La baisse du fret ferroviaire tant en valeur absolue que relative

Le fret ferroviaire ne représente que 10 % des marchandises transportées en France . Sur un total de 383,5 milliards de tonnes-kilomètres de marchandises transportées en 2008 en France tous modes de transports intérieurs confondus, seulement 40 milliards le sont par voie ferroviaire. Autrement dit, seule une marchandise sur dix est transportée par le fer, contre plus de huit sur 10 par la route.

Transports intérieurs terrestres de marchandises par mode
(tous pavillons sur territoire français)

Source : Gouvernement (SOeS, rapport CCTN juin 2009)

Cette situation n'est pas nouvelle car l'on constate un net affaiblissement du transport ferroviaire depuis plus de trente ans . En 1950, le fer assurait le transport des deux tiers des marchandises en France 4 ( * ) . Mais la fin des « trente glorieuses » a provoqué une baisse quasi ininterrompue du trafic de fret ferroviaire. Ainsi, entre 1970 et 1980, la part du fer pour le trafic de marchandises dans l'Europe des 15 est passée d'un tiers à un quart. Les trois décennies suivantes ont vu la poursuite de cette tendance baissière, si bien qu'en 2010, il circulait deux fois moins de trains de fret qu'en 2000. Si l'on observe plus précisément l'évolution du fret en millions de trains-kilomètres , on est passé d'un volume de 148,5 millions en 2002 à 82,9 millions en 2009, autrement dit le trafic de fret a été quasiment divisé par deux en moins d'une décennie 5 ( * ) .

Les parts de marché du transport de marchandises dans l'Europe des 15

Source : rapport « Les réformes ferroviaires européennes : à la recherche des bonnes pratiques », du Professeur Yves Crozet, Institut de l'entreprise, 2004, p. 19.

Au total, la France subit actuellement les effets conjugués de la crise économique, qui a, comme ailleurs en Europe, amputé de 25 % environ les trafics ferroviaires de fret, et de la réforme retardée du fret ferroviaire en France, qui a conduit à une baisse continue des volumes transportées depuis trente-cinq ans.

c) Une situation plus dramatique que celle rencontrée ailleurs en Europe

Si l'on observe les deux dernières décennies, force est de constater que le fret ferroviaire résiste moins bien en France que chez certains de ses voisins . En Allemagne, le fret ferroviaire atteignait déjà 70 milliards de tonnes-kilomètres au début des années 2000, et il a caracolé aux alentours de 110 milliards en 2008, soit une hausse de 50 % environ 6 ( * ) . Par comparaison, le trafic fret de la SNCF est passé de 48,1 milliards de tonnes-kilomètres transportées en 2003 à 26,5 en 2009. Même en tenant compte des parts de marché des entreprises concurrentes de la SNCF, il s'avère que le trafic de fret français, à peu près équivalent à celui allemand durant les années 1990, est désormais quatre fois plus faible qu'outre-Rhin. En Suisse, le trafic de marchandises transportées par voie ferroviaire a enregistré une croissance d'un tiers entre 1990 et 2007, passant de 53,2 millions de tonnes marchandises à 71,14 millions 7 ( * ) . Enfin, en Grande-Bretagne, selon les chiffres fournis par l'Union Internationale des Chemins de fer (UIC), le fret a cru de 11 % depuis 2002. D'ailleurs, votre commission de l'économie a souvent eu l'occasion de regretter la préférence accordée par les conseils régionaux aux TER au détriment des trains de fret qui manquent souvent de sillons disponibles.


* 4 Cf. le rapport « Les réformes ferroviaires européennes : à la recherche de bonnes pratiques », Yves Crozet, Institut de l'entreprise, 2004, p. 21.

* 5 Chiffres fournis par RFF.

* 6 Cf. « La contribution du fret ferroviaire à la mobilité des marchandises en France et en Europe » , Club parlementaire Hermès sur la mobilité et le transport durable, compte-rendu n° 2, mercredi 10 février 2010, p. 1.

* 7 http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/11/07/02/blank/03/02.Document.64946.xls

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